dimanche 16 octobre 2011

30 ans de politique arabe de la france , Hubert Védrine


(Hubert Védrine à droite sur la première photographie , Pierre
Nora au centre de la deuxième photographie)

Cette conférence s'est ouverte à 11h le samedi à la maison de la Magie . Dehors il y a foule , le gérant de la sécurité nous confie qu’au moins deux cent personnes n’ont aucune chance de rentrer . Cette conférence est donc très attendue puisque c’est Hubert Védrine , homme politique , socialiste qui a entre autres expériences été ministre des affaires étrangères ( 1997 à 2002) qui va intervenir .

C'est avec beaucoup d'humour que cet éminent spécialiste en politique a ouvert cette fin de matinée . Il apparaît d’emblée que c’est un très bon orateur qui émet un discours clair , fluide et relativement accessible excepté pour quelques évènements politiques pointus. Dans la salle tout le monde écoute attentivement, on peut apercevoir au premier rang quelques personnalités dont Pierre Nora président du festival de cette année.


chronologie de 30 ans de politiques arabes de la France

Il entame sa chronologie par la France des années 60 qui ne traite qu’avec Israël (en autre pour son pétrole). La France n’avait pas de relation très développée avec les pays arabes à cette époque . Le terme de politique arabe ne naît vraiment qu’avec le général de Gaulle qui est à l'initiative de l’ouverture vers cette politique lors de sa prise de position pendant une conférence de presse en mars 1967. La vente d’armes françaises à la Libye est l’une des premières actions vivement critiquée en interne par les socialistes et en externe par les américains furieux que la France ne s’aligne pas sur leur politique et traite avec un pays vu comme extrémiste.

Il aborde ensuite le gouvernement Giscard d’Estaing qui avec ses deux premiers ministres consécutifs (dont Jacques Chirac ) noue des liens économiques et de très gros contrats de construction comme en Irak. Il rappelle qu’à cette époque des despotes comme Saddam Hussein étaient considérés comme des modernistes et avaient quelque chose « d’attirant » ils n’étaient pas encore perçus de la façon dont ils l’ont été plus tard . Il termine cette période en rappelant qu’elle voit émerger la question de la Palestine.

L’heure tourne il continue avec le gouvernement de François Mitterrand, ce dernier bien que socialiste ne sera pas du tout fermé à la politique arabe mise en place par la droite. Bien au contraire il assume l'héritage mais le modifie à sa façon. Ce fut le premier homme politique important à prononcer le nom d'Etat pour la Palestine lors de son discours de mars 1982. Hubert Védrine insiste sur la lenteur qu’il a ensuite fallu à l’Europe pour accepter l’idée (en 1998 soit 17 ans plus tard) . A cette période la guerre Iran Irak éclate et la France qui avait développé de gros contrats de constructions sous la présidence de Giscard D’Estaing ne sait plus trop si elle doit les honorer ou couper toute relation. Il est également à l’initiative d’une politique pédagogique auprès des français pour faire valider sa politique étrangère arabe.

Vient ensuite le président Jacques Chirac , Hubert Védrine déclare qu’il ne s’engage pas plus que Mitterrand mais il souligne que son côté sympathique , amical lui attire une certaine côte de popularité . La période abordée est celle où Hubert Védrine est ministre des affaires étrangères( recommandé par Lionel Jospin à Jacques Chirac ) , son discours ici est donc plus personnel puisqu’il jouait un rôle actif au gouvernement.. Il évoque son propre travail , une politique arabe de cas par cas (pays par pays ) , il insiste sur ce fait . Le deuxième mandat de Jacques Chirac est très vite abordé , il le dépeint comme « le champion du monde de l’amitié bilatérale » et ajoute que sa politique à été de moins active que lors de son mandat précédant.

La fin de la conférence est inscrite dans l’actualité plus récente de ces cinq dernières années , on aborde le gouvernement Sarkozy .

Ce dernier a fait sa campagne sur la rupture mais est obligé de conserver l'héritage des anciens gouvernements en ce qui concerne la politique arabe de la France. Nicolas Sarkozy a cherché au début de son mandat à s'aligner sur la politique des américains (époque Georges Bush) qui était de ne pas reconnaitre l’existence d’un Etat palestinien. Cette prise de position engendre de mauvaises relations avec les dirigeants arabes. Par la suite Nicolas Sarkozy n’entretient pas de bonnes relations avec Barack Obama et se voit forcé de revenir à la politique amorcée par la Veme république . Hubert Védrine déclare que c’est devenu limpide quand il a récemment fait revenir Alain Juppé au gouvernement (actuel ministre des affaires étrangères et européennes) .

Dans une sorte d’aparté il parle de l’affaire Kadhafi (son accueil controversé en France ) et rappelle à tous que ce sont les états unis qui ont permis sa « réhabilitation » , son retour dans le cercle des puissants justifié par sa coopération contre le terrorisme. La France a suivi .

La conférence rentre dans un sujet plus récent , les révolutions arabes qui « ont pris la France à contre pied » car « personne n’a rien vu venir » . Il passe très rapidement sur la mauvaise gestion des relations franco arabes dans le début de cette crise en évoquant Michelle Aliot Marie qui « n’était pas faite pour cela ».

La conférence se termine par une phase qui aborde des problématiques plus théoriques et parfois hypothétiques puisqu’on y parle aussi des actions futures à envisager.

La question qui est posée à l’heure actuelle est de savoir que faire face à cette crise et face à des pays qui souhaitent ardemment la fin de la guerre civile et l’accès à la démocratie ?Pour Hubert Védrine le rôle de l’Europe peut être de donner des conseils avisés, envoyer des experts politiques ou proposer un appui financier (une aide qui a déjà été proposée au Maroc , à la Tunisie , à l’Egypte par le G8 )

Il explique que ces pays ont besoin d'une politique « fine , délicate d’accompagnement de la démocratie » « si des avis peuvent être donnés rien ne peut être fait à leur place . » Il évoque bien sûr les risques d’accession au pouvoir des partis islamistes plus ou moins extrêmes surtout dans des pays qui connaissent actuellement un fort morcellement politique .

Pour conclure sa conférence Hubert Védrine a insisté sur le fait qu'il est absolument évident d'avoir une politique arabe et que chaque pays du monde en possède une. Il déclare enfin que l’Union Européenne ne semble pas prête à développer une politique commune à ce sujet et qu’abandonner pour l’instant une politique arabe française individuelle au profit du collectif serait à l’heure actuelle perdre sur les deux tableaux.

Il termine par un sujet qui lui tient à cœur en déclarant que le sort de la Palestine non réglé est un frein pour ce genre de politique.

Cette conférence a été très enrichissante puisqu’ancrée dans l’actualité , très accessible Hubert Védrine dresse un tableau chronologique des différentes politiques arabes qui ont été envisagées sous différents dirigeants tout en faisant revivre les contextes de l’époque et en amenant ses souvenirs ,ses impressions et son avis personnel . Le nombre élevé de questions qui lui ont été posées prouve l’intérêt qui a été porté à une telle conférence.


malgré son emploi du temps chargé nous avons pu lui poser quelques questions , la vidéo viendra plus tard .

Marion Dupuis et a Cicchelero .




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