mardi 25 octobre 2011

La Compagnie des Indes, l'Orient des Historiens.

Maquette du Soleil d'Orient, exposée temporairement au Château de Blois.


Beaucoup de monde se presse dès 11h10 pour avoir une place parmi les 49 sièges que compte la salle de Conférence du Château de Blois où sera proposée d’ici une vingtaine de minutes la conférence La Compagnie des Indes : l’Orient des historiens. Certains reviennent justement de l’exposition De Lorient à l’Orient : les Compagnies des Indes, XVII-début du XIXe siècle, d’autres parlent d’y aller dès la fin de la conférence. Mais pour le moment, carte blanche à la Direction de la Mémoire, du Patrimoine et des Archives (DMPA) et aux différents intervenants : P. Beaujard, anthropologue et directeur de recherche au CNRS, R. Estienne, conservateur général au Service Historique de la Défense, P. Haudrere de l’université d’Angers, G. Le Bouedec, professeur à l’université de Bretagne Sud et directeur du GIS histoire maritime, et enfin P. Norel, économiste à l’université de Poitiers et professeur à l’IEP de Paris.

Cette conférence propose de réorienter le rôle des Compagnies des Indes en tant qu’outil de l’expansion des puissances européennes dans une économie globale. Mais tout d’abord, un rappel : que sont les Compagnies des Indes ? C’est à Philippe Haudrere de retracer l’histoire de ces compagnies, avant tout celle d’un monopole. L'Histoire des Portugais pour commencer, qui une fois dépassé le Cap de Bonne-Espérance en 1488, implantent un commerce maritime avec des comptoirs tels que Malacca (Malaisie), jusque-là en commerce avec le monde musulman, avec pour but bien sûr le gain d’argent mais aussi l’enjeu de la Reconquista. Leur monopole prend fin dès 1578 avec la passation du pouvoir portugais à la couronne espagnole, l’échec du commerce des épices avec les Moluques et les initiatives Hollandaise et Anglaise. Ne leur reste que le Brésil. Les Hollandais reprennent ce commerce en main et créent en 1602 la première entreprise aux actions gérées par la Banque d’Amsterdam. Les six centres d’armements assurent le monopole. Ce modèle est copié par les Anglais en 1606, puis par la France, la Suède, le Danemark et la Belgique. Au moyen de navires puissants, d’un équipage professionnel (le personnel spécialisé est recruté principalement à Saint-Malo et Lorient), le commerce s’organise et les droits de sorties de marchandises sont abaissés par les puissances orientales.

Philippe Norel, quant à lui, décide de s’attarder sur l’avant Compagnie des Indes, l’ère des diasporas commerciales partagés dès le IIe Millénaire avant JC entre l’Egypte, la Mésopotamie et l’Inde, avant que ne s’ouvre la route de la soie et que les marchands vénitiens ne développent un « capitalisme » à partir de 1250. Il s’attarde notamment sur les empires chinois et mongole du 7e et 10e siècle.

Philippe Beaugard parle des « systèmes monde » qui régissent le commerce maritime, fonctionnant sur une interdépendance entre la Chine, l’Inde Orientale et une partie de l’Europe, servis par une amélioration croissante des techniques de productivité.

La conférence est conclue par René Estienne qui change l’historiographie habituelle en adoucissant quelque peu la vision « colonisateurs » des européens, avec tout ce que cela peut sous-entendre d’irrespect de de domination dans l’imaginaire collectif, et en parlant plutôt de cultures qui ont interagis et se sont enrichis l’une l’autre en prenant pour exemple le commerce de la porcelaine de Chine ou des « Indiennes » ces fins tissus de coton peints à la main, très prisés des européens mais dont l’importation est formellement interdite dès 1686 (et qui sera donc l’objet d’un marché noir jusqu’à ce qu’ouvre un atelier à Mulhouse à la fin du XVIIIe siècle).

Les Compagnies des Indes ont été l’objet de deux autres conférences menées par la DMPA, en plus de l’exposition proposée jusqu’au 20 Novembre.


Katy Perisse.

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