dimanche 30 octobre 2011

La virilité, une question d'époques ?



Cette rencontre, proposée par les éditions du Seuil, réunissait Perrine Kervran (historienne et journaliste) ainsi que les auteurs de l'Histoire de la Virilité sortie quelques jours plus tôt : Jean-Jacques Courtine (professeur à l’université de Paris III Sorbonne Nouvelle), Georges Vigarello (professeur à l’université de Paris V) et Alain Corbin (professeur à l’université de Paris I Panthéon-Sorbonne, malheureusement absent lors de la conférence). Cette oeuvre monumentale d'environ 1600 pages est divisée en trois tomes. Le premier, « L'invention de la virilité de l'Antiquité aux lumières », est dirigé par Georges Vigarello, spécialiste de l'histoire du corps ; le second, « Le triomphe de la virilité, XIXè siècle », par Alain Corbin, spécialiste des mentalités ; le dernier, « La virilité en crise ? Xxè-XXIè siècle », par Jean-Jacques Courtine, plutôt spécialisé dans l'histoire du corps et de l'identité. Ce choix d'un découpage chronologique est une réponse en soi à la problématique : oui, la virilité est une question d'époques. Ce que l'on apprend en revanche, c'est comment celle-ci a évolué.


La virilité est un idéal de perfection, apparu à l'Antiquité. Comme tout idéal, il est inaccessible, d'autant plus qu'il évolue avec les canons de l'époque. Les virilités antique et médiévale, qualifiées de « force abrupte et domination indiscutée » par Georges Vigarello, montrent une affirmation des hommes entres eux, y compris grâce à l'Éros masculin. A l'époque moderne apparaît le gentilhomme, brave, élégant, et coureur de jupons, tandis que l''époque contemporaine est celle d'un homme courageux et autoritaire à l'opposition du lâche, de l'impuissant et de l'efféminé. On remarque que de grandes caractéristiques perdurent, même si elles ne s'affirment pas de la même façon. La force physique et morale, la puissance sexuelle et la domination masculine sont toujours valorisées.

Avec l'affirmation du droit des femmes et l'instauration de lois à l'encontre de la violence domestique, le modèle de l'homme viril, vu comme « macho » est aujourd'hui moqué. Ce phénomène de « dé-virilisation » inquiète certains philosophes et psychanalystes qui déplorent le déclin de l'autorité masculine face à la toute-puissance d'une gente féminine vue comme castratrice.

De mon point de vue, ces inquiétudes sont assez archaïques. En effet, si les femmes demandent, à juste titre, l'égalité et le respect, elles ne demandent pas la mort de l'homme viril. La masculinité doit peu à peu se réinviter et s'adapter aux nouvelles moeurs, comme elle l'a déjà fait, à plusieurs reprises, par le passé.


Alain Corbin, Jean-Jacques Courtine, et Georges Vigarello, Histoire de la virilité, 3 tomes, Éditions du Seuil, 2011.

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