dimanche 16 octobre 2011

Débat : L'Orient a-t-il connu d'autres "Renaissances" ?

Cet après-midi a eu lieu un débat fort intéressant dans la salle de conférences du Château de Blois, e tquoi de mieux comme lieu que ce grand château de la Renaissance française pour se demander si l'Orient a connu différentes Renaissances.
Les 6 intervenants invités par le CESR (Centre d'Etudes Supérieures de la Renaissance) de Tours, Florence Alazard, maître de conférences au CESR, PatrickBoucheron, maître de conférences habilité à l’université de Paris I, Pascal Brioist, professeur au CESR, Bernard Heyberger, professeur à l’université François-Rabelais de Tours, Jean-Michel Sallmann, professeur à l’université de Paris VIII, et Sanjay Subramahnyam, professeur et titulaire de la Chaire d’histoire indienne de l’université de Californie de Los Angeles, répondirent àcette question en faisant une critique du livre de Jack Goody paru en 2010 Renaissances.
Tous eurent plus ou moins la même réaction à la lecture de cet ouvrage de l'anthropologue anglais, réaction que j'expliquerai plus tard dans l'article en retraçant les interventions des uns et des autres.
Florence Alazard s'exprima la première sur le livre. Elle l'expliqua dans les grandes lignes en parlant des différentes argumentations de Goody pour penser la Renaissance,argumentations qui sont les suivantes : une première décrivant la Renaissance comme réaffirmation d'un sombre Moyen Age, il parle de discontinuité. Ensuite Goody envisage le monde musulman comme producteur et diffuseur de la Renaissance. La troisième argumentation rend la Renaissance comme un événement banal. Et enfin la Renaissance supposant une forme de sécularisation de lasociété.
Vient ensuite le tour de Sanjay Subrahmanyam, il commença sa critique du livre en annonçant qu'il est plus avantageux pour un historien de lire des ouvrages dont on est idéologiquement opposé. Il entama ensuite une descente en flamme de l'œuvre de Goody en le qualifiant de « n'importe quoi » tout d'abord. Il nous fit connaître la manière dont travaille l'auteur, il prit l'exemple d'un auteur présent dans Renaissances qui travaille pour l'anthropologue anglais cinq jours par semaine, qui fait en quelque sorte tout son travail, c'est en effet en un sens le nègre de Goody.
L'historien indien nous raconta ensuite qu'il était, je cite, « sidéré » du chapitre sur l'Inde. Son expérience du système anglais nous a permis de comprendre que les anglais faisaient preuve d'une suffisance certaine car ils ne s'intéressent pas aux sources non-anglophones, ce qui met déjà en évidence les limites du travail de Goody. C'est par un flot d'applaudissements que l'intervention de Monsieur Subrahmanyam se termina.
Jean-Michel Salmann commença par dire qu'il était « stupéfait d'un point de vu idéologique » et que ce livre était tout simplement une caricature. Il déclara à la fin de son intervention que ce livre n'était qu'une suite de fiches de lectures.
Bernard Heyberger fut, lui,ennuyé par le livre, il trouve que ce n'est qu'une compilation de compilation.
« Un chœur justement hostile», voilà ce qui entama la critique de Patrick Boucheron trouvant que ce livre n'apprenait rien, et se demandant même s'il permettait de comprendre quelque chose !
Pascal Brioist prit en exemple le cas de la Chine, et descendit aussi le livre par rapport au chapitre sur les renaissances chinoises. Il nous raconta qu'il avait eu le réflexe d'aller voir la page Wikipedia de la Chine, et le résultat fut frappant : l'article Wikipedia est plus complet que le chapitre de ce livre, ce qui démontre une nouvelle fois la teneur scientifique du livre... Et conclut en décrivant le livre comme un travail de seconde main.


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