mercredi 2 novembre 2011

Plus Jamais Peur


"Plus Jamais Peur"

Un film-documentaire de Mourad Ben Cheikh, 1h15, 2011.

Synopsis :
Le 17 décembre 2010, un jeune vendeur ambulant s’immole a Sidi Bouzid, suite a la confiscation de son matériel. Un mouvement de contestation général en découle contre le régime du président Ben Ali, la révolution tunisienne commence.
Plus jamais peur est une chronique des différents épisodes de la révolution tunisienne à travers trois figures emblématiques du mouvement : une cybermilitante, Lina Ben Mhenni, qui a défié le régime de Ben Ali en relatant sur son blog les moments clés de la contestation ; l'avocate Radhia Nasraoui, défenseuse des droits de l'homme, qui a payé cher son engagement, tout comme son époux souvent emprisonné ; et le journaliste indépendant Karem Chérif, qui a vécu les moments clés de cette révolution avec sa famille et le comité de son quartier.
Outre leur engagement et leur espoir d'une Tunisie plus libre, le dénominateur commun de ces personnages toujours susceptibles d'être arrêtés, cambriolés, c'est la peur. Cette peur, c'est aussi celle que connaissaient tous les Tunisiens et qui les a fait se taire pendant près d'un quart de siècle face à la dictature de Ben Ali. Peur d'être tabassé, envoyé en prison ou torturé...
Ainsi, l'un des slogans de cette révolution, entre "Dégage Ben Ali" et "Le pouvoir au peuple", était : "Plus jamais peur !". Au cours du documentaire, on comprend que cette peur a peu à peu changé de camp : au fur et à mesure que l'élan révolutionnaire prenait de l'ampleur, c'est le régime de Ben Ali qui se met à trembler devant ceux qui lui obéissaient encore quelques mois plus tôt.
Entre les manifestations de rue, les sit-in, les grèves de la faim et les répressions violentes, entre les grenades lacrymogènes, l'hymne national chanté comme un cri de guerre et les policiers qui montrent leur sympathie pour les révolutionnaires, "Plus jamais peur" rassemble les images fortes d'un peuple qui se libère après vingt-trois ans de régime dictatorial.
S'il ne fallait en retenir qu'une, ce serait peut-être celle de ce jeune diplômé qui s'est cousu la bouche pour montrer que la dictature de Ben Ali le réduit au silence, le musèle.
Tourné sur le vif, le documentaire restitue le sentiment d'urgence des révolutionnaires avec une caméra qui les suit au plus près, presque toujours portée à la main, et qui donne aux spectateurs le sentiment d'être au cœur de cette révolte historique.
A travers les personnages de la cybermilitante et de l'avocate, ce documentaire a aussi le mérite de souligner le rôle crucial des femmes dans cette révolution. Le réalisateur insiste également sur l'importance d'Internet et notamment de Facebook dans la propagation de cette révolte, soulignant ainsi le rôle qu'ont tenu les jeunes générations, instruites, ancrées dans la modernité et connectées au mondes.

Mourad Ben Cheikh signe là un témoignage saisissant sur la révolution de jasmin, un témoignage qui se veut sûrement devoir de mémoire pour les générations futures comme l'atteste le slogan « déjà demain » à la fin du film...

Guillaume S.

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