mercredi 30 novembre 2011

Nostradamus Prophète de malheur ou médecin des âmes



Conférence donnée par Denis CROUZET, professeur à l’université de Paris IV Sorbonne, auteur de Nostradamus (Editions Payot, 2011)

Si le thème des Rendez-Vous de l’Histoire cette année est l’Orient, toutes les conférences n’abordent pas ce sujet. Vous ne trouverez rien de mieux que de faire un tour du côté de l’observatoire de la biographie historique pour se distraire entre deux conférences. La salle de conférence du château de Blois n’était pas pleine, la foule n’était pas pressée pour venir écouter la vie de cet étrange personnage dont on ne sait presque rien.

Né le 14 décembre 1503 à Saint-Rémy-de-Provence dans une famille juive convertie au catholicisme, Michel de Nostredame, dit Nostradamus fait des études de médecine à Montpellier et devient docteur en 1532. On sait que de 1546 à 1547, il se trouvait à Aix et à Lyon pour soigner des malades de la peste. Il se fait connaître en éditant des prophéties sous la forme de quatrains. Sa renommée arriva ainsi à la cour de France où il est reçu par Catherine de Médicis, qui lui fait rencontrer le roi Charles IX. Il reste à la cour sa vie durant, jusqu’à sa mort qui survient en 1566. Tous les ans, Nostradamus fait des pronostics pour l’année à venir, mais il serait vain de vouloir trouver du sens à ses prophéties, comme l’ont fait de nombreux charlatans par la suite. Nostradamus y montre une vision du mal qui est dans l’homme ; on y trouve « des monstres et des merveilles, des tempêtes et des sécheresses ». Il y parle une langue énigmatique qui vise à effrayer ses lecteurs pour leur montrer la nécessité de conversion à Dieu. Effrayés par un avenir terrible, ceux-ci comprenaient que face au péril de la haine bien mieux valait vivre dans l’amour du Christ. En plus d’être médecin du corps, il se veut « médecin des âmes » selon la formule de Denis CROUZET. Dans une période difficile, de déchirement religieux entre catholiques et protestants, Nostradamus, évangéliste, choisit de se situer ni dans un camp ni dans l’autre, mais au milieu, à la manière d’Erasme. Souvent comparé à Rabelais, les deux humanistes ne sont pas si éloignés l’un de l’autre. Tous les deux ont fait leurs études de médecine à Montpellier, sont évangélistes et nourris d’Erasme. Et si pour Rabelais, c’est le rire qui est le remède contre les maux de ce temps, Nostradamus prêche le retour à Dieu présent dans chacun de nous par une foi purifiée.

J’ai demandé si Nostradamus était bien compris ainsi par les gens de son époque, mais la réponse est difficile à donner, on n’a pas de témoignage et on en sait pas grand-chose. Denis CROUZET est l’auteur d’un livre sur Nostradamus.

Thomas DRUCY