samedi 15 octobre 2011

La presse fait elle de l'Histoire ?


Ce samedi par un après-midi ensoleillé à eu lieu le débat de : La presse fait elle (de) l’Histoire ?

Cette discussion réunissait les protagonistes suivants (sur la photo de gauche à droite) : le journaliste Jean Lebrun animateur de l’émission Toute une histoire sur France Inter, Jean Birnhaum journaliste au journal Le Monde, Nicolas Offendsadt maître de conférence et historien français, Antoine de Baecque historien et critique de cinéma français et Jean-Noël Jeanneney historien des médias et homme politique français. Tous ces hommes en lien avec l’histoire d’hier et d’aujourd’hui ont essayé de répondre à la question : La presse fait elle de l’Histoire ?
Le médiateur de cette conférence était Jean Birnhaum qui a commencé par présenter toutes les personnalités. Puis la discussion autour de la question s’est ouverte par Nicolas Offendsadt. Son point de vue est que la presse permet de se déterminer sur le présent à condition d’être appuyée sur une réflexion savante et historique. Pour lui le journalisme et l’histoire sont deux mondes totalement différents et étanches. De plus cela comporte des dissemblances au niveau des enjeux par exemple l’artifice de l’écriture qui a un sens pour le journaliste. En effet il faut que à la fin de son article il y ait toujours une chute afin d’interpeller le lecteur, alors que pour l’historien cela n’est pas essentiel lorsqu’il rédige un article scientifique. Pour Antoine de Baecque, qui a travaillé longtemps pour le journal Libération à la rubrique culture, le problème entre l’histoire et la presse est de justement faire passer un message historique dans un article de presse. Surtout dans les quotidiens ! Le journaliste a surtout évoqué la méfiance liée à la temporalité et le savoir de l’historien face aux journalistes, ce qui a appuyé l’opinion de l’historien Offendsadt sur le fait que l’histoire et la presse sont deux mondes à part. Cependant Jean Lebrun n’était pas de cet avis, pour lui, ce sont deux mondes étanches, complémentaires et indissociables. « Chaque vie est différente d’une autre et elle a une raison d'exister » ainsi lorsqu'un journaliste et un historien se retrouvent c’est une vraie aventure humaine qui a lieu autour d’un même individu ou d’un même événement. Cela permet alors d’entrevoir au travers d’un point de vue différent chaque aspects d’une vie ou d’un fait. La conclusion de ce débat passionnant a été faite par Jean-Noël Jeanneney « chaque conjoncture a une diversité de rythme . » En effet pour lui il n’y a pas de linéarité des événements. Le travail du journaliste est voué à s’entremêler avec l’Histoire ce sont donc deux métiers complémentaires. La pulsation de l’Histoire est nécessaire aux journalistes qui ne peuvent échapper à replacer les événements dans la durée ce qui lui permet (au journaliste) de restituer le rythme du long terme dans l’actualité. Ainsi ceci reste à méditer, et c’est sur ces mots que s’achève dans une ambiance détendue et conviviale ce débat où chacun a essayé d’expliquer sa façon de penser les liens entre l’Histoire et le journalisme avec une ouverture d’esprit et surtout avec beaucoup d’humour !


*Marion Dupuis*

Interview de Lucette Valensi

Par Maxime Choisy et Charles Brocherie

Les Nazis et l'Orient

15/11/2011 9:45-10:45


La conférence porte ce matin sur les relations entre Nazis et Orient. Selon Johann Chapoutot, la conception pour le Reich de l'Orient peut avoir différentes significations. Elle incarne tout d'abord la Russie et l'Europe de l'Est, terres d'expansions de l'espace vital. Par ailleurs, elle comprend aussi le Proche-Orient, berceau du judaïsme et de sa « variante », le christianisme, fondé, d'après la propagande nazie, par des Juifs pour corrompre l'Empire romain, avec succès, et ce malgré l'intervention, trop tardive, des Germains pour tenter de redresser l'Empire. Cet exemple illustre bien le propos de M. Chapoutot, qui propose, à ce moment de la conférence de montrer les différentes ficelles utilisées pour imposer au peuple du Reich l'idée d'une origine de la civilisation germanique venant du Nord. Cette réécriture historique se voit appuyée de nombreux exemples, des Grecs aux Romains (tous d'ascendance germanique), luttant contre l'éternel ennemi oriental, avec succès, avant de succomber par la « contamination génétique », due, selon les Nazis, au métissage, résultant des pertes démographiques liées aux (victorieuses) guerres des peuples grecs et romains.

Paradoxalement, on voit que l'attitude des Nazis au cour de la Seconde Guerre Mondiale va finir par suivre le schéma d'intégration de populations « non-germaniques » à l'armée, jusqu'à la Waffen SS.

Johann Chapoutot nous montre les raisons, ou plutôt les réflexions, qui ont conduit à l'intégration de peuples musulmans à l'armée du Reich. On passe ainsi d'un mépris à une volonté de collaborer avec des dissidents des colonies anglaises et françaises. Hitler et Himmler iront même jusqu'à essayer de théoriser des liens entre Islam et Nazisme, entre autre par l'esprit guerrier étant censé les lier. On retrouve là des clichés liés à de graves méconnaissances. Les résultats de cette politique tant avec les populations des Balkans, que du Raj britannique et du Proche-Orient se révèlera un désastre, sur le plan militaire qu'idéologique (seul un très faible pourcentage des populations visées sera réceptif, notamment parmi certains nationalistes).

Johann Chapoutot nous montre ici, qu'après avoir voulu rejeter l'Orient, leur Orient, les Nazis ont tenté d'utiliser certaines populations, avec un échec total tant du point de vue idéologique que politico-militaire.

Charles Brocherie


Tourisme sexuel et désir d'Orient. Avec Eric FASSIN, Sebastien LEROUX, et Christelle TARAUD

Nous avons pu voir l'exposition de deux points de vus sur le tourisme sexuel et l'Orient. L'un développait la relation entre tourisme sexuel et les colonies. Nous pouvons constater que le tourisme sexuel reprend tout les codes du tourisme comme il a pu se développer au XIXe siècle. En effet, nous pouvons voir la production de « guides roses » dans lesquels nous pouvons lire par exemple la recommandation de prendre le thé chez une fatma, qui sous entendait après ce thé une relation sexuelle avec cette femme. Cependant, ce tourisme n'est jamais que purement sexuel, mais l'acte sexuel vient s'ajouter à un programme de découverte de pays ; tout comme c'était le cas lors du Grand Tour qui servait de formation à tout niveaux à la jeunesse européenne. Nous pouvons noter que ce désir d'Orient nait en lien avec les images qu'il génère, comme le climat qui fait référence à notre esprit à une excitation du désir sexuel. Le second point de vue, portait sur le tourisme sexuel en Thaïlande à partir d'une enquête de 22mois à Bangkok dans le quartier de Patrong, quartier mondialement connu pour ce tourisme. Nous pouvons constater que ce quartier vient contredire et complexifier les stéréotypes. Il existe en réalité que très peu d'établissements spécialisés. De plus nous pouvons noter une réelle volonté de faire une rencontre. Certes, les femmes qui vendent leurs corps aux hommes blancs peuvent être poussées pour des raisons financières, mais il faut noter qu’au même titre que la femme thaïlandaise, l'homme blanc fait fantasmer.

Pour conclure, l'appellation de « tourisme sexuel » est elle aussi ambiguë. En effet, cette expression est à l'origine utilisée en 1979 pour la première fois par des femmes japonaises féministes et catholiques pour dénoncer les hommes qui avaient en marge de leurs voyages d'affaire des relations sexuelles avec ces femmes thaïlandaise. Nous pouvons noter que cette expression aura un impact à partir du moment où les autorités publiques seront alerté par le SIDA et par la pédophilie et que ces deux faits seront mis en lien avec ce tourisme. Cette expression culminera en 1996 lors d'un congrès de Stockholm où de nombreux gouvernements condamneront ensemble le gouvernement Thaïlandais pour son incapacité face à cette situation.

Le tourisme sexuel apparaît donc comme une notion encore en pleine construction et qui est bien loin des préjugés que génère la société occidentale.

La conférence de Pierre Briant: victime de son succès.



Une file de 300 personnes à l’extérieure du château, une trentaine d’impatients devant la salle des conférences et déjà 25 autres installés dans salle alors que cette même salle ne contient que 200 places, voici l’équation complexe à laquelle à du faire face le comité d’organisation des Rendez-vous quelques minutes avant la conférence attendue de Pierre Briant. On peut constater le mécontentement de quelques uns ayant profité de leur avance pour visiter le château plutôt que de se rendre dans la file d’attente lorsqu’on leur annonce qu’ils ne pourront pas rentrer. On ne peut dire qui exactement a pu assister et qui fut victime du succès de la conférence de M. Briant qui était présent pour la première fois à cet événement.

C’est donc devant une salle comble qu’a pu débuter avec un quinzaine de minute de retard cette conférence intitulée « Alexandre, l’Orient et nous ». L’historien et actuel professeur du Collège de France évoque l’historiographie d’Alexandre du XIXe au XXe siècle notamment citant Jacques Benoist Méchin qui publia en 1976 Alexandre le Grand – Le rêve dépassé et qui insiste sur l’espoir de fusion entre Orient et Occident du conquérant, mais également Johann Gustav Droysen qui explique les aspirations du macédonien à retrouver la paix et ainsi de clore deux siècles de conflit avec la Perse. Cette intervention nous a permis d’avoir un approche générale d’Alexandre le Grand dans l’historiographie contemporaine mais nous pouvons tout de même regretter que cet éminent chercheur ne nous ai pas présenté le résultat de ses propres recherches.


M.V.


Interview de Pierre Briant:


M.O, M.V, T.D & A.C

Débat : peut-on se moderniser sans s'occidentaliser ?

« Peut-on se moderniser sans s’occidentaliser ? »

C’est à cette question intéressante que répondirent Marie-Claire Bergère, seule historienne de la table ronde spécialiste de l’histoire chinoise du XXe siècle, Laurent Berger, anthropologue chargé de la recherche au quai Branly spécialiste des tribus maliennes et malgaches, et Jean-François Sabouret, sociologue spécialisé dans l’éducation japonaise et patron d’études au CNRS,le tout animé par Jean-Luc Domenach, directeur de recherche à Sciences Po.
Cette question finalement ne s’est pas faite sous forme de débat mais plutôt d’exposés de 18 minutes par personne, et 15 minutes de questions du public après les exposés de chacun.

Les trois intervenants ont eu le même avis sur le sujet mais ont simplement utilisé des conclusions différentes.
Monsieur Domenach introduisit le sujet avec quelques touches d’humour.
Le premier à intervenir fut Jean-François Sabouret, qui, tout en lisant entièrement son texte sur son ordinateur, expliqua que les japonais avait choisi de reprendre les techniques, les sciences et les savoir-faire occidentaux le tout en gardant l’âme japonaise. Il expliqua l’hybridation des cultures en ajoutant, je cite, « il est urgent de s’hybrider ! » et conclu son exposé avec cette question : « Peut-on se moderniser sans s’asiatiser ? »

Madame Bergère prit, elle, l’exemple chinois en nous contant que la Chine avait souvent imité son voisin japonais. Elle parla ensuite des pays émergeants en expliquant que grâce à cette émergence, on observait que ces derniers avaient tendance à remettre leur héritage culturel sur le devant de la scène. La Chine par exemple incorpore son bagage culturel dans la culture mondiale, pour légitimer la sienne et enrichir l’autre. Sa conclusion fut la même que son prédécesseur : il faut l’hybridation.
Le dernier intervenant, Laurent Berger, commença par dire que l’école disait que non, on ne peut pas se moderniser sans s’occidentaliser. Mais argumenta par la suite en disant qu’on ne pouvait pas se moderniser sans s’acculturer. Et continua en disant que, par exemple, l’amour courtois des troubadours venait de la culture arabe, et que donc l’occident s’est en quelque sorte modernisé grâce à l’orient.
Pour lui donc, la réponse à la question est qu’il faut s’acculturer pour se moderniser.
Jean-Louis Sabouret conclu cette table ronde par cette phrase : « Volons-nous les culture, acculturons-nous ! »

Chevaliers et samouraïs: féodalité occidentale et féodalité japonaise.



Vendredi 14 octobre, Dominique Barthélemy et Pierre-François Souyri ont donné une conférence pour débattre de l'éternelle question qui est: Chevalerie Japonnaise et occidentale est-ce pareil?

La société médievale japonaise s'étend du milieu du XIIème siècle jusqu'à la fin du XVIème siècle alors qu'en occident la société médiévale commence autour du IXème siècle.
Dès le XVIeme siècle, les jésuites insistent sur les ressemblances dans les structures sociales des deux civilisations. Marc Block explique que le Japon est peut être le seul pays en dehors de l'occident possédant une période féodale. Mais quelles traces a laissé la société féodale en Occident et au Japon? Trois thèmes ont été abordés le guerrier, les châteaux et les valeurs du guerrier.

Le guerrier japonais est un cavalier, il voue un culte à son cheval car il sait que sans cheval il n'est rien. Ce cavalier est un archer mais il posséde aussi un sabre. Il cultive la voix de l'arc et du cheval. Contrairement au roi, l'empereur n'est pas un guerrier. De plus le préstige du guerrier est plus important en Europe. Le chevalier européen est un cavalier comme le cavalier japonais cependant il ne possède pas d'arc en effet les archer sont une section indépendante de l'armée en europe. Le cavalier européen possède une lance couchée pour déstabiliser son adversaire.

La structure des châteaux japonais ressemble beaucoup aux châteaux européens car leurs fonctions sont similaires. On y touvait un espace officiel, céremonial, privatif et un sanctuaire qui correspond à la chapelle en occident. Dans les châteaux européens, le rôle de la justice et de l'économie ont une place très important.

L'empereur et les valeurs du guerrier.

Le mot empereur n'existe pas en japonais. L'empereur est un intermédiaire entre les hommes et Dieu, l'appellation la plus réaliste serait celle de Pape. L'empereur délègue toutes les fonctions administratives à ses aristocrates. Cette vie de cour à pour théorie, la théorie de la souillure c'est-à-dire que pour eux le monde est sale et qu'il faut le laver pour l'intégrer petit à petit. Pour eux le pire est le sang, la poussière etc. Les samouraïs représentent tout cette souillure en effet pours s'imposer et s'emparer des terres de leurs adversaires,ils se combattent et ces combat sont des combats à mort, le perdant étant déshonorer fait l'acte le plus atroce pour les aristocrates, ils se suicident en s'éventrant le ventre. Il y a une contradiction entre la socièté aristocrate "civilisée" et le samouraï. En europe, le chevalier est plus légitime, il n'a pas besoin de convertir la noblesse à ces idées. En europe le courtois est aussi un guerrier contrairement au Japon. Contrairement au Japon où les chevaliers sont sanguinaires le chevalier européen évolue vers deux types de guerre: les guerres saintes= croisades et les guerres entre chevaliers qui deviendront des tournois à la fin du XIème siècle. Au Japon il n'existe aucune trace de tournois.

Il semblerait que la société féodale japonaise et occidentale soit plus proche l'une de l'autre que l'on pouvait le penser.












nathanael colindre

L’orientalisme

un parcours historique

Conférence et questions posées à Henry Laurens, professeur au Collège de France

le jeudi 13 octobre 2011 à la salle de conférence du château de Blois


1. Depuis quand parle-t-on d’orientalisme ?

- Le mot entre dans le langage courant vers 1820. C’est un courant qui veut régénérer la littérature en s’appuyant sur l’Orient, en prenant l’Orient comme source d’inspiration. C’est une branche du Romantisme. Un mouvement équivalent apparait dans le domaine des arts, avec des tons plus chauds, des rouges, jaunes, ocres, des thématiques exotiques. On y voit la violence des passions et leur assouvissement. On pourrait parler de renaissance orientale.

2. L’orientalisme existait-il avant 1820 ?

- Oui, les orientalistes existent depuis longtemps. Les premières études scientifiques sur l’Orient datent de 1650. Dans ces années, on découvre qu’il existe des humanités orientales complémentaires aux humanités gréco-romaines. Au XVIe siècle, on faisait la différence entre les anciens et les modernes. Au XVIIe siècle, on y ajoute les orientaux, la distance linéaire entre Orient et Occident agissant comme une distance chronologique.

3. Quel est l’intérêt qui pousse les Européens vers l’Orient ?

- C’est tout d’abord un intérêt missionnaire et biblique. Celui-ci implique la connaissance des langues de la bible, l’hébreu, le syriaque, l’araméen et l’arabe, et des langues parlées par les peuples à évangéliser. D’où par exemple la création à Rome d’un collège maronite.

4. La raison est-elle uniquement religieuse ?

- Non, elle est aussi diplomatique. On apprend le turc et le perse pour traiter avec l’Empire Ottoman. C’est le rôle des drogmans, qui font leurs études à Paris, au lycée Louis-le-Grand, puis vont apprendre le turc à Constantinople pour servir à la diplomatie.

5. Quelles sont les répercussions en Europe ?

- Les voyages en Orient et la collection de manuscrits orientaux font naître une tradition de littérature orientale en Europe. Ainsi, La Fontaine connait des fables traduites du sanscrit, Antoine Galland traduit les 1001 nuits et quand il est à court de parchemin, il invente des histoires. L’histoire d’Aladin par exemple a été inventée par un français et a été reprise dans les éditions orientales des 1001 nuits. L’Orient devient une source d’inspiration. Les missionnaires en Chine devant étudier la langue et la culture et l’introduction d’objet chinois par le commerce entrainent en Europe un courant de sinologie et de « sinomanie ». C’est pour le commerce avec l’Orient qu’est créé le port de Lorient (l’Empire Ottoman faisait alors partie du Levant). Les Lumières font de multiples références au monde oriental, quand aux gazettes, elles ont des ouvertures de plus en plus lointaines et il n’est pas rare de voir en première page de la Gazette de France une correspondance de Perse datée de trois mois. Avec la Révolution Française, l’orientalisme change de forme. La Révolution doit s’étendre au reste du monde. C’est ce qui se passe lors de la campagne d’Egypte et par la suite lors de la colonisation.

6. L’orientalisme a-t-il eu un effet pervers ou non ?

-Répondre oui ou non serait donner un jugement, or nous ne sommes pas là pour ça. Jules Mole disait que l’Europe était en train d’affaiblir, de détruire l’Orient et qu’elle devait plutôt lui transmettre la science. Les orientalistes essayent au contraire de limiter la casse. Ils sont d’ailleurs plutôt appréciés dans les pays qu’ils étudient. Les orientalistes ont fait de nombreuses découvertes archéologiques, bibliques et de grammaire. Champollion découvre la pierre de Rosette, on redécouvre Babylone, Sumer. La grammaire comparée permet de mettre en évidence une famille de langues, les langues indo-germaniques ou aryennes, ou encore indo-européennes.

7. Comment l’orientalisme a-t-il évolué après la Seconde Guerre Mondiale ?

- L’orientalisme a été contesté, par les marxistes, par la décolonisation qui a opéré un réel déchirement, et par la critique post-moderniste. Aujourd’hui, les différences entre Orient et Occident tendent à s’effacer.

8. Il y a eu un orientalisme chez les occidentaux, y a-t-il eu un occidentalisme chez les orientaux ?

- Oui, du XVIe au XVIIIe siècle, mais pas écrit. Il y avait bien des relations de voyages mais qui n’avaient pas beaucoup de lecteurs. Il y avait des milliers de renégats, ces occidentaux qui passent à l’Islam et puis tout autour de la Méditerranée, la Lingua Franca. A partir du XVIIIe siècle on trouve de nombreux voyageurs orientaux en Europe, ce qui donne lieu à un genre littéraire. Il existe aussi des drogmans orientaux qui font partie du corps diplomatique. Ils ont tout vu, les guerres napoléoniennes, la Révolution Industrielle… On trouve de nombreux traités sur la cause du retard des orientaux et les moyens d’y remédier. Ce sont les évolués qui sont les occidentalistes. Ils contestent la suprématie anglaise en Inde et veulent un partage du pouvoir.

9. Vous avez parlé de l’orientalisme scientifique, pour moi, jusqu’à aujourd’hui l’orientalisme, c’était Delacroix et tous ces peintres du XIXe siècle. Peut-on rattacher l’orientalisme littéraire et artistique à l’orientalisme scientifique ?

- Oui, car ils sont apparus en même temps, mais l’orientalisme artistique est devenu un genre à part. Les orientaux ont eux-mêmes fait de la peinture orientaliste.


Thomas Drucy

Au coeur de la Chine impériale

Le vendredi 14 octobre2011, avait lieu au conseil général une exposition photographique dédiée à la Chine impériale. Ce voyage nous était proposé par l'ECPAD à travers une quarantaine de photographies réalisées et collectionnées par quatre capitaines en poste en Chine de 1887 à 1901. Ces photographies nous montrent la fascination des voyageurs pour l'exotisme à travers des portraits, des scènes de genre (souvent des mises en scène) etc. Ces photographies prisent par des officiers ou par le Capitaine Albert d'Amade lui-même nous rendent compte de leurs activités officielles et de leurs vie privées. Dans cette exposition vous pouviez admirer: Jeune chinoise aux pieds bandés, scène de décapitation










La visite a été prise en charge par Lucie MORCEAU commissaire de l'exposition"La Chine impériale". Vous pourrez retrouver ces photos et pleins d'autres dans le livre, Au coeur de la Chine impériale, Carnet de voyages de militaires photographes, publié par l'ECPAD qui paraîtra bientôt aux éditions SOTECA.





Article écrit par nathanaël colindre.




Entre science, esthétique et politique : les orientalistes francophones du XIXe au XXIe siècle. Grand Amphithéâtre - ENIVL de Blois

L’orient existe-t-il véritablement en dehors des représentations et des discours ?

C’est autour de cette question que les intervenants, Leïla DAKHLI, Alain MESSAOUDI, François POUILLON, Pierre SINGARAVELOU et Pierre VERMEREN ont proposé d’ouvrir cette table ronde cet après midi. La thèse d’Edward W. Said, Orientalism, publié en 1978, avait à l’époque l’extrême intérêt de soulever cette question en décloisonnant les propos communément admis sur notre passé colonial. Cette critique vive de Said, qui définissait ce concept d’orientalisme comme un pur produit des fantasmes et d’un discours politique occidental des XIXe et XXe siècles, est aujourd’hui plus que jamais remise en question dans les problèmes historiques qu’elle pose, car elle ne tient pas compte des rapports souvent complexes, ambigus et parfois inexistants entre la politique et la création, ou chaque auteur mériterait d’être étudié au cas par cas.

Les travaux récents conduisent donc à réfléchir sur les auteurs même de ce courant orientaliste à partir des sources et des biographies (peu étudiées) dans le but de nuancer les propos parfois virulents de Said et des auteurs qui se placèrent dans sa continuité. Dans ce discours pourtant en faveur des peuples du Maghreb et du Proche-Orient, Said semblait avoir oublié que ceux-ci avaient eu un rôle dans cette production orientaliste !

Nos spécialistes interrogent donc des aspects oubliés de cette histoire :

- La notion d’espace, qui a été largement réduite à un même ensemble alors que les régions concernées ne posent pas les mêmes interrogations.

- Le dialogue parfois étroit entre intellectuels locaux et savants occidentaux, qui ajoutèrent une raison d’être non négligeable à l’instance coloniale. (Où E. Said en a-t-il fait mention ?)

- L’étude des savants occidentaux dépourvus de toute volonté de domination, examinés à partir d’archives délaissées.

- Enfin la question de la réappropriation et du réemploi de ces productions par les populations orientales elles-mêmes comme légitimation d’une culture ! (On peut penser notamment aux peintures orientalistes il y a encore peu stigmatisées pour leur caractère faussement vériste et impérialiste).

Malgré l’immense intérêt que peuvent présenter de telles recherches, quelques critiques s’imposent. D’abord à propos du temps, bien trop court pour étancher notre soif de curiosité et activer un réel débat entre le spécialiste et son auditoire. Enfin à propos du débat même, qui ne fut pas sans susciter quelques interrogations, notamment sur le regard posé par la recherche arabe sur ces problématiques.

Julie Paoli

Débat sur les lesbianismes dans le cadre des débats sur les sexualités minoritaires.

Autour de Christine Bard, Natasha Chetcuti, Valérie Pouzol et Eric Fassin s'articulait cette après midi un débat autour de la question du lesbianisme devant une assemblée principalement féminine. Dans un premier temps les relations entre féministes et lesbiennes à partir des années 70 nous furent commentées par Christine Biard historienne des femmes reconnue mais également présidente de l’Association des archives du féminisme s’appuyant sur son article Le lesbianisme comme construction politique tiré de l’ouvrage collectif Le siècle des féminismes. S’en suivie une approche sociologique du sujet par l’intervention de Natacha Chetcuti, sociologue et anthropologue et auteur de Se dire lesbienne paru en 2010. Elle nous éclaira principalement sur l’importance de la manière de se nommer et ainsi de se définir sexuellement. En effet alors qu’actuellement la nomination lesbienne est de plus en plus utilisée sur les forum de discussion et permet aux jeunes filles de se nommer lesbienne avant même de s’être vraiment positionnées, celle d’homosexuelle renvoi à une caractérisation médicale et enfin le terme gouine à pris depuis peu une signification politique. Ce fut alors à Valérie Pouzol spécialiste de l’histoire du genre et maître de conférence à l’université de Paris VIII de prendre la parole. Avec cette intervention portant sur le cas des féministes et des lesbiennes Israéliennes et Palestiniennes elle rend compte du nombre important de lesbiennes dans le cercle des militantes pour la paix mais aussi de la difficulté d’assumer son orientation sexuelle dans cette partie du monde. En effet Valérie Pouzol forte
de son expérience sur le terrain met en lumière la difficulté qu’elle eu pour obtenir des entretiens avec ces femmes et la volonté du gouvernement israélien à faire du thème de l’homosexualité une arme politique sans pour autant démocratiser celui-ci.
Enfin les intervenants conclurent ce débat en insistant sur le manque de sources concernant le sujet du jour mais qu’il ne fallait cependant pas arrêter les recherches sur ce sujet complexe mais passionnant.

A suivre dans le cadre des débats sur les sexualités minoritaires ; « Tourismes sexuels et désirs d’Orient », samedi 15 octobre.

M.V.


Interview de Natacha Chetcuti avec une intervention d'Eric Fassin et d'une amie des intervenants.




M.V & M.O

La Ve République: une crise permanente ?

C'est dans une salle comble que le débat intitulé « la Ve république : une crise permanente ? » commence.
5 intervenants : Gérard Courtois journaliste au Monde, Jean-Louis Debré président du Conseil Constitutionnel, Noëlle Lenoir ancienne membre du Conseil Constitutionnel et ancienne ministre des Affaires européennes, Pascal Perrineau directeur du CEVIPOV, et Jean-François Sirinelli, qui était le matin même à Sofia, historien et directeur du centre d'histoire de Sciences Po.

C'est Gérard Courtois, qui faisait office d'arbitre, qui introduisit le débat en expliquant pourquoi le choix de ce titre. Ce choix car une institution inchangée depuis un demi siècle, une longévité caractéristique de la situation du pays et de la qualité de l'institution. S'en suivit une expliquation plus ample du sujet en évoquant une « multitude de crises », une concentration très forte des pouvoirs, et une Ve république basée sur une présidentialisation du régime.

La parole fut ensuite donné à Mr. Debré, qui, avec passion, expliqua que la Ve république, oeuvre de son père Michel Debré, a eu la capacité de surmonter les crises grâce au suffrage universel. De plus, le suffrage universel, a-t-il expliqué, a permis de rendre crédible l'alternance politique.

Pascal Perrineau par la suite évoqua les différents types de crises en expliquant que ces dernières pouvaient avoir un effet positif. Mais que cette république a entrainé un isolement par rapport à la société, en effet il y' a un pouvoir qui donne l'impression qu'il n'est plus en phase avec une partie de la société.
Noëlle Lenoir, quant à elle, dit que la presse ne rendait pas compte de la fonction des constitutions et institutions. Elle nous fit aussi la confidence que lorsqu'elle était au gouvernement (entre 2002-2004), trois mots étaient imprononçables : « rigueur, austérité, et réforme ».
Jean-François Sirinelli, lui, commença par dire qu'il n'était pas d'accord avec ses prédécesseurs, du moins qu'il voulait nuancer leurs propos. Et démontra que la Ve république est née d'une crise, qu'elle a été confrontée a de grosses questions comme la montée en puissance de la démocratie d'opinion. Il se demanda par ailleurs que ce « régime dont le terreau a été les 30 Glorieuses » et que donc, « est-ce que ce régime peut survivre à la disparition du terreau dont il était porteur ? »

En est venu ensuite des questions sur le charisme des présidents depuis le général De Gaulle, le problème de la monarchie républicaine, le président comme homme ordinaire mais exceptionnel.
Ce débat s'est terminé sur une critique du monde politique actuelle, Jean-Louis Debré signala que maintenant les partis politique cherchaient d'avantage à se battre pour porter un seul homme, plutôt que se battre pour une idéologie.