dimanche 16 octobre 2011

Débat : L'Orient a-t-il connu d'autres "Renaissances" ?

Cet après-midi a eu lieu un débat fort intéressant dans la salle de conférences du Château de Blois, e tquoi de mieux comme lieu que ce grand château de la Renaissance française pour se demander si l'Orient a connu différentes Renaissances.
Les 6 intervenants invités par le CESR (Centre d'Etudes Supérieures de la Renaissance) de Tours, Florence Alazard, maître de conférences au CESR, PatrickBoucheron, maître de conférences habilité à l’université de Paris I, Pascal Brioist, professeur au CESR, Bernard Heyberger, professeur à l’université François-Rabelais de Tours, Jean-Michel Sallmann, professeur à l’université de Paris VIII, et Sanjay Subramahnyam, professeur et titulaire de la Chaire d’histoire indienne de l’université de Californie de Los Angeles, répondirent àcette question en faisant une critique du livre de Jack Goody paru en 2010 Renaissances.
Tous eurent plus ou moins la même réaction à la lecture de cet ouvrage de l'anthropologue anglais, réaction que j'expliquerai plus tard dans l'article en retraçant les interventions des uns et des autres.
Florence Alazard s'exprima la première sur le livre. Elle l'expliqua dans les grandes lignes en parlant des différentes argumentations de Goody pour penser la Renaissance,argumentations qui sont les suivantes : une première décrivant la Renaissance comme réaffirmation d'un sombre Moyen Age, il parle de discontinuité. Ensuite Goody envisage le monde musulman comme producteur et diffuseur de la Renaissance. La troisième argumentation rend la Renaissance comme un événement banal. Et enfin la Renaissance supposant une forme de sécularisation de lasociété.
Vient ensuite le tour de Sanjay Subrahmanyam, il commença sa critique du livre en annonçant qu'il est plus avantageux pour un historien de lire des ouvrages dont on est idéologiquement opposé. Il entama ensuite une descente en flamme de l'œuvre de Goody en le qualifiant de « n'importe quoi » tout d'abord. Il nous fit connaître la manière dont travaille l'auteur, il prit l'exemple d'un auteur présent dans Renaissances qui travaille pour l'anthropologue anglais cinq jours par semaine, qui fait en quelque sorte tout son travail, c'est en effet en un sens le nègre de Goody.
L'historien indien nous raconta ensuite qu'il était, je cite, « sidéré » du chapitre sur l'Inde. Son expérience du système anglais nous a permis de comprendre que les anglais faisaient preuve d'une suffisance certaine car ils ne s'intéressent pas aux sources non-anglophones, ce qui met déjà en évidence les limites du travail de Goody. C'est par un flot d'applaudissements que l'intervention de Monsieur Subrahmanyam se termina.
Jean-Michel Salmann commença par dire qu'il était « stupéfait d'un point de vu idéologique » et que ce livre était tout simplement une caricature. Il déclara à la fin de son intervention que ce livre n'était qu'une suite de fiches de lectures.
Bernard Heyberger fut, lui,ennuyé par le livre, il trouve que ce n'est qu'une compilation de compilation.
« Un chœur justement hostile», voilà ce qui entama la critique de Patrick Boucheron trouvant que ce livre n'apprenait rien, et se demandant même s'il permettait de comprendre quelque chose !
Pascal Brioist prit en exemple le cas de la Chine, et descendit aussi le livre par rapport au chapitre sur les renaissances chinoises. Il nous raconta qu'il avait eu le réflexe d'aller voir la page Wikipedia de la Chine, et le résultat fut frappant : l'article Wikipedia est plus complet que le chapitre de ce livre, ce qui démontre une nouvelle fois la teneur scientifique du livre... Et conclut en décrivant le livre comme un travail de seconde main.


Le voile des femmes : Notre orient en question

Intervenants : Jocelyne Dakhlia (directrice d’études à l’EHESS), Frédéric Lagrange (maitre de conférences à l’université de Paris IV), Sophie Lalanne (maitre de conférences à l’université de Paris I) , Siobhan Mc Ilvanney (Senior Lecturer au King’s College de Londres), Florence Rochefort (directrice de recherche au CNRS), Christelle Taraud (professeure à l’université de New York et à l’université de Columbia de Paris).


« Le voile des femmes est associé à l’Islam dans la France contemporaine. Cette table ronde rassemble des spécialistes des différentes périodes pour examiner comment s’est élaborée historiquement en France, une vision spécifique de la femme voilée »




Présentation historique dans l’Antiquité : Le citoyen grec porte une pièce de tissu drapé qui symbolise l’honorabilité. Le drap relevé sur la tête est un signe d’austérité en cas de deuil par exemple. Se couvrir la tête concerne les femmes d’un certain statut social, pour montrer leur respectabilité, leur honorabilité contrairement à celles issues des milieux populaires, ruraux ou prostituées. Au 1er siècle après J-C dans son épitre au corinthiens St Paul justifie le port du voile pour les femmes, il montre leur obéissance à l’homme et donc à Dieu.
Chez les Celtes le voile est considéré comme un ornement.


Historiquement le voile dans les cultures arabo-musulmanes permet de séparer les sexes, de protéger sa virginité, et de se dérober au regard des hommes comme l’indique un verset du Coran (« Prophète, dis à tes épouses, à tes filles, aux femmes des croyants de revêtir leurs mantes : sûr moyen d'être reconnues (pour des dames) et d'échapper à toute offense - Dieu est Toute indulgence, Miséricordieux ») Le port du voile distingue la femme libre (hurra), des femmes de condition inférieure. Dans l’empire Ottoman, le voile séparait le souverain du peuple, le sacré du profane.


Avant le XIXème siècle le clivage entre les deux religions musulmane et chrétienne se fondait surtout sur la polygamie et non sur le voile. A partir du XIXème siècle, le voile devient un critère fort de différentiation surtout face au colonialisme ou s’occidentaliser c’est se dévoiler. En effet on constate une revendication identitaire. La femme voilée est donc la garante des valeurs.


Historiquement le voile était plutôt porté dans les villes ou à cause de l’anonymat il faut séparer hommes-femmes de façon visible. Avec la colonisation (conquête d’Alger en 1962) le voile dans les tableaux ou les photographies est pour les occidentaux un artifice de la femme perçu sur un mode de sexualisation et renvoie à un imaginaire de la sexualité cachée, le voile est fétichisé et annonce l’inéluctabilité de la nudité. Le voile est aussi perçu comme émancipation dans la mesure ou il permet aux femmes de sortir de leurs maisons, ce qui amène un questionnement sur leur compatibilité avec la modernité.


Jusqu'au début du XXème siècle, sortir en cheveux en France est inconcevable, se couvrir la tête renvoie à une catégorie sociale et permet de distinguer la sphère publique de la sphère privée. Après la séparation de l’église et de l’Etat en 1905 et Vatican II , le voile n’a plus la même importance. Il est perçu comme un signe d’appartenance religieuse et représente donc une intrusion dans la sphère publique, ce qui peut expliquer le rejet en France.


En Tunisie le président Bourguiba demande aux femmes de ne plus porter le voile pour s’émanciper, pour représenter la progression sociale. Le modèle occidental entre aussi en conflit avec la quête identitaire de certains qui prônent le voile. Il est perçu comme une régression des droits des femmes (En Iran par exemple ou la Charia l’impose).



-Comment expliquez-vous le fait qu'il y ait beaucoup plus de femmes voilées aujourd'hui en Turquie et en Tunisie qu'auparavant?


Le mouvement du voile en Turquie a commencé avant la France, c'est un mouvement de fond. Alors est- ce qu'il faut le lier à l'évolution des tensions avec l'OTAN, la communauté iranienne? Par exemple, en 1989: il y a la guerre du golf et toutes ces tensions font que le voile devient un marqueur de différence. En effet, les laïques occidentaux ont souvent imposé leurs idées de manière autoritaire en forçant les femmes à ôter leurs voiles et il y a eu très clairement un retour du bâton face à cette modernité imposée de manière un peu accélérée. Pour ce qui est du voile du Caire, il me semble qu'on peut et on a raison de voir l'arrivée de l'Islam politique à la fin des années 70, et ceci a pour conséquence immédiate un « re-voilement » des femmes, qui se fait aussi rapidement dans le cadre égyptien que le dévoilement s’était fait dans les années 30. Mais ce que cache cette analyse, qui n'est pas fausse, c'est que le voile permet également l'accession à la mixité d'un ensemble de catégories sociales qui en étaient auparavant privées et permet aussi aux jeunes femmes et jeunes hommes de se fréquenter ; ce qui ne pouvait exister à cet âge d'or des années 60 où les femmes n'étaient pas voilées. les représentations de la culture populaire de type cinéma ne montreront jamais une femme voilée puisqu'il s'agit de diffuser un modèle. Cependant la jeune fille non voilée va peut- être à l'université et ne se «cache» plus en public, mais cette dernière ne parle jamais à un garçon, tandis que la femme portant le voile peut désormais s'afficher en couple sur les bords du Nil par exemple. Tout un ensemble de catégories sociales qui n'avaient pas accès à la mixité y ont accédé en payant une dîme que l'on peut estimer trop lourde selon son point de vue. Mais il faut garder en mémoire, que cela a été la possibilité d'une rencontre des sexes dans l'espace public et un accès au monde du travail également.



-Vous disiez tout à l'heure qu'en Angleterre la question du voile n'était que peu évoquée, mais aujourd'hui après les attentats de Londres, est- ce qu'il y a eu un changement d'opinion?


A Londres il y a beaucoup de femmes voilées, mais les Anglais ne se sentent vraiment pas concernés par les signes visibles de la différence surtout les signes vestimentaires. C'est comme si notre sens de l'unité nationale ne se sentait nullement menacé par ces signes. On est plutôt pour la tolérance, l'ouverture, et pour nous anglais, c'est quand même frappant que les Français se sentent menacés par le voile. Pour nous, ça n'a jamais été un grand souci et ça n'a pas changé depuis les attentats.



Est- ce qu'il n'est pas possible de penser que la gêne française, ou autres que française, vis à vis du voile, outre les raisons historiques, est dû au fait que ce vêtement signifie une adhésion religieuse ou une revendication à une appartenance communautaire ou à une position politique ? Cette gêne ne peut-elle aussi s’expliquer par le fait que cette pièce de vêtement sexualise toute rencontre, et met au cœur de la rencontre la question du désir, alors que les sujets ne veulent peut- être pas que cette question du désir soit en permanence présent entre les hommes et les femmes ?


Les intervenants n'ont pas souhaité répondre!!!




M.J











Café littéraire : Presse et caricature à l’aube de l’ère médiatique.


C’est à quelques encablures du salon du livre que nous avons pu suivre cette conférence sur la presse et la caricature au XIXe et XXe siècles à l’occasion d’un café littéraire commentée par Fabrice Erre et Dominique Kalifa.

Bien que l’essentiel du travail sur histoire de la presse ait été fait dans les années 1960 Dominique Kalifa rappel que la multiplication des organes de presse se fit à partir de 1830, évoquant l’œuvre au titre évocateur d’Alain Vaillant et Marie-Eve Thérenty 1836 : L’an I de l’ ère médiatique. Avec la hausse de l’alphabétisation, la baisse du prix des journaux et l’amélioration des systèmes de diffusion il n’y a pas encore de culture de masse mais l’offre journalistique va susciter la demande dès la fin du XIXe.

Au début du XXe siècle commence l’ère économique de la presse. L'essentiel pour les investisseurs venus des secteurs extérieurs va devenir la vente et les recettes. On parle désormais d’une ère de marchandisation de la culture. Cependant M.Kalifa insiste sur le fait que cette profusion des journaux est un symbole de la bonne santé de la société bien qu’il y ait logiquement plus de propos creux au sein de ceux ci. De plus pour l’historien l’utilisation d’internet permet de résoudre les lacunes de la presse actuelle.

Dans un second temps de la conférence c’est Fabrice Erre qui s’exprima sur les relations entre caricatures et pouvoir politique s’appuyant sur son ouvrage Le règne de la poire, dont la couverture représente le visage du roi Louis Philippe sous forme de poire et renvoyant à l’imaginaire du bouffis et du gros aristocrate. Grâce à l’étude de la satire on peut voir à quel point la presse pouvait s’exprimer au cours du XIXe. M. Erre présente la caricature comme une représentation réaliste qui sensibilise sur le vrai évacuant de plus en plus l’importance de l’esthétisme basée sur les faux semblants de la génération romantique. L’image de la poire devient un symbole à part entière et bien qu’étant identifié à l’esprit français celle ci va dépasser les frontières et se retrouver en Australie ou en Russie.

Enfin l’historien et dessinateur conclu sur le fait que la caricature est avant tout un outils de démocratie qui s’inclue dans la lignée de l’écriture pamphlétaire et de la tradition de la liberté de la presse si importante depuis la Révolution.

M.V

Côté ciné: Les enfants du soleil.

Ce matin, le cinéma Les Lobis projetait Les enfants du soleil, un documentaire de Ran Tal.

Un critique de cinéma, accompagné du réalisateur, nous a présenté brièvement Ran Tal et l'importance des films israéliens dans le monde du cinéma.
C'est un documentaire réalisé par Ran Tal en 2007. Il est entièrement composé d'images d'archives et de petits films amateurs accompagnés d'une voix off qui relate leur histoire. Cette œuvre cinématographique retrace l'évolution du kibboutz israélien depuis ses origines jusqu'au déclin de l'utopie socialiste et sioniste.
Le film partage avec ses spectateurs l'enfance des petits Israéliens dans les kibboutz des années Trente. Tour à tour, les images nous présentent leur mode de vie entièrement collectif. Il a un impact considérable sur leur vie psychique car les habitants du kibboutz se considèrent comme l'élite représentant l'homme nouveau. Ces communautés sont l'emblème de l'utopie sioniste.La première partie du film raconte l'histoire des nourrissons jusqu'à leur vie de jeune adulte. Dès leur naissance, les enfants sont confiés à des nourrices dans les pouponnières. Ils sont élevés collectivement. Il n'y a donc pas de statut individuel car l'identité c'est le groupe. Le mot "je" leur est complètement étranger. C'est avec tendresse que nous avons découvert l'enfance de ces enfants. D'après les témoignages, ils se sentaient libres et heureux, la vie du kibboutz leur suffisait. Ils étaient entièrement coupés du monde. Ils vivaient du travail, ne rien faire leur était inconnu.Mais les souvenirs ne sont pas tous aussi plaisants. Les relations stériles entre les parents et les enfants étaient dures à supporter. Ils ressentirons d'ailleurs ces sentiments en sens inverse une fois devenu à leur tour parents. C'est, entre autre, ces nouvelles conceptions qui vont changer le mode de vie des kibboutz et provoqué son déclin progressif. La vie en collectivité atteignait aussi parfois ses limites.
En grandissant, cette nouvelle génération prend peu à peu conscience de leur réalité dans le monde. Enfants, ils ne se rendaient pas compte des valeurs utopiques que les adultes leurs enseignaient. L'ensemble communautaire des kibboutz se délite.


C'est un très beau documentaire à la fois touchant et intéressant. Les témoignages, racontés avec du recul, rendent vivant et plus réel le film. Les images, absolument touchantes, sont vraiment représentatives de la vie communautaire des kibboutz.
Morgane Guénard.

Les peintures orientalistes au XIX e Siècle




Le but de cette atelier est de donner au enseignants d’histoire, d’histoire de l’art, de français des pistes documentaires sur Internet afin d’accéder à des bases de donnés très riches en informations sur l’histoire de l’art, la presse, cartes…etc.



Daniel Letouzey a crée un site « clioweb », (http://clioweb.free.fr/) avec plusieurs liens dont un en histoire de l’art qui permet d’accéder a la rubrique « l’orient, source d’inspiration »



Nous avons pu utiliser les ordinateurs mis à notre disposition pour naviguer sur les sites ou sont présentés les peintres orientalistes du XIXème. Delacroix, Ingres, Gérôme, …etc avec des analyses de l’image et du contexte historique. Ainsi tout le bassin méditerranéen, la Turquie, l’Egypte, le Maroc sont perçus par ces différents peintres.



Les peintres le représentent à travers le philtre de leur culture gréco-latine et projettent leur imaginaire comme le montre Ingres dans le tableau « le bassin turc » et Delacroix dans « La mort de Sardanapale » ou Gérôme dans « Femmes fellahs puisant de l’eau ».






Notre conférencier nous a fait remarquer qu’a partir de 1870 la peinture orientale est moins à la mode alors que le Moyen Orient est occupé militairement.


Interview de Daniel Letouzey

Dans quelle revue Historiens & Géographes écrivez vous?

Dans la revue de l'APHG, l'association des professeurs d'Histoire et Géographie. Dans cette revue, le temps de deux septennats, j'ai rédigé une Chronique-internet, qui s'efforce d'assurer une veille documentaire mutualisteet de suivre les débats qui portent sur les usages sociaux du web.http://aphgcaen.free.fr/chronique.htm .

A quel titre participez-vous aux RDV ?

En fonction de plusieurs casquettes.D'abord, en compagnie de plusieurs collègues (G Colotte, C Léon, N Smaghue,Y Chanoir), je participe depuis l'origine des RDV à l'animation d'ateliers multimedia mis en place par la Commission numérique de l'APHG. Ces ateliers ont eu d'abord lieu à l'IUT, avant de passer à l'Ecole d'ingénieurs, puis cette année au Lycée Dessaignes. Le plus souvent, les sujets sont en lien avec le thème du festival, mais ils peuvent aussi être liés plus spécifiquement à une partie d'un programme de lycée ou de collège, sans lien avec le thème de l'année. Cette année, à titre personnel j'ai répondu à l'invitation de la SHMC et participé à une table ronde sur "Ecrire et enseigner l'histoire à l'èrenumérique : quels changements ?". En marge du salon du livre, j'ai proposé un choix de sites web sur l'histoire des femmes, les Européens, la justice.http://clioweb.free.fr/blois/rvh2011.htm .

Depuis combien d'années participer vous au RDV?

J'ai eu le plaisir de participer à tous les RDV depuis le début, en 1998. Cela impliquait l'accord de mon proviseur pour déplacer les cours qui avaient lieu le vendredi.

Quelle importance représente pour vous les RDV ?

L'élement central est humain : rencontrer Lucie Aubrac laisse un souvenir exceptionnel. Les tables rondes et salon du livre sont l'occasion d'écouter et de débattreavec ceux qui étudient et écrivent l'histoire. Les thèmes retenus par le conseil scientifique permettent d'élargir le regard habituel de l'histoire scolaire. Les RDV sont aussi source de frustration : l'offre est très riche, et les lieux parfois distants les uns des autres, même dans une ville moyenne.Il faut donc choisir, et éliminer.Heureusement, depuis 2003, des enregistrements vidéo sont mis en ligne.C'est très utile pour ceux qui habitent trop loin, et pour tous ceux qui n'ont pas la patience de faire la queue.

Quelle place l'Orient tient il dans le programme scolaire?

Très peu de place dans les programmes de lycée ;dans la nouvelle mouture, le XIXe est coupé en deux, la première partie étudiée en fin de seconde, la deuxième toute juste entrevue en début de classe de première. L'histoire de la peinture a aussi peu de place. Il faut donc contourner l'obstacle, par exemple en étudiant la luttedes Grecs pour leur indépendance, ou en se servant de l'incitation à développer l'histoire des arts (qui ne serésume pas à l'histoire de la peinture).

Pour vous que signifie l'Orient ?

La priorité des ateliers n'est pas de dire la vérité sur l'Orient,mais de suggérer des pistes à explorer et des sources à exploiter. http://clioweb.canalblog.com/archives/2011/10/12/22318453.html - L'Orient, c'est une géographie à géométrie très variable. Au départ, le terme désigne la Méditerranée orientale (cf le voyage àJérusalem pour les écrivains) ; une première extension concerne l'Egypte (egyptologie et egyptomanie), une seconde la Grèce (cf les tableaux de Delacroix). Le voyage de Delacroix au Maroc, à Alger et en Andalousie élargit l'Orientà cette autre partie de la Méditerrannée. - C'est une source d'inspiration considérable pour un grand nombre de peintres au XIXe.L'orientalisme en Europe de Delacroix à Matisse - (ou de Delacroix àKandinsky). L'exposition a eu lieu à Marseille, cet été, après une présentation à Bruxelles et à Munich (avec site web).Delacroix était au cœur de deux expositions antérieures à l'Institut duMonde arabe :Delacroix, Le voyage au Maroc (1994) - De Delacroix à Renoir. L'Algérie des peintres (2003). Pour la classe, l'accès aux expositions et aux musées est trop souvent impossible. Il faut donc travailler à partir de reproductions, dans des catalogues oudes ouvrages d'art ou à partir des sites web spécialisés.Prenons l'exemple d'Eugène Delacroix." Femmes d'Alger dans leur appartement ", un de ses chefs d'œuvre a été présenté au Salon de 1834. Le site L'histoire par l'image analyse le tableau, rappelle le contexte et propose une interprétation. Les mots clés suggérés sont à exploiter (orientalisme, exotisme, histoire coloniale,Algérie, Sahara, désert). Le voyage au Maroc (la mission du comte de Mornay,peu après la prise d'Alger) a servi de source durable d'inspiration pour lepeintre... D'autres sources donnent accès à l'œuvre de Delacroix : The Web Gallery ofArt, Le Louvre (Delacroix, la fureur de peindre), Wikipedia (français etanglais) et Wikimedia Commons. L'Orient, c'est aussi l'engagement du peintre en faveur des patriotes grecs en lutte contre les Ottomans (Scène desmassacres de Scio et La Grèce expirant sur les ruines de Missolonghi). C'est également La Mort de Sardanapale, le tyran oriental légendaire, un tableau qui illustre les relations entre littérature et peinture : la source est un texte du poète Byron, mort en 1824 à Missolonghi. L'œuvre de Delacroix a influencé les peintres modernes. Renoir a réalisé unecopie de Noce juive. En 1955, Picasso a exécuté quinze peintures et de nombreux dessins préparatoires d'après Femmes d'Alger (cf. la présentationau Louvre, en liaison avec l'exposition Picasso et les Maîtres, en 2008). - C'est aussi le regard que des Européens formés à l'étude de l'antiquité gréco-romaine portent sur d'autres mondes,un regard qui hésite entre les fantasmes romantiques et une réalité d'avantage observée après 1850. Ce regard est concomitant de la naissance d'une vision raciste ;il accompagne les conquêtes militaires qui amorcent la formationdes empires coloniaux (cf Alger et l'Algérie).


M.J

Cuisine : ce que l'on doit à l'Orient.


Lewis John Frederick, Le repas de midi au Caire
1875


Samedi 15 octobre, 16h15. La file d'attente est longue pour cette conférence, carte blanche à l'Institut Européen d'Histoire et des cultures de l'Alimentation (IEHCA) et à la revue Hommes et Migrations. Après une installation rapide, la table ronde débute, sous la direction de Jean-Pierre Williot, professeur à l'université de Tours. Jane Cobbi (anthropologue et chargée de recherche au CNRS) nous parlera du Japon, Brigitte Sébastia (anthropologue à l'institut français de Pondichéry), de l'Inde, et Rami Zurayk (professeur à la faculté d'Agronomie de l'université de Beyrouth), du Liban.

Lors de la préparation de cette table ronde, différentes approches ont été envisagées : celle de la circulation des épices et la multitude d'enjeux éco-géopolitiques qui en découlent, celle de la découverte et de l'intégration des produits orientaux à la culture occidentale. C'est finalement l'approche de la diffusion des modèles culinaires qui est choisie. En effet, depuis quelques années, la cuisine ethnique est partie à la conquête de nos assiettes, et de nos rues. Comment ce patrimoine immatériel a-t-il pu arriver jusqu'à nous ? C'est à cette question que vont répondre, brillamment, les intervenants.


La transmission culturelle se fait en grande partie par les immigrants. A leur arrivée en France, les Tamouls du Sri Lanka ouvrent de petites épiceries de produits indiens. Dans les années 1990, les produits dits « ethniques » deviennent à la mode. Les épiceries, jusqu'ici surtout fréquentées par la communauté indienne, s'ouvrent au reste de la population. La mécanique est la même pour les cuisines maghrébines et proches-orientales. Peu à peu, ces cultures s'intègrent à la restauration et la cuisine de rue.

La cuisine japonaise est une exception. Très à la mode aujourd'hui, elle fut longtemps marginalisée, provoquant le dégoût des palais français. Fascinés par la gastronomie hexagonale, les Japonais invitent chez eux de nombreux cuisiniers tels que Paul Bocuse et Alain Ducasse. Ceux-ci découvrent alors une cuisine précise, codifiée, et une multitude d'instruments (les fameuses batteries de couteaux japonais), et les importent en France.

Cependant, cet apport de techniques se fait avec une certaine simplification. Par exemple, le Sashimi, vu en France comme une recette de poisson, est en réalité une technique de découpage précise, utilisée pour le poisson, mais aussi la viande et les légumes.


La question qui se pose est alors la suivante : voyage-t-on réellement en dînant dans un restaurant ethnique ? La réponse est décevante. En effet, les restaurants exotiques s'adaptent à la culture réceptrice, et utilisent images et clichés, afin d'inviter au rêve mais surtout à la consommation.

Par exemple, les restaurants libanais servent en réalité le résultat d'un brassage culinaire entre Liban, Turquie et Syrie, adapté aux goûts occidentaux. Les spécificités locales sont passées sous silence : comme en France, la cuisine du Nord et du Sud de l'Inde sont très différentes, mais rien ne les distingue dans les restaurants indiens. Enfin, un produit comme le sushi, très à la mode, n'est en réalité pas représentatif de la gastronomie nippone, et pourtant, c'est le premier plat qui nous vient à l'esprit lorsque l'on nous parle cuisine japonaise.

Ainsi, en dînant dans un restaurant exotique, c'est une image commerciale, « occidento-centrée », que l'on consomme. Un voyage peut être, mais toujours à l'européenne.


30 ans de politique arabe de la france , Hubert Védrine


(Hubert Védrine à droite sur la première photographie , Pierre
Nora au centre de la deuxième photographie)

Cette conférence s'est ouverte à 11h le samedi à la maison de la Magie . Dehors il y a foule , le gérant de la sécurité nous confie qu’au moins deux cent personnes n’ont aucune chance de rentrer . Cette conférence est donc très attendue puisque c’est Hubert Védrine , homme politique , socialiste qui a entre autres expériences été ministre des affaires étrangères ( 1997 à 2002) qui va intervenir .

C'est avec beaucoup d'humour que cet éminent spécialiste en politique a ouvert cette fin de matinée . Il apparaît d’emblée que c’est un très bon orateur qui émet un discours clair , fluide et relativement accessible excepté pour quelques évènements politiques pointus. Dans la salle tout le monde écoute attentivement, on peut apercevoir au premier rang quelques personnalités dont Pierre Nora président du festival de cette année.


chronologie de 30 ans de politiques arabes de la France

Il entame sa chronologie par la France des années 60 qui ne traite qu’avec Israël (en autre pour son pétrole). La France n’avait pas de relation très développée avec les pays arabes à cette époque . Le terme de politique arabe ne naît vraiment qu’avec le général de Gaulle qui est à l'initiative de l’ouverture vers cette politique lors de sa prise de position pendant une conférence de presse en mars 1967. La vente d’armes françaises à la Libye est l’une des premières actions vivement critiquée en interne par les socialistes et en externe par les américains furieux que la France ne s’aligne pas sur leur politique et traite avec un pays vu comme extrémiste.

Il aborde ensuite le gouvernement Giscard d’Estaing qui avec ses deux premiers ministres consécutifs (dont Jacques Chirac ) noue des liens économiques et de très gros contrats de construction comme en Irak. Il rappelle qu’à cette époque des despotes comme Saddam Hussein étaient considérés comme des modernistes et avaient quelque chose « d’attirant » ils n’étaient pas encore perçus de la façon dont ils l’ont été plus tard . Il termine cette période en rappelant qu’elle voit émerger la question de la Palestine.

L’heure tourne il continue avec le gouvernement de François Mitterrand, ce dernier bien que socialiste ne sera pas du tout fermé à la politique arabe mise en place par la droite. Bien au contraire il assume l'héritage mais le modifie à sa façon. Ce fut le premier homme politique important à prononcer le nom d'Etat pour la Palestine lors de son discours de mars 1982. Hubert Védrine insiste sur la lenteur qu’il a ensuite fallu à l’Europe pour accepter l’idée (en 1998 soit 17 ans plus tard) . A cette période la guerre Iran Irak éclate et la France qui avait développé de gros contrats de constructions sous la présidence de Giscard D’Estaing ne sait plus trop si elle doit les honorer ou couper toute relation. Il est également à l’initiative d’une politique pédagogique auprès des français pour faire valider sa politique étrangère arabe.

Vient ensuite le président Jacques Chirac , Hubert Védrine déclare qu’il ne s’engage pas plus que Mitterrand mais il souligne que son côté sympathique , amical lui attire une certaine côte de popularité . La période abordée est celle où Hubert Védrine est ministre des affaires étrangères( recommandé par Lionel Jospin à Jacques Chirac ) , son discours ici est donc plus personnel puisqu’il jouait un rôle actif au gouvernement.. Il évoque son propre travail , une politique arabe de cas par cas (pays par pays ) , il insiste sur ce fait . Le deuxième mandat de Jacques Chirac est très vite abordé , il le dépeint comme « le champion du monde de l’amitié bilatérale » et ajoute que sa politique à été de moins active que lors de son mandat précédant.

La fin de la conférence est inscrite dans l’actualité plus récente de ces cinq dernières années , on aborde le gouvernement Sarkozy .

Ce dernier a fait sa campagne sur la rupture mais est obligé de conserver l'héritage des anciens gouvernements en ce qui concerne la politique arabe de la France. Nicolas Sarkozy a cherché au début de son mandat à s'aligner sur la politique des américains (époque Georges Bush) qui était de ne pas reconnaitre l’existence d’un Etat palestinien. Cette prise de position engendre de mauvaises relations avec les dirigeants arabes. Par la suite Nicolas Sarkozy n’entretient pas de bonnes relations avec Barack Obama et se voit forcé de revenir à la politique amorcée par la Veme république . Hubert Védrine déclare que c’est devenu limpide quand il a récemment fait revenir Alain Juppé au gouvernement (actuel ministre des affaires étrangères et européennes) .

Dans une sorte d’aparté il parle de l’affaire Kadhafi (son accueil controversé en France ) et rappelle à tous que ce sont les états unis qui ont permis sa « réhabilitation » , son retour dans le cercle des puissants justifié par sa coopération contre le terrorisme. La France a suivi .

La conférence rentre dans un sujet plus récent , les révolutions arabes qui « ont pris la France à contre pied » car « personne n’a rien vu venir » . Il passe très rapidement sur la mauvaise gestion des relations franco arabes dans le début de cette crise en évoquant Michelle Aliot Marie qui « n’était pas faite pour cela ».

La conférence se termine par une phase qui aborde des problématiques plus théoriques et parfois hypothétiques puisqu’on y parle aussi des actions futures à envisager.

La question qui est posée à l’heure actuelle est de savoir que faire face à cette crise et face à des pays qui souhaitent ardemment la fin de la guerre civile et l’accès à la démocratie ?Pour Hubert Védrine le rôle de l’Europe peut être de donner des conseils avisés, envoyer des experts politiques ou proposer un appui financier (une aide qui a déjà été proposée au Maroc , à la Tunisie , à l’Egypte par le G8 )

Il explique que ces pays ont besoin d'une politique « fine , délicate d’accompagnement de la démocratie » « si des avis peuvent être donnés rien ne peut être fait à leur place . » Il évoque bien sûr les risques d’accession au pouvoir des partis islamistes plus ou moins extrêmes surtout dans des pays qui connaissent actuellement un fort morcellement politique .

Pour conclure sa conférence Hubert Védrine a insisté sur le fait qu'il est absolument évident d'avoir une politique arabe et que chaque pays du monde en possède une. Il déclare enfin que l’Union Européenne ne semble pas prête à développer une politique commune à ce sujet et qu’abandonner pour l’instant une politique arabe française individuelle au profit du collectif serait à l’heure actuelle perdre sur les deux tableaux.

Il termine par un sujet qui lui tient à cœur en déclarant que le sort de la Palestine non réglé est un frein pour ce genre de politique.

Cette conférence a été très enrichissante puisqu’ancrée dans l’actualité , très accessible Hubert Védrine dresse un tableau chronologique des différentes politiques arabes qui ont été envisagées sous différents dirigeants tout en faisant revivre les contextes de l’époque et en amenant ses souvenirs ,ses impressions et son avis personnel . Le nombre élevé de questions qui lui ont été posées prouve l’intérêt qui a été porté à une telle conférence.


malgré son emploi du temps chargé nous avons pu lui poser quelques questions , la vidéo viendra plus tard .

Marion Dupuis et a Cicchelero .




En images






Siège de la direction des Rendez-vous d'Histoire
(interview de F. Chevrier disponible)








Café Littéraire: La bande dessinée asiatique, témoin de l'histoire?.

Geniève Clastres, Li Kunwu, Pascal Ory, Patrick Gaumer, Jul, P. Ôtié



Ce café littéraire fait intervenir Geneviève Clastres, cinéphile, un artiste chinois exceptionnel, Li Kunwu, auteur de Une vie chinoise. Mais aussi Jul, historien agrégé d'histoire et spécialiste de la diaspora chinoise, auteur de la nouvelle bande dessinée, La Planète des Sages. Philippe Ôtié est co-scénariste de l’œuvre Une vie chinoise, et également directeur de Public France.

La question principale s'est orientée vers la bande dessinée asiatique en tant que témoin de l'histoire, si elle tient ou non ce rôle.
A partir du XVème siècle, les premières formes graphiques sont les gravures. Il faut donc patienter jusqu'au début du XXème siècle pour entrevoir une forme de bande dessinée asiatique. Les Chinois les appellent "les images éclairées". Elles ont la forme de petits fascicules oblong et une courte description qui accompagne le texte. Elles connaissent un succès fou, vendues à des millions d'exemplaires, mais elles servent exclusivement d'outil de propagande. En 1909, un journal asiatique paraît sous influence du parti communiste. Le journal fait appel aux images narratives.
Toutefois on ne peut pas vraiment considérer ces formes graphiques comme une véritable bande dessinée même si la narration complète l'image. La bande dessinée fait ses premiers pas tardivement dans le monde asiatique et elle n'existe pas toujours. Ces formes embryonnaires copient surtout les autres pays. Tintin est alors redessiné en noir et blanc. Ces bandes dessinées sont redécoupées, reproduites en mauvais état. Une révolution culturelle s'opère dans les années quatre vingt dix avec l'apparition des caricatures politiques, la production d'excellents dessins de presse. De rares bandes dessinées exposent la vie chinoise. Elles sont beaucoup plus proches du style manga ou des comics américains. Elles illustrent avant tout des scènes d'action et du kung fu. L'illustration d'une vie chinoise est un univers encore très lointain.

Li Kunwu partage avec nous son expérience personnelle pour nous éclairer sur la place de la bande dessinée en Asie. Il constate depuis trente ou quarante ans que la bande dessinée est en progression constante en Chine. La taille des premières BD est vraiment très réduite par rapport à ce que l'on connaît en France. La génération d'artiste précédente était étroitement influencée par le dessin traditionnel mais la nouvelle génération plutôt par le style manga. La vie réelle des gens est peu à peu traitée et partagée. La bande dessinée asiatique est ensevelie par la mode manga. Ce phénomène se propage également en Occident. En France, il représente 40% du commerce de la BD. Li Kunwu pense que cette génération manga se ternie depuis quelques années et qu'une nouvelle vague créative arrive pas à pas. Il est confiant envers les jeunes artistes car ils se dirigent vers leurs propres voies créatrices au cœur d'une culture chinoise vive et très riche.

De plus en plus, les auteurs chinois orientent leur scénario vers des thèmes historiques de prédilection avec les grands récits fondateurs, les légendes épiques. D'ailleurs le statut de l'histoire est présent dès le début. La BD japonaise retrace la vie des samouraïs mais les faits contemporains sont très peu mis en lumière. Localement de grands auteurs expliquent le suivi de leur pays. On retrouve par exemple La où vont nos pères, traité avec une atmosphère sinistre, en noir et blanc, qui représente l'immigration en générale.
Une vie chinoise est un récit autobiographique qui retrace la prise du pouvoir de Mao Zedong à aujourd'hui.

Il ne faut pas oublier la censure omniprésente dans certains pays asiatiques comme en Birmanie. Aujourd'hui de nouveaux talents commencent à se détacher de cette influence traditionnelle. Internet a aussi sa part d'importance car cela permet de faire évoluer les choses. Toutefois, une censure morale imprègne chaque auteur et éditeur. Ils se fondent une idée propre des limites à ne pas franchir car chacun risque sa place dans la société.

Je pense que la bande dessinée doit être considérée de manière importante car elle est médiatrice. C'est un moyen fort de mettre en lumière la vie quotidienne d'une population, de retracer des évènements historiques. Grâce à sa forme graphique elle est accessible à tous. C'est aussi un bon outil pédagogique.

Morgane Guénard.

Concert Promenade en Chine

Le samedi 15 octobre, à 21h à la maison de la magie avait lieu le concert Promenade Orient-Occident dans le cadre des rendez-vous de l'Histoire. Ce concert était proposé par l'ensemble de clarinettes de Paris composé de Pierre-François BOËT, Christian ROCA, Chin-Hua CHAÏ, Ives GOURHAND, Michel LAURET et Christian DESHAYES auquels venaient s'ajouter Wei CHEN pour le chant et Maître Ai Jun ZHANG pour une démonstration de Tai Chi Chuan




Lors de ce concert vous pouviez entendre Sui Diao Ge Tou ( Depuis quand la lune brille-t-elle?) chant traditionnel de Su Shi. http://www.youtube.com/watch?v=Iiim-DPcH_k&feature=player_embedded


Vous pouviez voire une démonstration de Tai Chi Chuan sur la musique de Jean-Michel JARRE Souvenir de Chine:
Grand maître de Tai chi chuan Ai Jun zhang
http://www.youtube.com/watch?v=UK5Rdn94aMc&feature=player_detailpage


Vous pouviez entendre une oeuvre chinoise voulant se rapprocher le plus possible de la composition savante occidentale.









dirigé par Pierre-François Boet ( à gauche)


 Par l'ensemble de clarinettes de Paris; répertoire éclectique aux saveurs chinoise.

Interview de Mr Pierre-François BOËT et Christian ROCA:
http://youtu.be/b4ezP45NNSw


http://youtu.be/csWOHfm75hg


http://youtu.be/KMGiL9rI6S8

Interview réalisé par A. DURIEZ et N.COLINDRE

Quand Bretons et Chinois participent aux festivités de Blois


Le voile des femmes : notre Orient en question

Jocelyne Dakhlia, Frédéric Lagrange, Sophie Lalanne, Siobhan Mc Ilvanney, Florence Rochefort, Christelle Taraud. Autant d'intervenants pour les questions si actuelles qui touchent au port du voile dans le monde islamique et notre société occidentale.

Ce débat avait donc l'avantage de pouvoir aborder la complexité du voile dans ses dimensions historiques afin d'établir des rapports et d'éclairer les conceptions et utilisations diverses que l'on s'en fait.

Sophie Lalanne nous a donc rappelé quels furent les usages du « voile » dans les sociétés antiques gréco-romaines comme signe de distinction sociale, employé notamment chez les femmes de haute société, aussi banale que la nudité courante affichée chez les grecs dans le milieu athlétique. Le voile est donc dans cette culture un facteur de genre et un facteur social. On pourrait opposer cela aux sociétés celtiques dans lesquelles le voile ne joue qu’un rôle ornemental. Concernant le monde arabo-musulman d’avant la modernité, cette question du voile s’encrait dans une société patriarcale à laquelle s’est combiné un discours religieux. Ainsi s’est ajoutée au facteur social, et au facteur de genre, la notion de dissimulation et de préservation par le voile.

L’histoire du voile des XVIe, XVIIe et XIIIe siècles a malheureusement été peu étudiée dans le cadre français, notamment sur la question de la réception et de la transmission du voile en Europe. On constate que durant cette période la question du voile a très peu été abordée par les voyageurs, qui y posent un regard plutôt ludique et anecdotique, plus d’ordre sexuel que religieux, qui s’explique par un port du voile ou une mode de la coiffe lui-même courant en Europe. Sortir « en cheveux » n’était en effet pas concevable dans notre société occidentale, ou la coiffe était porteuse d’une idée, d’une morale et d’une certaine pudeur.

On pourrait faire un parallèle avec les perceptions orientalistes de l’époque coloniale du XIXe siècle ou le voile nourrit un imaginaire et un fantasme occidental alors que le but même de ce voile était de repousser toute possibilité de séduction, comme le rappellent nos intervenants.

Au XIXe siècle, le voile va devenir un critère fort de différenciation entre l’Orient et l’Occident, mais aussi un objet de revendication dans la volonté de réformer l’islam. La France est restée dans la modernité du dévoilement sans prendre en compte ces élans parallèles qui prirent naissance au même moment dans les pays arabes. On peut donc se poser la question du voile religieux et du voile profane comme deux réalités historiques mais aussi profondément actuelles, car le voile est aujourd’hui utilisé à des fins différentes pour chaque femme qui le porte.

Les idées évoquées au sein de ce débat nous poussent à réévaluer nos conceptions sur le voile en considérant les diversités d’utilisations qui lui sont faite : voile imposé, voile militant religieux ou politique, ou voile revendicateur d’une identité et d’une culture... Ce dernier phénomène, en augmentation en France ces dernières années, semble participer à la montée d'un discours de l’étranger dans un pays laïc qui accepte difficilement l'usage propagé du voile.


Julie Paoli