jeudi 1 décembre 2011

L'orientalisme à l'épreuve de la guerre d'Algérie

Ce débat est co-organisé par la Cité nationale de l’histoire de l’immigration (CNHI) et l’association Génériques et animé par Marie POINSOT, rédactrice en chef de la revue Hommes et Migrations et Naïma YAHI, historienne, chargée de recherche, association Génériques, co-commissaire de l’exposition « Générations, un siècle d’histoire culturelle des Maghrébins en France ». Les intervenants sont Christine PELTRE, historienne de l’art, professeure à l’université Marc-Bloch de Strasbourg et Christelle TARAUD, professeure à l’université de Columbia.

L’orientalisme naît avec le début de la colonisation, comment a-t-il réagi à la décolonisation ? A la guerre d’Algérie ? Un courant artistique peut-il être affecté par des évènements politiques ?


La peinture orientaliste commence avec le début de la colonisation en Algérie, en 1830. Les grands peintres sont Dauzats, Chassériau… En 1849, Adrien Dauzats peint La Place du gouvernement à Alger et en 1850, Théodore Chassériau peint la Femme maure allaitant son enfant. Mais le grand interprète en est Eugène Delacroix. Mais leur peinture reste très imprégnée de culture antique ou d’influences médiévales. Ainsi, la chasse au faucon ou la salle des croisades du musée de l’histoire de France au château de Versailles. A l’initiative de Louis-Philippe, Horace Vernet peint les grandes scènes de la conquête de l’Algérie dans le même musée. Ces images ne sont pas dévalorisantes, elles subliment l’Orient. La figure d’Abd-el-Kader apparaît comme mythique. Mais en 1930, l’Algérie a changé. Elle est plus moderne. On remarque alors un certain ras-le-bol des Dinet et des Fromentin chez les intellectuels comme le poète Sénac. En 1952, l’exposition « Algérie 1952 » de Boris Taslitzky attaque la peinture orientaliste traditionnelle. En 1982, c’est la peintre Houria Niati qui donne sa version des Femmes d’Alger dans leur appartement de Delacroix. Ces femmes sont mutilées, torturées. Aujourd’hui, on trouve quelques peintres comme Hocine Ziani qui peint des tableaux d’histoire à la manière d’Horace Vernet ou encore Leïla Sebbar.


L’image de la femme de la mauresque à la beurette. Comment l’orientalisme a structuré l’image de la femme orientale ?

Dans les images orientalistes du XIXe siècle, la femme orientale est passive, soumise et lascive. C’est un symbole incontournable de l’Orient, représentée dans le harem, le hammam. Bien souvent, les femmes représentées n’ont rien à voir avec les femmes orientales. Elles sont objectivées et sexualisées selon l’imaginaire colonial, ainsi dans les nombreuses odalisques de harem, les femmes voilées dévoilées, les femmes mauresques aux seins nus. Cette image se dégrade de manière de plus en plus évidente. Les images actuelles des femmes orientales sont en grande partie pornographiques ; Il suffit de taper « beurette » dans un moteur de recherche pour le comprendre.

Quels sont les supports qui ont le plus contribué à la transmission des images ?

Les médias de masse : les cartes postales et le cinéma. Ces images traditionnelles perdurent, dans les chansons, dans la mode ou le cinéma.

Thomas D.