dimanche 16 octobre 2011

Café Littéraire: La bande dessinée asiatique, témoin de l'histoire?.

Geniève Clastres, Li Kunwu, Pascal Ory, Patrick Gaumer, Jul, P. Ôtié



Ce café littéraire fait intervenir Geneviève Clastres, cinéphile, un artiste chinois exceptionnel, Li Kunwu, auteur de Une vie chinoise. Mais aussi Jul, historien agrégé d'histoire et spécialiste de la diaspora chinoise, auteur de la nouvelle bande dessinée, La Planète des Sages. Philippe Ôtié est co-scénariste de l’œuvre Une vie chinoise, et également directeur de Public France.

La question principale s'est orientée vers la bande dessinée asiatique en tant que témoin de l'histoire, si elle tient ou non ce rôle.
A partir du XVème siècle, les premières formes graphiques sont les gravures. Il faut donc patienter jusqu'au début du XXème siècle pour entrevoir une forme de bande dessinée asiatique. Les Chinois les appellent "les images éclairées". Elles ont la forme de petits fascicules oblong et une courte description qui accompagne le texte. Elles connaissent un succès fou, vendues à des millions d'exemplaires, mais elles servent exclusivement d'outil de propagande. En 1909, un journal asiatique paraît sous influence du parti communiste. Le journal fait appel aux images narratives.
Toutefois on ne peut pas vraiment considérer ces formes graphiques comme une véritable bande dessinée même si la narration complète l'image. La bande dessinée fait ses premiers pas tardivement dans le monde asiatique et elle n'existe pas toujours. Ces formes embryonnaires copient surtout les autres pays. Tintin est alors redessiné en noir et blanc. Ces bandes dessinées sont redécoupées, reproduites en mauvais état. Une révolution culturelle s'opère dans les années quatre vingt dix avec l'apparition des caricatures politiques, la production d'excellents dessins de presse. De rares bandes dessinées exposent la vie chinoise. Elles sont beaucoup plus proches du style manga ou des comics américains. Elles illustrent avant tout des scènes d'action et du kung fu. L'illustration d'une vie chinoise est un univers encore très lointain.

Li Kunwu partage avec nous son expérience personnelle pour nous éclairer sur la place de la bande dessinée en Asie. Il constate depuis trente ou quarante ans que la bande dessinée est en progression constante en Chine. La taille des premières BD est vraiment très réduite par rapport à ce que l'on connaît en France. La génération d'artiste précédente était étroitement influencée par le dessin traditionnel mais la nouvelle génération plutôt par le style manga. La vie réelle des gens est peu à peu traitée et partagée. La bande dessinée asiatique est ensevelie par la mode manga. Ce phénomène se propage également en Occident. En France, il représente 40% du commerce de la BD. Li Kunwu pense que cette génération manga se ternie depuis quelques années et qu'une nouvelle vague créative arrive pas à pas. Il est confiant envers les jeunes artistes car ils se dirigent vers leurs propres voies créatrices au cœur d'une culture chinoise vive et très riche.

De plus en plus, les auteurs chinois orientent leur scénario vers des thèmes historiques de prédilection avec les grands récits fondateurs, les légendes épiques. D'ailleurs le statut de l'histoire est présent dès le début. La BD japonaise retrace la vie des samouraïs mais les faits contemporains sont très peu mis en lumière. Localement de grands auteurs expliquent le suivi de leur pays. On retrouve par exemple La où vont nos pères, traité avec une atmosphère sinistre, en noir et blanc, qui représente l'immigration en générale.
Une vie chinoise est un récit autobiographique qui retrace la prise du pouvoir de Mao Zedong à aujourd'hui.

Il ne faut pas oublier la censure omniprésente dans certains pays asiatiques comme en Birmanie. Aujourd'hui de nouveaux talents commencent à se détacher de cette influence traditionnelle. Internet a aussi sa part d'importance car cela permet de faire évoluer les choses. Toutefois, une censure morale imprègne chaque auteur et éditeur. Ils se fondent une idée propre des limites à ne pas franchir car chacun risque sa place dans la société.

Je pense que la bande dessinée doit être considérée de manière importante car elle est médiatrice. C'est un moyen fort de mettre en lumière la vie quotidienne d'une population, de retracer des évènements historiques. Grâce à sa forme graphique elle est accessible à tous. C'est aussi un bon outil pédagogique.

Morgane Guénard.

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