mercredi 26 octobre 2011

Les femmes dans la peinture orientaliste : fantasme et réalité

L'odalisque de Matisse
L'odalisque de Renoir
Le bain turc de Ingres
Les pestiférés de Jaffa de Gros
Les femmes d'Alger de Delacroix
La naissance de Vénus de Botticeli

Cette conférence tenue par Philippe Rouillac, commissaire priseur, s'est ouverte sur une oeuvre de Mozart : Maria Strader. Ce qui a tout de suite plongé le public dans le thème. Puis pendant une heure le conférencier a réalisé une exquisse de nombreuses oeuvres concernant la femme et l'orient en partant de La naissance de Vénus du peintre Sandro Botticeli (1485) qui fut la première représentation du nu, jusqu'aux années cinquante avec Picasso.

La France se réapproprie La femme de l'Orient à la croisée de ces cultures. Le corps de la femme a longtemps était oublié jusqu'en 1485 avec La naissance de Vénus de Botticeli . Au XVe siècle Albert Turner peint Adam et Eve. Il montre ici la représentation du corps de la femme selon lui. Il passe de l'ancien testament à la mythologie. En 1630, Rembrandt peint La fiancée juive qui témoigne d'une certaine fascination pour l'Orient à travers sa coiffe et ses bijoux. Même la femme de Louis XIV était fascinée, ainsi on peut voir sur un des portraits Marie- Thérèse d'Espagne représentée avec des rubis, une aigrette de diamants et une attitude souverain ; ce tableau fit sensation à la cours. Par l'intérêt porté à l'Orient par les nobles et bourgeois d'Occident un commerce de ces tableaux se développe et avait lieu à Venise qui était au centre de ces deux axes ainsi il n'y avait aucun lien direct entre l'Orient et l'Occident. La fascination de l'Orient continue au travers des campagnes d'Egypte de Napoléon Bonaparte avec une présence française au Caire pendant trois ans. Ainsi des journaliste et des académiciens accompagnent Bonaparte, ce qui leur permet d'aller dans des lieux insolites et ainsi d' acquérir un certain point de vue de l'Orient. Par exemple le tableau de Gros Les pestiférés de Jaffa représente Bonaparte dans un fort, face aux pestiférés de la ville de Jaffa. À sa taille est accroché un turban qui est un signe de reconnaissance et de considération pour ce peuple. Ce châle sera repris par certains peintre comme Girodet : La jeune égyptienne. Il représente une femme avec l'utilisation du turban en coiffe. Il n'est jamais allé en Egypte ; il imagine donc (comme beaucoup) comment les égyptiennes pouvaient le porter. Ainsi le châle est noué en coiffe à l'occidental et l'on peut voir que le turban ne tiendrait pas en place si la femme bougeait. Puis au 19e siècle, Delacroix peint Les femmes d'Alger. Ce tableau est à la fois orientaliste et romantique. La présence de la servante noire qui pivote semble nous faire entrer dans le tableau. Delacroix a travaillé à partir de plusieurs esquisses : tout d'abord des intérieurs d'appartements à Oran, puis une esquisse de la femme de gauche, et enfin, un croquis des deux femmes de droite. Il vient tout juste de séjourner à Alger avec une délégation militaire ce qui lui permet de rentrer dans des lieux difficile d'accès. Ainsi on peut voir une servante noire sur la droite, trois femmes différentes prise sur l'instantané. La première enroule son narguilé, la femme du milieu est assisse comme en Afrique du Nord et la dernière lit. Ceci représente peut être un harem mais il est difficile d'imposer cette idée car il n'avait plus de harem au Maroc après 1805 et ce tableau date de 1834. En 1862, Ingres peint à 82 ans Le bain turc. Cette oeuvre présente une foule de femmes nues dans un harem. Toutes ces femmes peintes étaient déjà présentes dans ses anciens tableaux accompagnées de sa fille, ses son ex femme et sa femme actuelle ainsi que sa maitresse. Ce tableau présente des femmes rondes avec quelques déformations mais qui exaltent de nombreux fantasmes. Le contenu érotique du tableau ne provoqua pas de scandale contrairement Au déjeuner sur l'herbe de Manet en 1863 car il demeura longtemps dans des collections privées. L'Odalisque de Renoir, en 1870 représente une femme avec un corsage et un pantalon bouffant. Ce tableau montre une recherche de couleur de la part du peintre. C'est à partir de 1850 que se crée un véritable marché entre les Salons et les expositions qui permet aux financiers et bourgeois d'acquérir un de ces tableaux dans leur salon. Une autre odalisque sera peinte par Matisse en 1923, qui sera entièrement emblématique du fauvisme en représentant une femme dans un festival de couleurs. Puis Picasso qui ne voyagera qu'en France et en Espagne a une conception de la femme d'Orient bien à lui. En effet il représente une femme totalement déconstruite avec un bras, une tête. Il se réapproprie les oeuvres des autres en destructurant les corps et les espaces. Majorelle quant à lui, découvre l'Egypte au début du XX e siècle et dépeindra l'Orient dans ses plus belles couleurs. Ainsi il sera très apprécié par les femmes pour son respect car il sera un des seuls peintres à ne pas renier leur racine. Contrairement à l'art colonial où la lecture n'est pas toujours respectueuse de leur culture et où il y avait très souvent des déformations.
Ainsi il ne faut pas juger rapidement cette peinture très évolutive que l'on a pu voir grâce à ces nombreux exemples. Avec une conception du nu qui change depuis cinq siècles , ces peintures permettent aussi d'acquérir une leçon sur le regard de l'autre au travers de différentes époques.

* Marion Dupuis *