mercredi 7 décembre 2011

Rencontre avec M.Ferrante Ferranti

Une rencontre originale, c'est comme cela que je définirais mon entrevue avec M. Ferrante Ferranti.

Le 13 octobre 2011 … M.Ferrante Ferranti inaugurait son exposition

Dès qu'on l'eut averti de ma présence et de mon souhait de l'interviewer, il a tout de suite répondu positivement à ma requête. C'est ainsi que nous nous sommes installés dans la salle des mariages pour discuter de son parcours et de son exposition.. Je n'avais pas pu rentrer en contact avec lui avant de me présenter à la maison où avait lieu le vernissage. Quand je suis arrivée, il était occupé à peaufiner la mise en place de ces oeuvres.


Mais qui est M.Ferrante Ferranti?

M.Ferrante Ferranti est un photographe d'origine sarde et sicilienne. Durant sa jeunesse, il était passionné par l'histoire, les civilisations anciennes, il pensait même devenir égyptologue ou archéologue. Finalement, il a étudié l'architecture à Paris et c'est en poursuivant ses études qu'il s'était retrouvé à prendre des clichés d'architecture. C'est à cette occasion, qu'il a su que la photo était faite pour lui et inversement. Il s'est découvert une passion pour le baroque catala

n qui est devenu un de ses sujets fétiches qu'il a voulu faire redécouvrir au travers d'un livre regroupant ses photographies.


Comment une exposition dans le hall de la mairie de Blois a-t-elle vu le jour ?

Ce n'est pas la première fois que M.Ferrante Ferranti vient à Blois. Il avait déjà était contacté plusieurs années auparavant pour effectuer un travail sur Mansart.

A l'époque, il avait apprécier la ville de Blois et c'est donc avec plaisir que cette année encore il a accepté d'exposer ses oeuvres dans le Hall de la Mairie de Blois.


L'exposition visible dans le Hall de la Mairie de Blois regroupe les clichés que M.Ferrante Ferranti a pris au cours de son voyage à bords du transsibérien, un train mythique, pour beaucoup un rêve, un rêve que lui a réalisé. Cette exposition a vu le jour grâce à la volonté conjointe du gouvernement russe et du gouvernement français. En effet, M.Ferrante Ferranti a été contacté, ainsi que d'autres artistes, afin d'exercer sa passion au cours du voyage. De ce voyage de plusieurs semaines, M.Ferrante Ferranti, nous a rapporté des images magnifiques, des instants capturés pour l'éternité.



Après s'être plié à cet exercice de l'interview, M. Ferrante Ferranti a continué de jouer le jeu et a accepté de poser pour l'article avant d'inaugurer son vernissage.




Suite à cette entrevue, je suis retournée dans le hall d'exposition où j'ai pu discuter avec des personnes de tout horizon:

Elena Taverne:

« C'est vraiment magnifique, ces photos me rende nostalgique, je suis russe et c'est vraiment ça la Russie, des monuments et à côté des petites maisons en bois comme sur la photographie. »

« Je suis venue car j'ai vu dans le programme des RDV qu'il y avait cette exposition sur la Russie et je suis ravie de voir que le photographe a su montrer ce qu'est la Russie et j'espère que ça donnera envie aux gens de visiter mon pays »

  1. Le maire de Blois, M.gricourt

« C'est un voyage extraordinaire, une exposition magnifique, avec un rêve que celui de voyager à bord du transsibérien... »

Après m'avoir accordée un instant M. Gricourt a inauguré le vernissage.




Melle Guénard Morgane et Melle Dupuis Emmanuelle

Interview de Frédéric Mitterrand


Par Maxime Choisy et Charles Brocherie

Atelier: autour des milles et une nuits: un projet pédagogique.

Le vendredi 14 octobre 2011, dans l'enceinte de l'IUFM de Blois, un atelier été proposé en vue de la présentation d'un projet pédagogique développé par la BNF articulé autour des Milles et une nuits.

L'atelier devait initialement être animé par Mme Anne Zali. Cependant cette dernière n'ayant pu être présente, Mme Annie Vernay-Nouri a pris sa relève nous présentant ainsi le projet mis en place par la BNF mais aussi d'un point de vue plus spécifique


Ces deux temps de l'atelier ont permis à un public principalement d'avertis (professeurs/ CPE) de prendre connaissance des possibilités ouvertes aux éducateurs afin d'éveiller les enfants à l'art et l'écriture orientale. les projets en rapport avec son secteur d'activité, à savoir le département des manuscrits.


1er temps de l'atelier: présentation du projet pédagogique autour des milles et une nuits.

Le but de cet atelier est de présenter les dispositifs pédagogiques existants à la BNF.

Depuis septembre dernier, un concours est réalisé à la BNF. (inscriptions de septembre à fin novembre). Le projet repose sur l'idée d'un travail éducatif des enfants sur le thème des 1001 nuits. En effet, à partir de l'intrigue (Shéhérazade qui raconte chaque nuit une nouvelle histoire afin de repousser son exécution) et du programme de numérisation des textes persans, turcs, …, chaque classe inscrite doit inventer une histoire mettant en scène un ou plusieurs textes des 1001 nuits (histoire en rapport avec l'orient, la nuit,...). Par exemple, les c

lasses peuvent partir d'une phrase récurrente telle que « Et l'aube chassant la nuit, Shéhérazad dut interrompre son récit.» .

Les enfants, dans le cadre du concours, doivent alors faire un livre illustré du récit conçu par leurs soins. Les livres ainsi constitués doivent être rendus impérativement au mois de mars.

Ce projet très précis est réservé aux primaires, cependant, il existe aussi un projet ouvert aux lycéens de première qui ont la possibilité de créer un scénario chorégraphié et théâtralisé.

Ces deux projets ponctuels s'inscrivent dans une optique d'ouverture à l'art littéraire oriental.


2nd temps de l'atelier: projet pédagogique et département des manuscrits.
Le département des manuscrits, lieu mystérieux, réservé en principe aux experts et connaisseurs, où il faut montrer patte blanche pour y pénétrer, a
depuis peu ouvert ses portes à un nouveau type de spectateurs : les scolaires.

Depuis plusieurs années, ce département travaille en collaboration avec la médiathèque de Saint Denis afin d'offrir à un plus grand nombre la vue des manuscrits protégés.

Le BNF propose plusieurs ateliers: atelier chorégraphique, atelier d'écriture arabe, atelier de miniature orientale. Le but ici n'est pas seulement d'intéresser les enfants avec un travail pédagogique, mais aussi de faire venir un public d'adulte, de faire venir les parents dans un premier temps pour qu'ils voient le travail de leur progéniture mais pourquoi pas ensuite de leur donner envie de s'intéresser.

Les projets du département des manuscrits s'orientent surtout vers des classes de CM2, cependant une classe de 5e en a fait l'expérience. Le projet s'articule autour d'une visite orientées:

  • qu'est ce que l'orient pour les enfants? Quelle en est leur définition?

  • Présentation de livres du monde musulman

  • Qu'est ce qu'un manuscrit? Du monde musulman?

  • Quelles sont les différences entre les livres musulmans et occidentaux? (sens de lecture et d'écriture, rapport à l'écrit important dans le monde musulman...)

  • Comment fabrique-t-on un manuscrit?

  • Qu'est-ce qui est écrit dessus? (langues)

  • démonstration des types d'ornements

  • présentation de divers types/formats de livre

  • Présentation du Coran : modèle de libre en Islam

    - qu'est ce qu'une reliure?

    - type d'écriture

  • - mise en relief de l'absence d'enluminure, mise en avant des ornements

Le travail s'oriente notamment sur une valorisation du savoir des enfants connaissant la langue arabe qui sont souvent stigmatisés. Dès lors, un travail sur l'influence importante des arabes dans la propagation du papier se fait.

Pour finir divers grands textes/ manuscrits sont présentés aux enfants comme par exemple le livre des 1001 nuits ou encore le kalila wa dimma (recueil de fables animalières), le Shah-nameh, des recueils de prières africains ….ant l'arabe qui sont souvent stigmatisés. Dès lors, un travail sur l'influence importante des arabes dans la propagation du papier se fait.

Cet atelier s'adressait, au vue de son contenu, à un public d'avertis. Cependant, il permet à un public de profane de se rendre compte de l'influence non-négligeable de l'orientalisme dans les sociétés occidentales puisqu'il s'inscrit aussi dans un cadre scolaire et pédagogique même des plus petits.

mardi 6 décembre 2011

les révoltes arabes au miroir du "printemps des peuples "

Dimanche 16 octobre à 14h30 s’ouvre une conférence qui adopte un point de vue historique original , celui de la comparaison entre les révolutions arabes actuelles de 2011 et le printemps des peuples de 1848. Les deux évènements pourtant éloignés de plus d’un siècle et demi se retrouvent réunis sous un même terme, celui de "printemps révolutionnaire". Un groupe de six historiens spécialisés en histoire politique du 19ème siècle ou sur le monde arabe se sont interrogés sur les similitudes ou différences de causes , d’acteurs , de diffusion des idées des deux mouvements.

Tous enseignent l'histoire , en université, à l'institut d'étude politique, en France ou à l'étranger. KMAR BENDANA intervient en tant que spécialiste de la Tunisie, NORA BENKORICH intervient pour la Syrie, BENJAMIN STORA est spécialiste du Maghreb et de l’Algérie. JEAN-CLAUDE CARON est spécialiste du XIX eme siècle et précisémment des révolutions de 1848 . ALAIN-GERARD SLAMA est un historien , polémiste et journaliste . Et enfin JEAN GARRIGUES est spécialiste d’histoire politique, c'est lui qui mène le débat.

Les Objectifs

Nora Benkorich est celle qui a le plus développé la question des objectifs comparés de la révolution de 1848 et de la révolution Syrienne . La notion de fraternité de 1848 peut se retrouver dans les liens de solidarités trans-arabes actuels comme par exemple les circulations d'informations entre Tunisie et Syrie. Pour les notions de liberté et démocratie réclamées en 1848 elle signale que c’est la liberté qui prévaut chez les Syriens qui considèrent que la démocratie viendra forcément de leur liberté de choix devant les urnes.

La question de la labellisation d’un évènement

Très vite émerge la question de la fabrique d'un évènement par le nom qu'on veut lui donner. Le terme de révolution arabe est partout dans les médias et utilisé sans plus de d'interrogation par la plupart des gens. C’est Jean Claude Caron qui intervient le premier , il rappelle que le Printemps des peuples aurait pu être appelé printemps des révolutions , ou année des révolutions ce qui montre bien qu’aucune appellation ne coule de source. Il termine en disant qu’il serait préférable de parler de révoltes pour les soulèvements de 2011 puisque le terme révolution ne devrait être utilisé qu'une fois le processus fini et les conséquences (comme celles d’un changement de régime ) analysées. Il regrette également que le mot révolution n’englobe pas tout le mouvement mais ne soit utilisé que pour parler des combats armés.

Sur la question des appellations , Kmar Bendana réagit et rappelle que le terme de " révolution du Jasmin" construction de la presse étrangère au tout début des évènements Tunisiens a été violemment rejetté par les acteurs du mouvement . Il était jugé offensant de part son caractère exotique en paradoxe complet avec la brutalité des évènements.Elle et Nora Benkorich reviennent sur le terme de "révolution" qui a posé moins de problème puisqu'en arabe le mot signifie à la fois révolte et révolution .

Une autre labellisation qui a fait fureur dans les médias est celle de « Révolution facebook , twitter ou 2.0," ce qui leur fait une bonne transition pour envisager le rôle d'internet dans la diffusion de l'information.

Jean Claude Caron regrette qu'on prenne le moyen (internet ) pour la chose (la révolte) même si Kmar Bendana lui répond qu'elle ne voit pas comment dissocier internet et la révolution car ce sont les images de la révolution véhiculées par les réseaux sociaux qui ont entretenu le mouvement. Pour elle la diffusion des informations par internet entretient l'espoir et le courage et permet aux acteurs de se sentir en phase avec leurs idées. Nora Benkorich ajoute qu' internet a permis la diffusion du mouvement car des conflits isolés qui auraient pu être étouffés par le gouvernement Syrien ont trouvé un écho national .

Sur le thème des causes et acteurs des révolutions .

La montée de l’alphabétisation, de l’éducation des populations dans une période ternie par la crise économique et le refus des corruptions grandissantes sont pour Alain Gérard Slama les éléments principaux de la conjecture exceptionnelle qui a fait naître les révolutions de 2011 . Kmar Bendana complète son propos en expliquant que le régime Ben Ali avait réussi à imposer à l’international la vision de la Tunisie comme un petit pays calme, sans contradictions où les droits de l’homme étaient respectés . La Tunisie a enfin pu révéler au monde son histoire cachée, ses problèmes, la pauvreté , éléments bien connus à l'intérieur du pays mais pas à l'échelle internationale, que le site wikileaks a révélé au monde entier.

Enfin Jean Garrigues en tant qu'historien du XIX ème s'interroge sur la question des acteurs qui sont les mêmes en 1848 et en 2011 . Il regrette que la lumière soit toujours mise sur les même groupes héros de la révolutions comme par exemple les étudiants et que d'autres comme les paysans soient toujours délaissés . En 1848 on considerait que les paysans ne pouvaient avoir de culture politique réservée aux urbains ,c'est encore le cas aujourd'hui malgré le rôle évident des paysans dans la révolution. Benjamin Stora estime que cette lacune dans l’information provient d’une paresse intellectuelle de la presse qui segmente pays par pays et présente toujours l'information sous les mêmes angles limités.

Peut être ont -ils été un peu prophètes puisqu'une heure plus tard le thème des rendez vous de l'histoire 2012 à été donné, il s'agira des paysans , espérons que ceux ci retrouverons la place qu'ils méritent dans certains évènements historiques .

Cette conférence s’est avérée agréable à suivre puisque très vivante, les intervenants réagissant régulièrement aux propos de leurs collègues. Les thèmes et le temps de parole bien orchestrés par Jean Garrigues ont permis de ne pas perdre le fil. On sentait aussi l'implication de chaque intervenant dans les évènements qui bouleversent le monde arabe, et qui suscitent chez eux des interrogations et attentes. Mais plus encore qu'un simple éclairage sur la situation actuelle et sa comparaison intéressante avec celle de 1848, les intervenants ont poussé le public à s’interroger et garder un esprit critique sur le traitement des révoltes/ révolutions dans les médias. Les termes employés à tord ou sans réelle compréhension, les visions souvent partielles et orientées de ce genre d’évènements sont récurrentes . Jean Claude Caron a particulièrement insisté sur les dangers de l’information immédiate qui « s’écrit à chaud , qui dit « tout ce qu’elle sait et qu’elle ne sait pas » et contre laquelle il faut lutter . Il prend l’exemple de Wikipédia qui fournit déjà des notices sur les révolutions arabes de chaque pays alors que les mouvements sont encore en cours , la Syrie est déjà qualifiée de révolution alors que la situation est plus complexe à l’heure où la conférence se tient.

Léa Cicchelero


COMMENT REGARDER VERSAILLES ? UNE HISTOIRE DU CHÂTEAU PAR LES DOCUMENTS


Cette conférence a offert à l'auditoire une véritable grille de lecture du château de Versailles. Ainsi nous avons pu comprendre les enjeux politiques déguisés à travers les diverses représentations du célèbre château réalisés au cours de différentes époques.

C'est M. Alexandre Gady qui présente cette conférence. Il se présente lui-même comme une historien de l'art. Il est également l'auteur de nombreux ouvrages spécialisé, concernant notamment l'urbanisme parisien du XVIIe siècle.

La conférence a été organisé dans le but de promouvoir son nouveau livre, VERSAILLES, la fabrique d'un chef-d'oeuvre aux éditions Le Passage, et l'auteur nous invite à venir à la séance de dédicace organisée un peu plus tard. La présentation donnée par ce professeur n'y est pas pour rien dans le succès qu'a été pour moi cette conférence. C'est un homme très enthousiaste et dynamique qui se présente à nous. Il paraît réellement passionné par son sujet et fier de ce que ses recherches aient donné naissance à ce livre.

Pourtant on aurait pu se dire : encore un livre sur Versailles. C'est pour cette raison que M. Gady nous présente en quoi son idée est originale. Versailles est l'image représentative de la monarchie absolue. Son historiographie ne peut don être que politisée. Les tendances monarchistes sont très présentes dans cette historiographie, même encore aujourd'hui, en illustrant les qualités de la monarchie. Les nationalistes forment un second groupe qui a tenté de manipuler l'image de Versailles en en faisant "le chef-d'oeuvre de la France". L'historiographie française a donc voulu faire de Versailles un modèle du classicisme s'opposant au baroque. Or, au fil de ses transformations le château s'est progressivement éloigné du style classique pour devenir unique et trouver un style qui lui est tout personnel, dépendant de son histoire. On a également longtemps conjugué Versailles et Révolution française en occultant près d'un siècle et demi de son histoire.

M. Gady a choisi pour sujet de son livre ces mêmes transformations. C'est pour cette raison qu'il a donné à son livre une structure chronologique. Il a également voulu mettre en valeur les récentes recherches sur Versailles. La direction du château a en effet créé son propre centre de recherches. Pour sortir du nationalisme lié à l'histoire du château, des chercheurs de différentes nationalités ont été recrutés, dans le but de s'approcher au plus près d'une histoire véritable et objective. Ce travail en profondeur vise à associer au mieux les approches des conservateurs et des chercheurs.

Mais malheureusement les sources primaires du château ont bien souvent été détruite. De nombreuses reconstructions et reconstitutions ont été conduites dans le but de restituer au maximum le château tel qu'il était lors du départ de Louis XVI et donc au moment de la fin de la monarchie. La volonté d'attirer des touristes a donc bien souvent mené à un appauvrissement de la valeur culturelle et historique de Versailles.

C'est donc une critique du château tel qu'il est aujourd'hui que M. Gady et ses collaborateurs ont voulu donner à travers ce livre. Il cherche également à montrer les manipulations qui ont été opérées à travers les représentations du château. Pour terminer sa conférence, M. Gady nous montre une série d'images de Versailles et décrypte pour nous leurs messages et leurs symbolisme.

Cette conférence a donc été une très bonne surprise pour tout un auditoire qui en est ressorti enthousiaste et enrichi d'informations surprenantes sur un sujet que chacun pensait bien connaître et qui apparemment renferme encore bien des surprises.

lundi 5 décembre 2011

Blois











































La Chine dans la Seconde Guerre mondiale


Les ruines de Shangaï, 1937


Vendredi 14 octobre, 11h30. Cette conférence, dirigée par Emmanuel Thiébot, historien, fait intervenir Françoise Kreissler, professeure à l'Institut National des Langues et Civilisations Orientales (INALCO) et Sonia Au, doctorante.

En Europe, la fin de la Guerre Froide laisse place à un retour sur la mémoire de la Seconde Guerre mondiale, et pose de nouvelles questions. En République Populaire de Chine, ce processus se fait en décalage avec le reste du monde. En effet, l'année 1989 marque un retour en force de l'idéologie communiste. Le but de cette conférence sera de comprendre comment la Seconde Guerre mondiale s'est inscrite dans la mémoire collective chinoise. La conférence commence par un rappel des évènements. Le premier front de la Seconde Guerre mondiale s'installe en Chine, après l'incident Marco Polo, le 7 juillet 1937. Les troupes japonaises, qui occupent déjà la Manchourie, font régulièrement des incursions en territoire chinois. Une simple escarmouche va mettre le feu aux poudres et déclencher la guerre sino-japonaise. Le Japon envahit alors la Chine, et ne rencontre que peu de résistance, jusqu'en Chine Centrale. Alors seulement, l'armée nippone enregistre de lourdes pertes et réalise que la conquête sera plus longue qu'espérée.

Entre 1937 et 1945, la Chine est divisée en plusieurs territoires, dirigés par différents pouvoirs qui s'affrontent entre eux : les nationalistes, les Japonais, puis les communistes à partir du 8 août 1945. Une semaine plus tard, le 15 août 1945, le Japon déclare le retrait des troupes. La Chine se déclare alors victorieuse, mais le Japon refuse de se considérer comme perdant.

La Chine bascule alors dans trois années de la guerre civile, et la période 1937-1945 s'éloigne des mémoires, face à une actualité plus brûlante. En 1946 sont organisés quelques procès de criminels de guerre, mais les règlements de compte avec le Japon attendront : les communistes prennent le pouvoir, et imposent leur idéologie des années de conflit. Les années suivantes ne donneront naissance qu'à peu de publications scientifiques sur le sujet, toujours sur des questions purement géographiques, ou servant la propagande communiste. La transmission de l'histoire de la guerre se fait presque intégralement par la culture populaire : cinéma, bande dessiné, théâtre, … Cette histoire de la guerre transmet une vision très sinocentrée du conflit, appelée « guerre de résistance face au Japon », expression occultant le reste du monde. C'est également une vision très formatée qui s'installe, où ne sont retenus que les évènements glorieux pour le communisme et le peuple chinois. Un exemple marquant de la force de l'idéologie communiste : l'occupation partielle de la Chine laisse penser qu'il existe une multitude de visions et de souvenirs de la guerre. Cependant, la « grille de lecture » maoïste reformate complètement cette mémoire collective et impose une image qui restera figée jusqu'en 1981.

En effet, le début des années 1980 marque la fin du maoïsme, ce qui permet un retour et une relecture du passé de guerre. La guerre sino-japonaise demeure malgré tout un symbole de la puissance du peuple chinois. Avec les années, les mentalités vont peu à peu évoluer. Un exemple frappant est celui du mémorial de Nankin. Ouvert en 1985, il est inauguré le 15 août, date victorieuse des quarante ans de la fin de la guerre. Lors de sa réouverture après quelques travaux en 2007, la date choisie est celle du 13 décembre, soit le jour de l'arrivée des troupes japonaises à Nankin. Ici, on a choisit de souligner la douleur et le traumatisme laissés par le massacre. Les années 1990 laissent également place à une vision plus globale de la guerre, de plus en plus souvent appelée « Seconde Guerre mondiale ».

Cependant, au contraire des relations franco-allemandes, les relations sino-japonaises sont loin d'être apaisées. En Chine, en 2005, de virulentes manifestations dénoncent le négationnisme du massacre de Nankin dans les manuels scolaires japonais. De plus, les Chinois se révoltent contre la demande du Japon d'intégrer le conseil de sécurité de l'ONU. En effet, la repentance du Japon quant aux massacres n'est que récente et paraît peu sincère, quand on sait qu'on parle encore là bas des « incidents de Chine », expression qui n'est pas sans rappeler « les évènements » d'Algérie. Ainsi, le président chinois Hu Jintao a déclaré : « Il n'est pas possible de contourner l'histoire, et je souhaite que le Japon affronte ce problème de manière plus objective ».


La conférence vue par Anaïs Prieto :

Cette conférence m'a beaucoup intéressée. En effet, elle m'a permis d'en savoir un peu plus sur un aspect de la Seconde Guerre mondiale peu enseigné ici, et peu accessible au vu du nombre restreint de livres en langue française sur le sujet. La place et l'histoire de la Chine dans cette guerre posent la question de la mémoire collective, et de la façon dont elle peut être manipulée. De plus, l'instauration du communisme juste après la guerre, ainsi que le négationnisme du Japon, ont repoussé la mise en place du processus auquel nous avons assisté en Europe. En effet, les procès de Nuremberg, les nombreux ouvrages et débats ont permis de clore, sans l'oublier, ce chapitre sombre de l'Histoire européenne. Alors que la blessure chinoise, non prise en compte et non soignée, est encore à vif.


La conférence vue par Katy Perisse :

J’admets volontiers que sur le programme, cette conférence ne m’attirait guère et que je m’y suis rendu avec réticence dans le seul but qu’elle me serve à rédiger un compte-rendu pour le séminaire de Guerre et Société proposé en M1 Histoire. Néanmoins, je ne fus pas déçue, cette conférence a été l’une des plus intéressantes et instructives qu’il m’ait été donné de voir pendant ces Rendez-Vous de Blois. De par son sujet tout d’abord : la place qu’a tenu la Chine durant la Seconde Guerre Mondiale, et son historiographie sur le conflit ; un sujet méconnu en France, rarement abordé dans le domaine universitaire et la recherche. Ensuite par la richesse des interventions, mélangeant récits factuels, culture de guerre et interprétation des conflits, et extrait de littérature chinoise, le tout conclu par un débat utile sur l’objectivité réelle des mémoriaux, qu’il soit là chinois, japonais ou même français.



dimanche 4 décembre 2011

Il était une fois une conteuse... Muriel Broch...

Il était une fois, dans une charmante bourgade prénommée Blois, l'histoire de la conteuse à la parole envoutante.

Dans cette ville, il y a avait un lieu magique, un lieu emblématique, un lieu ouvert à tous. C'était une maison où les livres avaient trouvé demeure : la bibliothèque de l'Abbé Grégoire. Cette maison du savoir où petits et grands venaient en temps normal afin de s'évader, apprendre, découvrir, s'émerveiller.... avait revêtu un tout autre aspect en ce samedi ensoleillé du 15 octobre 2011.

En effet, dans une salle dédiée à la jeunesse, endroit où l'imagination est reine, des chaises et des tapis avaient été disposés face à un mur, un long tapis gris au sol et une table avec divers objets disposés dessus. Les enfants avaient posé leur livre pour s'installer sur un tapis coloré et les adultes s'étaient assis confortablement sur leur siège. Mais qu'attendaient-ils tous positionnés ainsi?

…..


Après quelques instants, une femme souriante est apparue, attirant l'attention d'un public impatient de voir ce qu'elle allait faire. Un flot de paroles enfantines, de commentaires d'adultes fusaient, tous tentaient de faire preuve de discrétion mais un bruit de fond persistait. Cependant, en un seul mot, la femme mit un terme à tout ces bavardages. Elle avait réussi à captiver totalement son auditoire. S'assurant d'avoir bien l'attention de tous, elle se mit à conter des histoires, toutes plus magiques les unes que les autres. Elle parlait tour à tour d'un sultan qui s'ennuyait, d'hachichi et du lion, de la femme du roi des voleurs, de Ganesh et Parvatti avec leur enfant Shiva et tant d'autres encore.

La passion et la vie qu'elle insufflait dans ces contes emmenaient le public dans des pays haut en couleurs. L'orient devenait alors un monde palpable.... Les voyageurs ont ainsi pu visiter l'Iran, l'Inde.....

Lorsqu'elle finit sa narration, elle s'assura de rendre les oreilles à tous ceux à qui elles les avait emprunté pendant une heure d'aventure. Une fois cela fait, les spectateurs jeunes et moins jeunes se mirent à applaudir à tout rompre, remerciant de cette façon cette saltimbanque des temps modernes qui les avait emmené bien plus loin qu'aucun billet d'avion n'aurait pu le faire.

Et si vous visiteurs du blog vous partiez en voyage au rythme d'un conte?




Mais qui est cette femme à la voix sans nul autre pareil?
Rencontre avec Muriel Broch


jeudi 1 décembre 2011

L'orientalisme à l'épreuve de la guerre d'Algérie

Ce débat est co-organisé par la Cité nationale de l’histoire de l’immigration (CNHI) et l’association Génériques et animé par Marie POINSOT, rédactrice en chef de la revue Hommes et Migrations et Naïma YAHI, historienne, chargée de recherche, association Génériques, co-commissaire de l’exposition « Générations, un siècle d’histoire culturelle des Maghrébins en France ». Les intervenants sont Christine PELTRE, historienne de l’art, professeure à l’université Marc-Bloch de Strasbourg et Christelle TARAUD, professeure à l’université de Columbia.

L’orientalisme naît avec le début de la colonisation, comment a-t-il réagi à la décolonisation ? A la guerre d’Algérie ? Un courant artistique peut-il être affecté par des évènements politiques ?


La peinture orientaliste commence avec le début de la colonisation en Algérie, en 1830. Les grands peintres sont Dauzats, Chassériau… En 1849, Adrien Dauzats peint La Place du gouvernement à Alger et en 1850, Théodore Chassériau peint la Femme maure allaitant son enfant. Mais le grand interprète en est Eugène Delacroix. Mais leur peinture reste très imprégnée de culture antique ou d’influences médiévales. Ainsi, la chasse au faucon ou la salle des croisades du musée de l’histoire de France au château de Versailles. A l’initiative de Louis-Philippe, Horace Vernet peint les grandes scènes de la conquête de l’Algérie dans le même musée. Ces images ne sont pas dévalorisantes, elles subliment l’Orient. La figure d’Abd-el-Kader apparaît comme mythique. Mais en 1930, l’Algérie a changé. Elle est plus moderne. On remarque alors un certain ras-le-bol des Dinet et des Fromentin chez les intellectuels comme le poète Sénac. En 1952, l’exposition « Algérie 1952 » de Boris Taslitzky attaque la peinture orientaliste traditionnelle. En 1982, c’est la peintre Houria Niati qui donne sa version des Femmes d’Alger dans leur appartement de Delacroix. Ces femmes sont mutilées, torturées. Aujourd’hui, on trouve quelques peintres comme Hocine Ziani qui peint des tableaux d’histoire à la manière d’Horace Vernet ou encore Leïla Sebbar.


L’image de la femme de la mauresque à la beurette. Comment l’orientalisme a structuré l’image de la femme orientale ?

Dans les images orientalistes du XIXe siècle, la femme orientale est passive, soumise et lascive. C’est un symbole incontournable de l’Orient, représentée dans le harem, le hammam. Bien souvent, les femmes représentées n’ont rien à voir avec les femmes orientales. Elles sont objectivées et sexualisées selon l’imaginaire colonial, ainsi dans les nombreuses odalisques de harem, les femmes voilées dévoilées, les femmes mauresques aux seins nus. Cette image se dégrade de manière de plus en plus évidente. Les images actuelles des femmes orientales sont en grande partie pornographiques ; Il suffit de taper « beurette » dans un moteur de recherche pour le comprendre.

Quels sont les supports qui ont le plus contribué à la transmission des images ?

Les médias de masse : les cartes postales et le cinéma. Ces images traditionnelles perdurent, dans les chansons, dans la mode ou le cinéma.

Thomas D.

mercredi 30 novembre 2011

Nostradamus Prophète de malheur ou médecin des âmes



Conférence donnée par Denis CROUZET, professeur à l’université de Paris IV Sorbonne, auteur de Nostradamus (Editions Payot, 2011)

Si le thème des Rendez-Vous de l’Histoire cette année est l’Orient, toutes les conférences n’abordent pas ce sujet. Vous ne trouverez rien de mieux que de faire un tour du côté de l’observatoire de la biographie historique pour se distraire entre deux conférences. La salle de conférence du château de Blois n’était pas pleine, la foule n’était pas pressée pour venir écouter la vie de cet étrange personnage dont on ne sait presque rien.

Né le 14 décembre 1503 à Saint-Rémy-de-Provence dans une famille juive convertie au catholicisme, Michel de Nostredame, dit Nostradamus fait des études de médecine à Montpellier et devient docteur en 1532. On sait que de 1546 à 1547, il se trouvait à Aix et à Lyon pour soigner des malades de la peste. Il se fait connaître en éditant des prophéties sous la forme de quatrains. Sa renommée arriva ainsi à la cour de France où il est reçu par Catherine de Médicis, qui lui fait rencontrer le roi Charles IX. Il reste à la cour sa vie durant, jusqu’à sa mort qui survient en 1566. Tous les ans, Nostradamus fait des pronostics pour l’année à venir, mais il serait vain de vouloir trouver du sens à ses prophéties, comme l’ont fait de nombreux charlatans par la suite. Nostradamus y montre une vision du mal qui est dans l’homme ; on y trouve « des monstres et des merveilles, des tempêtes et des sécheresses ». Il y parle une langue énigmatique qui vise à effrayer ses lecteurs pour leur montrer la nécessité de conversion à Dieu. Effrayés par un avenir terrible, ceux-ci comprenaient que face au péril de la haine bien mieux valait vivre dans l’amour du Christ. En plus d’être médecin du corps, il se veut « médecin des âmes » selon la formule de Denis CROUZET. Dans une période difficile, de déchirement religieux entre catholiques et protestants, Nostradamus, évangéliste, choisit de se situer ni dans un camp ni dans l’autre, mais au milieu, à la manière d’Erasme. Souvent comparé à Rabelais, les deux humanistes ne sont pas si éloignés l’un de l’autre. Tous les deux ont fait leurs études de médecine à Montpellier, sont évangélistes et nourris d’Erasme. Et si pour Rabelais, c’est le rire qui est le remède contre les maux de ce temps, Nostradamus prêche le retour à Dieu présent dans chacun de nous par une foi purifiée.

J’ai demandé si Nostradamus était bien compris ainsi par les gens de son époque, mais la réponse est difficile à donner, on n’a pas de témoignage et on en sait pas grand-chose. Denis CROUZET est l’auteur d’un livre sur Nostradamus.

Thomas DRUCY

mardi 29 novembre 2011

Le Musée de la Grande Guerre du Pays de Meaux , six ans de travaux.

Samedi , 14 heure dans le petit amphithéâtre de l’ENIVL s’ouvre le débat sur « les coulisses d’un musée d’histoire, un mois avant son ouverture : muséographie et chantier des collections. » C’est une séance en petit comité, nous sommes trois au début , un peu plus d’une dizaine à la fin pour deux intervenants : Le directeur du musée, MICHEL ROUGER et la directrice des collections, JOHANNE BERLEMONT .

Ils sont venus présenter le Musée de la grande Guerre du Pays de Meaux aujourd’hui ouvert (inauguré le 11 novembre 2011 ) mais qui était à un mois de son ouverture au moment de la conférence. Il n’y a pas eu de réel débat mais plutôt un historique du projet qui a vu le jour en 2005 , ils ont donc retracé pour nous les six années de développement du musée .Ils ont pu nous faire part de leurs choix et partis pris muséographiques. (la muséographie est l’ensemble des sciences et techniques nécessaire à la présentation et conservation des œuvres dans un musée ). Ils ont justifié un certain nombre de leurs décisions d’orientation notamment dans l’optique de créer un musée accessible, à portée éducative et surtout le désir de créer une « expérience à vivre » .

Ils nous ont résumé les différentes étapes de la création du musée né du rachat de la collection privée de Jean Pierre Verney en 2005 par l’agglomération du Pays de Meaux :

Sa collection était exceptionnelle car diversifiée et très vaste. Il avait amassé depuis les années 1960 plus de 20000 objets et 30000 documents couvrant des aspects divers de la première guerre mondiale. Il possédait par exemple des casques de soldats détournés en instruments de musiques (image qui suit) , ou encore des matraques de tranchées dans les tranchées de façon artisanale.

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C’est en 2006 que le conseil scientifique a décidé de l’orientation du musée : il doit retracer la première guerre mondiale de 1914 à 1918 en montrant les évolutions de techniques et de mentalités entre les deux périodes et la construction de la mémoire après 1918 . En 2007 il obtiennent l’appellation musée de France, label indispensable au musée car cela lui confère un gage de sérieux. Suivent ensuite : l’inventaire informatisé de la collection ( 13000 objets numérotés, étiquetés et classés) , le chantier des collections lancé en 2008 (dépoussiérage, conditionnement et si besoin restauration des objets exposés ). Enfin un long travail de présentation , installation des collections avant l'ouverture.

Enfin ils sont revenus sur leurs efforts particuliers pour plonger le visiteur dans une ambiance particulière qui doit l’amener à « vivre » la visite.Par exemple il y a la présence d’une vitrine où le visiteur traverse une rangée de soldats qui sont à sa hauteur il se retrouve donc comme « au cœur » de l’action et l’ajout de bruitages de guerre accentue cette immersion.

Les mannequins utilisés portent des costumes d’époque complets, ils sont très réalistes, en mouvement . Ils ont aussi décidé de sacrifier quelques objets pour la manipulation ,on pourra par exemple soulever un fusil , un barda se rendre compte du poids que le soldat devait porter. Enfin la présence d’un auditorium doit leur permettre d’introduire la culture dans la musée avec par exemple des spectacles de danse contemporaine dans l’optique de mélanger les publics et animer la vie du musée.

Pour conclure le directeur du musée nous déclare que la muséographie évolue et que ce musée à la pointe sera probablement démodé dans quinze ans ans s’ils ne font rien évoluer.

Au vu de la précision et de la technicité des questions posées par le public il paraît évident que la plupart des personne qui ont assisté à ce débat connaissaient très bien le milieu muséographique. Ainsi c’est à ce moment que le débat à réellement eu lieu. Le directeur du musée et la directrice des collections ont été interrogés sur les limites de leur travail , la frontière à ne pas franchir dans cet effort d’expérience à vivre pour que ce ne soit pas « disneyland » . Ils ont rappelés avoir travaillé avec une vrai rigueur scientifique et historique en s’étend de plus entourés de spécialistes.

Le site internet du musée : http://www.museedelagrandeguerre.eu/

Pour plus de détail sur les étapes du développement du musée voir leur dossier de presse très complet et bien illustré:

http://www.museedelagrandeguerre.eu/sites/default/files/pdf/DP_4-10_-_40_PAGES_BD.pdf

Le musée a été inauguré le 11 novembre date symbolique de l’armistice de la guerre 14-18 . Le musée tablait sur 80 000 à 100 000 visiteurs par an , ils en ont accueilli 11000 à l’occasion de ce week end d’ouverture .

crédit photographique © musée de la grande guerre - pays de meaux / d. pazery (images présentée en power point aux rendez vous de l’histoire , issues ici du dossier presse )

Cicchelero Léa

samedi 12 novembre 2011

Noirs de France (avec Lilian THURAM)



Un film documentaire de Pascal BLANCHARD et Juan GELAS présenté en avant-première au cinéma Les Lobis. Ce film a pour objet notamment de retracer l'histoire des populations afro-antillaises , réunionnaises, guyanaises en France depuis la fin du XIXème Siècle.
Ce film documentaire fait le tour de la situation des "Noirs de France " mais aussi d'Europe car le documentaire fait également de temps en temps mention de leur situation en Angleterre et aux Etats-Unis.
D'abord déportés pour le travail dans les plantations américaines , ils le sont ensuite car les colons se mettent à s'intéresser à leurs cultures. Pour quelle raison donc? Le film y répond. On voit bien au fil du film que la déportation ou la reproduction de tout un village Ashanti (groupe ethnique du Ghana) relève de l'envie d'abord de montrer aux populations de métropole ce qui se trouve sur les terres colonisées. Et par là de légitimer leur présence en colonies pour apporter la civilisation à ces peuples. C'est le début même du racisme : "Idéologie fondée sur la croyance qu'il existe une hiérarchie entre les groupes humains , les <>; comportement inspiré par cette idéologie." .
Ce film dénonce donc, également, le racisme en faisant apparaître et en mettant en avant cette population qu'on voit valeureuse en apportant leur aide à la métropole pour les guerres. C'est dans cette optique qu'intervient également Lilian THURAM ancien international de football , créateur de la fondation Lilian Thuram éducation contre le racisme et auteur de Mes étoiles noires. Il intervient comme tant d'autres pour apporter des témoignages ou des anecdotes, aidant à la fois à comprendre le point de vue des gens à cette époque et en même temps de les infirmer. On voit ainsi dans le film que bien sûr il y a eu intégration des noirs en France mais on voit aussi qu'ils ont su garder et mettre en valeur leurs cultures.
C'est donc un film très intéressant et très édifiant à suivre sur la Chaîne Arte dès Janvier 2012.

Jalil S.

Les Combattants de l'ombre .












C'est d'abord un livre de Bernard George qui raconte pour la première fois l'histoire de la résistance dans sa dimension européenne. C'est aussi une série documentaire qu'ARTE continuera à passer sur les écrans au mois Novembre.
Une exposition servant de mise-en-bouche était offerte par la chaîne Franco-Allemande. Cette exposition faisait surtout office d'avant-première , on y retrouve des témoignages les uns aussi fascinants que les autres de résistants et des images tous aussi impressionnants.
Cette exposition et ,surtout, cette série sont intéressantes en ceci qu'elles ne font pas que montrer qu'il y a eu de la résistances. Ces deux éléments vont encore plus au fond au point de s’intéresser aux actions en elles-mêmes.
Entre autres , on peut trouver le témoignage de ce jeune résistant belge Marcel FRANKSON qui mettait du carborundum dans l'huile de moteur des camions allemands en stationnement. Il ne s'agit pas là d'un acte aussi extravaguant que défier face à face les nazis mais c'est un acte qu'on pourrait considérer moindre , mais qui a sa valeur dans l'enrayement de la machine Nazi. Bien d'autres témoignages plus improbables et aussi intéressants figurent dans ce documentaire. Il en est d'ailleurs un qui résume ce qu'on pouvait entendre par Résistance : " Nous avons fait que nous avions pu faire à l'époque. Nous avons...collé des affiches, distribué des tractes contre fascisme. Dans ces tractes, on appelait les citoyens à résister selon leurs possibilités. Nous avions donné des conseils. Par exemple, de mettre des planches cloutées sur les routes où passent les camions allemands pour crever leurs roues. Sur éventuellement comment incendier un camion ou un autre véhicule de l'armée allemande." Juraj HRZENJAK.
Voilà ce qu'était la résistance des civils sans réelle force , commettant de petits actes qui tous réunis avaient autant de valeur voire plus que l'offensive des alliés. Car ce sont des actions plus individuelles que groupées et ce qui en fait la valeur est naturellement le courage dont ont fait preuve les protagonistes.

Jalil S.

jeudi 3 novembre 2011

Interview-Intervention d'après projection de "Plus Jamais Peur"

Interview-Intervention audio de Mourad Ben Cheikh (réalisateur), Sophie Bessis (historienne) et Radhia nasraoui (fille de Nadia Nasraoui, avocate tunisienne et militante des droits de l'Homme) au cinéma Les Lobis.


Guillaume S. , Jalil S. , Nathanaël C., Alexandre D.

Interview Jean-Louis Debré



Interview effectuée à la suite du débat "La Ve république : une crise permanente"

Maxime Choisy et Charles Brocherie

Exposition : Rêves d'Orient- Explorations, Expéditions, Missions du XVIe AU XIXe siècle

A l'occasion des rendez-vous de l'histoire, la bibliothèque l'Abbé Grégoire de Blois devient une galerie d'exposition.

Du rez-de-chaussé au troisième étage, les visiteurs peuvent découvrir des textes anciens, des illustrations et même des menus de paquebot, contant l'orient et ses légendes.

Chaque ouvrage s'inscrit dans une époque, dans une région. Ainsi, le visiteur est invité à découvrir des oeuvres écrites dans des langues orientales mais aussi des oeuvres traduites ou écrites originellement en français. Tous les genres se retrouvent ici, manuscrits, cartes, contes, textes historiques... Toutes les régions orientales sont représentées : Chine, Japon, Inde, péninsule Indochinoise, ….

Cette exposition offre un voyage littéraire original, un voyage hors du temps. La bibliothèque de l'Abbé Grégoire offre aux regards des visiteurs ses fonds anciens pour notre plus grand plaisir.


Morgane Guénard & Emmanuelle Dupuis


Petite visite en images


mercredi 2 novembre 2011

Noirs de France


Série de 3 documentaires co-ecrite par Pascal Blanchard et Juan Gelas et réalisée par Juan Gelas.

Titre complet: Noirs de France. De 1889 à nos jours : une Histoire de France, Épisode 1 : Le temps des pionniers.

L’épisode 1 etant présenté en avant-première, la critique portera donc uniquement sur cet épisode.

Épisode 1 : Le temps des pionniers (1889-1939).

C’est un récit qui va traverser deux conflits mondiaux, le temps des luttes anti-coloniales, des exhibitions humaines, et celui des premières présences migrantes venues des Antilles, d’Afrique, mais aussi de l’océan Indien, de Nouvelle-Calédonie et de l’influence d’Afro-Américains depuis l’entre-deux-guerres. À la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, les premiers « Noirs » sont les pionniers d’une histoire qui va se poursuivre dans le XXe siècle.

Lors de la Grande Guerre (1914-1918), des milliers de soldats noirs venus des Antilles, du Pacifique, mais aussi d’Amérique, de la Réunion ou de Madagascar sont morts pour défendre la France. Entre 1920 et 1940, plusieurs milliers de Noirs, Antillais, Africains, Afro-Américains vivent déjà en France, notamment à Paris. L’engagement politique est fort, il conduira à la Négritude. La vie artistique est féconde et bouleverse les codes notamment musicaux. La France devient, y compris pour les Afro-Américains, une seconde patrie pour les Noirs du monde. En 50 ans, la France des « indigènes » va se transformer de manière radicale et, au moment du second conflit mondial, la question de la citoyenneté noire est en marche et c’est en métropole que ce combat a été mené par les élites noires. Les images d’archives, inédites pour la plupart, en montrent les traces.


Plus de 400 heures d’archives visionnées, 850 références identifiées et classées, pour donner à voir une histoire en images jusqu'alors peu connue ou même inconnue. Ces films documentaires se croisent également avec les interviews d’une quarantaine de témoins-références qu’ils soient artistes, sportifs hommes et femmes politiques,et tous ont un point commun, ils sont partie prenante de cette histoire.

Outre les archives proposées, la richesse de ce film repose sur la diversité de ses intervenants. Des spécialistes reconnus apportent leur regard sur ces 150 ans d’histoire, mais aussi des symboles de l’évolution de la question noire en France comme des sportifs ou hommes politiques.


Qu'ils soient des plus connus ou inconnus, chaque noir de France raconte a sa manière l’évolution de la question des noirs de France avec un avis parfois très tranche mais aussi parfois plus pragmatique.

Ce docu-film est un immense travail d’archives, outre les interviews , la volonté des auteurs de cette série est de dresser un panorama complet de cette « histoire en images » pour comprendre, pour enfin lever ces non dits que beaucoup de « blancs de France » ont voulu étouffer.

Un devoir de mémoire titanesque donc, mais ô combien utile à notre époque.

Guillaume S.

Coup de projecteur sur: Sophie Bessis


Sophie Bessis est chercheure associée à l’IRIS, spécialiste de la coopération Nord/Sud, de la géopolitique du Tiers-monde et des questions africaines.
Elle a occupé le poste de rédactrice en chef dans plusieurs magazines et revues spécialisées (Ferida, Afrique agriculture, Jeune Afrique, Vivre Autrement, Le Courrier de l'Unesco…) avant de devenir consultante auprès d'organisations internationales (Unicef, Unesco) au Tchad, au Bénin, en Guinée, en Tunisie ou en Centrafrique. Elle fut membre du Haut Conseil pour la Coopération internationale (HCCI) entre 2000 et 2001.
Sophie Bessis est agrégée d'histoire. Elle a écrit une dizaine d'ouvrages traitant des questions de développement, du Maghreb et des problématiques alimentaires dans les pays en développement.
Son dernier ouvrage s'intitule Dedans, Dehors, éd. Elyzad, Tunis, 2010.

Elle fut présente sur le festival a plusieurs reprises notamment lors de la soirée d'ouverture pour éclairer le film « Plus jamais peur » de Mourad Ben Cheikh et lors de l’émission de radio CulturesMonde par Florian Delorme.
Son regard de spécialiste du monde arabe et notamment de la Tunisie a permis d'analyser avec justesse et pertinence la difficile question des printemps arabes.
J'ai d'autant plus apprécié sa présence sur le festival que je l’appréciais déjà lors de ses interventions télévisuelles dans l’émission « C dans l'air » sur France 5.
Merci à elle d’être aussi disponible.
Guillaume.S.

Plus Jamais Peur


"Plus Jamais Peur"

Un film-documentaire de Mourad Ben Cheikh, 1h15, 2011.

Synopsis :
Le 17 décembre 2010, un jeune vendeur ambulant s’immole a Sidi Bouzid, suite a la confiscation de son matériel. Un mouvement de contestation général en découle contre le régime du président Ben Ali, la révolution tunisienne commence.
Plus jamais peur est une chronique des différents épisodes de la révolution tunisienne à travers trois figures emblématiques du mouvement : une cybermilitante, Lina Ben Mhenni, qui a défié le régime de Ben Ali en relatant sur son blog les moments clés de la contestation ; l'avocate Radhia Nasraoui, défenseuse des droits de l'homme, qui a payé cher son engagement, tout comme son époux souvent emprisonné ; et le journaliste indépendant Karem Chérif, qui a vécu les moments clés de cette révolution avec sa famille et le comité de son quartier.
Outre leur engagement et leur espoir d'une Tunisie plus libre, le dénominateur commun de ces personnages toujours susceptibles d'être arrêtés, cambriolés, c'est la peur. Cette peur, c'est aussi celle que connaissaient tous les Tunisiens et qui les a fait se taire pendant près d'un quart de siècle face à la dictature de Ben Ali. Peur d'être tabassé, envoyé en prison ou torturé...
Ainsi, l'un des slogans de cette révolution, entre "Dégage Ben Ali" et "Le pouvoir au peuple", était : "Plus jamais peur !". Au cours du documentaire, on comprend que cette peur a peu à peu changé de camp : au fur et à mesure que l'élan révolutionnaire prenait de l'ampleur, c'est le régime de Ben Ali qui se met à trembler devant ceux qui lui obéissaient encore quelques mois plus tôt.
Entre les manifestations de rue, les sit-in, les grèves de la faim et les répressions violentes, entre les grenades lacrymogènes, l'hymne national chanté comme un cri de guerre et les policiers qui montrent leur sympathie pour les révolutionnaires, "Plus jamais peur" rassemble les images fortes d'un peuple qui se libère après vingt-trois ans de régime dictatorial.
S'il ne fallait en retenir qu'une, ce serait peut-être celle de ce jeune diplômé qui s'est cousu la bouche pour montrer que la dictature de Ben Ali le réduit au silence, le musèle.
Tourné sur le vif, le documentaire restitue le sentiment d'urgence des révolutionnaires avec une caméra qui les suit au plus près, presque toujours portée à la main, et qui donne aux spectateurs le sentiment d'être au cœur de cette révolte historique.
A travers les personnages de la cybermilitante et de l'avocate, ce documentaire a aussi le mérite de souligner le rôle crucial des femmes dans cette révolution. Le réalisateur insiste également sur l'importance d'Internet et notamment de Facebook dans la propagation de cette révolte, soulignant ainsi le rôle qu'ont tenu les jeunes générations, instruites, ancrées dans la modernité et connectées au mondes.

Mourad Ben Cheikh signe là un témoignage saisissant sur la révolution de jasmin, un témoignage qui se veut sûrement devoir de mémoire pour les générations futures comme l'atteste le slogan « déjà demain » à la fin du film...

Guillaume S.

Remise du prix Augustin Thierry à Fabrice d'ALMEIDA



Nathanaël COLINDRE

Interview de Francis Chevrier






Nous tenons à remercier Francis Chevrier pour son accueil chaleureux.

Interview réalisée par Katy Perisse et Anaïs Prieto.

mardi 1 novembre 2011

Syrie et Mésopotamie antiques: ce que nous leur devons.

« Merci à vous tous d’être venu si nombreux ! Je n’ose pas dire trop nombreux, bien que ceux qui n’ont pas pu entrer soit aussi nombreux que ceux qui l’ont pu » Maurice Sartre, professeur émérite de l’université de Tours et membre de l’institut universitaire de France, n’exagère pas en ce dimanche 16 Octobre. La conférence Syrie et Mésopotamie antiques: ce que nous leur devons a tellement de succès qu’une retransmission sera prévu dans le hall pour les déçus de la file d’attente. Le débat s’inscrit dans l’actualité de l’éducation nationale : pourquoi avoir remis au programme des secondaires, après des années d’absence, le choix pour les enseignants de faire découvrir à leurs élèves l’Orient ancien, celle des Égyptiens, Assyriens, Babyloniens et Phéniciens du IIIème Millénaire avant Jésus Christ ? Et pourquoi les peuples antiques de Syrie et d’Irak font moins rêver que ne le fait Égypte ? Ce sont les questions auxquelles vont tenter de répondre Brigitte Lion, professeure à l’université de Tours, et Francis Joannès, professeur à l’université de Paris I Panthéon Sorbonne dans cette conférence où Maurice Sartre se place un peu comme maître de cérémonie, distribuant les questions à tour de rôle aux deux intervenants et les commentant avec humour.

Mais tout d’abord, devons-nous un héritage, la Mésopotamie nous a-t-elle transmis un ou plusieurs savoirs ? Qu’en est-il par exemple de l’écriture, dont on dit qu’elle y est née il y a plus de 5 000 ans ? Pour Brigitte Lion, c’est simple elle vient de Mésopotamie, bien que le rôle de Égypte et du Levant ne soit pas à taire. Mais pour nos écritures d’Europe et du Proche-Orient, comme l’alphabet arabe, c’est bien ce premier foyer d’invention qui en est la cause, par la découverte à Ougarit d’un alphabet cunéiforme dont à découler la plupart des autres graphies. L’écriture a alors un rôle de mémoire, de conservation, au but économique surtout comme l’atteste le nombre de sources (tablettes d’argile) retrouvées sur le sujet. L’empire mésopotamien se définit par sa comptabilité enregistrée selon Francis Joannès.

L’écriture a également permis de démontrer l’importance du roi dans l’harmonie de la vie sociale, comme l’atteste le code d'Hammourabi (1750-1760 avant J-C), que F.Joannès présente comme un recueil de jurisprudence, dont l’esprit fondamental est de montrer que le pouvoir du roi est précisément de corriger les défauts qui peuvent intervenir dans la vie sociale, et cela à tous les niveaux puisque les articles vont de l’affaire familiale à la fixation du salaire d’un ouvrier. Le code d'Hammourabi réglemente aussi les affaires de coups et blessures par des décrets s’assimilant aux fameuses « lois du Talion », devenant ainsi le marqueur d’un régime social régulé, policé, où la vendetta n’est plus permise. C’est aussi un idéal de justice, puisque la stèle a été frappée « pour que le fort n’opprime pas le faible ».

Le roi a également un rôle économique, comme va l’expliquer B.Lion. Entre 1800 et 1600 avant J-C, la Mésopotamie est marquée par une crise économique endémique qui aboutit à une nouvelle peine, celle de la mise en esclavage pour dettes, qui bouleverse, désunit la société en introduisant des écarts de fortune et de situation et, parce qu’il enlève des contribuables au roi, oblige celui-ci à mettre en place un nouveau système : des édits royaux sont émis pour annuler les dettes en cas de situations critiques qui demandent l’effort de tous les contribuables, les peines et l’esclavage de l’endetté sont aussi annulées. Cependant, ce n’est pas permanent, cela s’applique seulement lors de l’émission de l’édit, de manière rétroactive sur les dettes, qui peuvent donc être ré-appliquées le lendemain si il n’y a pas de nouvel édit (contrairement aux abolitions définitives de Solon – Grèce, vers 600 avant J-C).

Les conférenciers tiennent également à souligner qu’il existait en Mésopotamie une liberté au sein de la population, des organisations politiques hors du pouvoir royal, comme les assemblées, bien loin du cliché de l’Orient sous l’esclavage d’un roi tout puissant. Roi qui d’ailleurs n’est pas divinisé, mais légitimé par son ascendance royale et le soutien que lui apportent des dieux, en contrepartie d’une certaine conduite morale et d’un rôle de justice. Voilà pour l’aspect socio-politique.

Quant au domaine scientifique, la logique binaire et géométrique des mésopotamiens, dans le cas de la divination et de l’agronomie par exemple, a abouti à une utilisation algébrique et à une véritable connaissance mathématique s’appliquant sur des problèmes concrets. F.Joannès va même jusqu’à leur attribuer les prémices de l’algorithme ! Du moins on ne peut désormais plus nier une véritable science héritée des Mésopotamiens. Des transmissions de ce savoir ne peuvent être que suggérées, tout comme les affiliations entre mythes, de celui de Gilgamesh aux récits d’Homère, ou le déluge, épisode commun avec la Bible.

M.Sartre rappel cependant qu’il faut relativiser l’apport de la Mésopotamie sur notre civilisation, beaucoup des composantes de ces civilisations sont radicalement différentes des nôtres, et nous ne comprenons pas encore entièrement cette société, cette vision du monde.

Mais qu’en est-il du but initial de cette conférence, c’est-à-dire expliquer le retour de ces civilisations au programme scolaire ? L’invité d’honneur, l'iranologue Pierre Briand se dit frustré par l’oubli de l’Iran au rendez-vous de l’histoire, et de l’Empire Achéménide en générale au programme de secondaire. Il juge également l’intitulé du débat trop « européo centré » et politiquement correct, dans un but de « soulager » sa conscience face aux anciennes idées coloniales, lorsque les choses étaient inversées et que c’était aux populations afro-asiatiques de nous être « redevables ».

L’intérêt de cette conférence, autre que didactique, et d’avoir rappelé une règle fondamentale pour la connaissance de chaque civilisation : celle de se méfier de la récupération d’héritages culturels, de l’instrumentalisation des objets historiques à des fins politiques et idéologiques comme cela se fait beaucoup trop, notamment citons le Cylindre de Cyrus, utilisé par le régime des Mollahs pour restituer un passé glorieux.


Katy Perisse.


Entretien avec Brigitte Lion.


- Est-ce votre première participation aux rendez-vous de l'Histoire ?

Non, je suis venue dès la première édition, en 1998, avec Cécile Michel, car nous pensions qu’une telle initiative était appelée à se développer. Nous avons présenté une conférence sur les écritures cunéiformes et l’exposition que nous avons organisée par la suite, qui a été exposée aux 14ème RVH, est, finalement, un développement ultérieur de ces travaux en direction de nos collègues non spécialistes du Proche-Orient et du grand public. C’est là aussi que nous avons eu l’idée d’écrire le nom des gens en cunéiforme, ou de le leur faire écrire, sur des tablettes d’argile. Depuis, nous le faisons systématiquement à toutes les manifestations visant un large public, voire en cours, pas (seulement) pour amuser les auditeurs, mais pour leur montrer très concrètement comment fonctionne le syllabaire utilisé pour noter l’akkadien et les sensibiliser aux gestes des scribes antiques. Enfin, le projet de Francis Joannès pour un Dictionnaire de la Civilisation Mésopotamienne était déjà lancé, mais l’ouvrage n’avait pas encore trouvé d’éditeur ; nous avons donc profité de la présence de multiples éditeurs pour prendre contact avec une dizaine d’entre eux, et nous en avons trouvé un ; le livre est sorti en 2001.

Cécile Michel et moi sommes revenues l’année suivante, le thème des deuxièmes RVH était « les nourritures terrestres ». Nous avons présenté, toujours à deux voix, une conférence sur le banquet du roi assyrien Assurnasirpal II, au IXe s. av. J.-C. Là aussi, il y a eu une suite, notamment le numéro 280 de la revue Dossiers d'Archéologie, Banquets et fêtes au Proche-Orient ancien (février 2003).

En 2004, la SOPHAU (Société des Professeurs d’Histoire Ancienne des Universités) a souhaité envoyer des représentants à Blois ; j’y suis allée à ce titre, avec d’autres collègues. Ces 7èmes Rendez-Vous étaient consacrés à l’histoire des femmes et j’ai fait une communication sur les femmes scribes en Mésopotamie.

Enfin je suis passée à Blois il y a deux ans, aux 12èmes RVH, sur « le corps », juste pour écouter parler les autres.

- Avez-vous assisté à des conférences ? Si oui, lesquelles ?

J’ai suivi le débat de mes collègues de Tours (Catherine Grandjean et François-Olivier Touati) et d’ailleurs (Marc Bompaire, Cécile Bresc) sur « l’Or de L’Orient », celui organisé par la revue Le Monde de la Bible sur « la découverte de l’Orient ancien » (Estelle Villeneuve, Bertrand Lafont), ainsi qu’un atelier destiné aux collègues de l’enseignement secondaire puisque l’Orient est au programme de 6ème. J’ai pu aussi écouter l’interview de Taslima Nasreen. Après un concert franco-chinois, un passage au cinéma et plusieurs expos, je suis rentrée épuisée et très frustrée de n’avoir pas pu entendre et voir tout le reste.

Un regret spécial: j’ai raté Jean-Marie Moine qui chantait des chansons sur l’Orient colonial au buffet de la gare pendant que j’animais un atelier. S’il pouvait en faire une deuxième édition à Tours aux Tanneurs

- Quel est selon vous le rôle des Rendez-vous de Blois dans la transmission de l'Histoire au grand public ?

Le « grand public » est très divers et a des attentes multiples. Le point commun des gens qui viennent à Blois, c’est évidemment leur intérêt, et souvent leur passion, pour l’histoire.

La présence des éditeurs à Blois offre un grand choix de livres, dans tous les domaines ayant rapport à l’histoire, des manuels aux romans historiques en passant par la BD, et donne à chacun l’occasion de faire son marché. Les gens viennent écouter les conférences des auteurs dont ils ont lu les livres, ou qui vont leur donner envie lire ces livres, il y a parfois foule aux stands des éditeurs pour les dédicaces !

Les différents débats permettent de faire des points historiques rapides sur une question que le public peut ainsi soit découvrir, soit approfondir, en allant à l’essentiel et en repartant avec quelques titres bibliographiques pour aller plus loin. Les questions posées par les auditeurs témoignent de leur curiosité et aussi, dans de nombreux cas, d’une très bonne connaissance du sujet abordé et de lectures approfondies.

Je ne sais pas si on peut classer les étudiants dans le « grand public » ? A vous de répondre. L’un des intérêts, pour eux, me semble la possibilité d’entendre parler d’autres personnes que leurs professeurs, ou de rencontrer des gens qui sont pour eux des noms sur une couverture de livre.

En 2004 j’ai rencontré à Blois les Clionautes : là, on sort du grand public puisqu’il s’agit d’une association d’enseignants d’histoire-géographie du secondaire, souvent jeunes (et donc ayant quitté depuis peu les bancs de l’université), qui souhaitent garder un contact étroit avec la recherche même si leur métier est très prenant. Ils partagent plein d’informations par internet, font des comptes rendus d’ouvrages scientifiques et mettent même en ligne des comptes rendus des débats et conférences qu’ils ont suivis aux RVH pour leurs collègues qui n’ont pas pu y venir.

La passion réunit toujours : dans les queues qui se forment pour suivre telle ou telle conférence, les gens qui ne se connaissent absolument pas se mettent à parler d’histoire, à commenter ce qu’ils ont entendu…

L’essentiel, c’est que le public perçoive que l’histoire n’est pas un discours figé que l’on reproduit, mais une discipline qui se construit et se transforme sans cesse. Quand on parle de « recherche » en histoire, cela reste souvent très abstrait pour le grand public. En revanche quand les gens se rendent compte, au cours d’un débat, que ce qu’ils entendent ne correspond plus à ce qu’ils ont appris en classe, qu’il y a des travaux en cours sur tel ou tel sujet, pas nécessairement parce qu’on a découvert de nouvelles archives, mais simplement parce qu’on porte un autre regard sur des sources déjà bien connues, ils comprennent beaucoup mieux ce que signifie « faire de la recherche ». Et j’espère qu’ils reviennent l’année suivante.

- Actuellement, le Proche-Orient, et plus particulièrement l'Irak, est le théâtre de conflits. Quels sont les conséquences de cette guerre sur les fouilles effectuées en Syrie et en Irak ?

En Irak, tout le monde espère que le pire appartient au passé. Les archéologues irakiens ont repris les fouilles, par exemple sur le site d’Ur, qui n’a pas souffert des pillages. Dans le nord, au Kurdistan, où la situation est à peu près stable, il y a depuis quelques années il y a des missions d’une dizaine de pays. En ce moment s’y tient un colloque auquel participent de nombreux collègues de tous les pays. Le drame, ce sont les pillages des sites archéologiques, surtout ceux du sud. On a vu arriver ces dernières années, dans différents pays, dans des collections privées, des milliers de tablettes dont le contexte archéologique est définitivement perdu et détruit. Gardons-nous d’accuser les Irakiens : la corruption se joue toujours à plusieurs et, sans acheteurs (non irakiens, en général), ces pillages n’existeraient pas ; d’ailleurs, la même situation pourrait exister n’importe où, l’appât du gain est sans frontières. Mais les Irakiens perdent là à la fois leur patrimoine archéologique et le potentiel touristique sur lequel ils pourraient compter, après ces années difficiles.

En Syrie, la situation était jusqu’à l’année dernière très favorable aux archéologues, quel que soit le jugement que l’on porte sur le régime en place : l’Iran étant assez peu ouvert aux chercheurs étrangers et l’Irak en guerre, la Syrie et la Turquie voyaient affluer des demandes de permis de fouilles de tous les pays. Les missions étaient très nombreuses, par exemple les archéologues français fouillaient tous les ans à Mari et à Ougarit, deux sites majeurs découverts dans les années 1930, à l’époque du mandat. Les relations avec les collègues syriens étaient très bonnes. Mais en ce moment, toutes les fouilles sont annulées, dans l’attente des évolutions politiques.

- Quant au pillage du musée de Bagdad en 2003, à quel point a-t-il lésé l'assyriologie ?

Il a d’abord lésé les Irakiens de leur patrimoine et de leur rapport à l’histoire de leur pays. À l’heure actuelle, je ne sais même pas si l’inventaire complet de ce qui a été volé a pu être fait : les bureaux du musée ont eux aussi été saccagé et les catalogues des objets ont été détruits, les conservateurs ont un énorme travail à fournir.

De nombreux objets volés sont tout de même répertoriés. Des listes d’objets disparus ont été communiquées à la police et aux services des douanes de tous les pays, qui parviennent parfois à les retrouver et à les rendre aux autorités irakiennes.

Mais les objets sont parfois très difficiles à retrouver. Des lots entiers de sceaux-cylindres ont disparu : il s’agit de petits cachets cylindriques, ornés de dessins, portant parfois aussi le nom du propriétaire, qui servaient aux gens à sceller les tablettes d’argile. Ils ont une grande valeur artistique… et marchande, surtout s’ils sont gravés sur des belles pierres (lapis lazuli, cornaline, cristal de roche). Ils ne mesurent que 2 ou 3 cm et sont donc très faciles à dissimuler. Certaines pièces disparues, comme le masque en cuivre d’un roi d’Akkad, sont tellement précieuses et célèbres qu’elles sont invendables : elles figurent dans tous les manuels d’histoire ou d’histoire de l’art !

Il y a tout de même eu quelques très bonnes surprises: le vase d’Uruk, datant du IVe millénaire et portant des reliefs qui représentent des cérémonies en l’honneur de la déesse Inanna, a été volé, puis rapporté au Musée. Certaines personnes, en voyant les pillages, ont pris chez elles des objets, puis les ont rendus quand la situation est devenue un peu plus calme.

- Dans ce contexte, quel avenir pour l'assyriologie ?

Nos collègues irakiens continuent à travailler avec acharnement. Ceux de Bagdad nous ont dit que, même pendant les bombardements, ils n’avaient presque jamais cessé de faire cours et que les étudiants étaient venus à l’université. Notre collègue de Mossoul, Ali al-Juboori, puisque tout avait été pillé dans son université, a écrit un dictionnaire akkadien-arabe, qui permettra aux générations futures d’avoir une approche directe de la langue akkadienne, sans commencer par les dictionnaires akkadien-allemand et akkadien-anglais, indispensables, mais pas très pratiques pour des débutants.

L’avenir, c’est à la jeunesse de le construire. De nombreux étudiants irakiens en archéologie et en histoire sont actuellement en formation en France et dans d’autres pays, renouant ainsi avec une tradition qui avait été interrompue sous Saddam Hussein. Ce sont eux qui, nous l’espérons, prendront les choses en main dans leur pays dans un avenir proche, et le mèneront à un bon niveau de recherche.

En Syrie, quelle que soit l’évolution politique, les contacts avec l’extérieur n’ont jamais été rompus. Les collaborations internationales avec le service des antiquités se passent bien. Dans ce cas aussi, nombreux sont les étudiants présents en France (et dans bien d’autres pays), qui vont rentrer chez eux avec un bon niveau de formation, en parlant et lisant plusieurs langues, en rapportant des livres… ce sont eux qui formeront les générations futures.

Enfin, les bouleversements technologiques de ces dernières années profitent à tout le monde ; avec une liaison internet, on dispose maintenant de nombreuses ressources en ligne : magnifiques photos de tablettes sur lesquelles on peut travailler, translittérations et traductions des textes avec possibilité de recherches automatiques, articles, livres… et parmi les livres, des dictionnaires (akkadien-anglais, sumérien-anglais) ! Tout cela est très utile pour nous, et plus encore pour des pays qui n’ont pas eu les moyens de constituer de vraies bibliothèques de recherche, qui coûtent très cher.

Merci à Brigitte Lion pour ses réponses et son amabilité.

Entretien réalisé par Katy Perisse et Anaïs Prieto.