mercredi 2 novembre 2011

Noirs de France


Série de 3 documentaires co-ecrite par Pascal Blanchard et Juan Gelas et réalisée par Juan Gelas.

Titre complet: Noirs de France. De 1889 à nos jours : une Histoire de France, Épisode 1 : Le temps des pionniers.

L’épisode 1 etant présenté en avant-première, la critique portera donc uniquement sur cet épisode.

Épisode 1 : Le temps des pionniers (1889-1939).

C’est un récit qui va traverser deux conflits mondiaux, le temps des luttes anti-coloniales, des exhibitions humaines, et celui des premières présences migrantes venues des Antilles, d’Afrique, mais aussi de l’océan Indien, de Nouvelle-Calédonie et de l’influence d’Afro-Américains depuis l’entre-deux-guerres. À la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, les premiers « Noirs » sont les pionniers d’une histoire qui va se poursuivre dans le XXe siècle.

Lors de la Grande Guerre (1914-1918), des milliers de soldats noirs venus des Antilles, du Pacifique, mais aussi d’Amérique, de la Réunion ou de Madagascar sont morts pour défendre la France. Entre 1920 et 1940, plusieurs milliers de Noirs, Antillais, Africains, Afro-Américains vivent déjà en France, notamment à Paris. L’engagement politique est fort, il conduira à la Négritude. La vie artistique est féconde et bouleverse les codes notamment musicaux. La France devient, y compris pour les Afro-Américains, une seconde patrie pour les Noirs du monde. En 50 ans, la France des « indigènes » va se transformer de manière radicale et, au moment du second conflit mondial, la question de la citoyenneté noire est en marche et c’est en métropole que ce combat a été mené par les élites noires. Les images d’archives, inédites pour la plupart, en montrent les traces.


Plus de 400 heures d’archives visionnées, 850 références identifiées et classées, pour donner à voir une histoire en images jusqu'alors peu connue ou même inconnue. Ces films documentaires se croisent également avec les interviews d’une quarantaine de témoins-références qu’ils soient artistes, sportifs hommes et femmes politiques,et tous ont un point commun, ils sont partie prenante de cette histoire.

Outre les archives proposées, la richesse de ce film repose sur la diversité de ses intervenants. Des spécialistes reconnus apportent leur regard sur ces 150 ans d’histoire, mais aussi des symboles de l’évolution de la question noire en France comme des sportifs ou hommes politiques.


Qu'ils soient des plus connus ou inconnus, chaque noir de France raconte a sa manière l’évolution de la question des noirs de France avec un avis parfois très tranche mais aussi parfois plus pragmatique.

Ce docu-film est un immense travail d’archives, outre les interviews , la volonté des auteurs de cette série est de dresser un panorama complet de cette « histoire en images » pour comprendre, pour enfin lever ces non dits que beaucoup de « blancs de France » ont voulu étouffer.

Un devoir de mémoire titanesque donc, mais ô combien utile à notre époque.

Guillaume S.

Coup de projecteur sur: Sophie Bessis


Sophie Bessis est chercheure associée à l’IRIS, spécialiste de la coopération Nord/Sud, de la géopolitique du Tiers-monde et des questions africaines.
Elle a occupé le poste de rédactrice en chef dans plusieurs magazines et revues spécialisées (Ferida, Afrique agriculture, Jeune Afrique, Vivre Autrement, Le Courrier de l'Unesco…) avant de devenir consultante auprès d'organisations internationales (Unicef, Unesco) au Tchad, au Bénin, en Guinée, en Tunisie ou en Centrafrique. Elle fut membre du Haut Conseil pour la Coopération internationale (HCCI) entre 2000 et 2001.
Sophie Bessis est agrégée d'histoire. Elle a écrit une dizaine d'ouvrages traitant des questions de développement, du Maghreb et des problématiques alimentaires dans les pays en développement.
Son dernier ouvrage s'intitule Dedans, Dehors, éd. Elyzad, Tunis, 2010.

Elle fut présente sur le festival a plusieurs reprises notamment lors de la soirée d'ouverture pour éclairer le film « Plus jamais peur » de Mourad Ben Cheikh et lors de l’émission de radio CulturesMonde par Florian Delorme.
Son regard de spécialiste du monde arabe et notamment de la Tunisie a permis d'analyser avec justesse et pertinence la difficile question des printemps arabes.
J'ai d'autant plus apprécié sa présence sur le festival que je l’appréciais déjà lors de ses interventions télévisuelles dans l’émission « C dans l'air » sur France 5.
Merci à elle d’être aussi disponible.
Guillaume.S.

Plus Jamais Peur


"Plus Jamais Peur"

Un film-documentaire de Mourad Ben Cheikh, 1h15, 2011.

Synopsis :
Le 17 décembre 2010, un jeune vendeur ambulant s’immole a Sidi Bouzid, suite a la confiscation de son matériel. Un mouvement de contestation général en découle contre le régime du président Ben Ali, la révolution tunisienne commence.
Plus jamais peur est une chronique des différents épisodes de la révolution tunisienne à travers trois figures emblématiques du mouvement : une cybermilitante, Lina Ben Mhenni, qui a défié le régime de Ben Ali en relatant sur son blog les moments clés de la contestation ; l'avocate Radhia Nasraoui, défenseuse des droits de l'homme, qui a payé cher son engagement, tout comme son époux souvent emprisonné ; et le journaliste indépendant Karem Chérif, qui a vécu les moments clés de cette révolution avec sa famille et le comité de son quartier.
Outre leur engagement et leur espoir d'une Tunisie plus libre, le dénominateur commun de ces personnages toujours susceptibles d'être arrêtés, cambriolés, c'est la peur. Cette peur, c'est aussi celle que connaissaient tous les Tunisiens et qui les a fait se taire pendant près d'un quart de siècle face à la dictature de Ben Ali. Peur d'être tabassé, envoyé en prison ou torturé...
Ainsi, l'un des slogans de cette révolution, entre "Dégage Ben Ali" et "Le pouvoir au peuple", était : "Plus jamais peur !". Au cours du documentaire, on comprend que cette peur a peu à peu changé de camp : au fur et à mesure que l'élan révolutionnaire prenait de l'ampleur, c'est le régime de Ben Ali qui se met à trembler devant ceux qui lui obéissaient encore quelques mois plus tôt.
Entre les manifestations de rue, les sit-in, les grèves de la faim et les répressions violentes, entre les grenades lacrymogènes, l'hymne national chanté comme un cri de guerre et les policiers qui montrent leur sympathie pour les révolutionnaires, "Plus jamais peur" rassemble les images fortes d'un peuple qui se libère après vingt-trois ans de régime dictatorial.
S'il ne fallait en retenir qu'une, ce serait peut-être celle de ce jeune diplômé qui s'est cousu la bouche pour montrer que la dictature de Ben Ali le réduit au silence, le musèle.
Tourné sur le vif, le documentaire restitue le sentiment d'urgence des révolutionnaires avec une caméra qui les suit au plus près, presque toujours portée à la main, et qui donne aux spectateurs le sentiment d'être au cœur de cette révolte historique.
A travers les personnages de la cybermilitante et de l'avocate, ce documentaire a aussi le mérite de souligner le rôle crucial des femmes dans cette révolution. Le réalisateur insiste également sur l'importance d'Internet et notamment de Facebook dans la propagation de cette révolte, soulignant ainsi le rôle qu'ont tenu les jeunes générations, instruites, ancrées dans la modernité et connectées au mondes.

Mourad Ben Cheikh signe là un témoignage saisissant sur la révolution de jasmin, un témoignage qui se veut sûrement devoir de mémoire pour les générations futures comme l'atteste le slogan « déjà demain » à la fin du film...

Guillaume S.

Remise du prix Augustin Thierry à Fabrice d'ALMEIDA



Nathanaël COLINDRE

Interview de Francis Chevrier






Nous tenons à remercier Francis Chevrier pour son accueil chaleureux.

Interview réalisée par Katy Perisse et Anaïs Prieto.