mercredi 30 novembre 2011

Nostradamus Prophète de malheur ou médecin des âmes



Conférence donnée par Denis CROUZET, professeur à l’université de Paris IV Sorbonne, auteur de Nostradamus (Editions Payot, 2011)

Si le thème des Rendez-Vous de l’Histoire cette année est l’Orient, toutes les conférences n’abordent pas ce sujet. Vous ne trouverez rien de mieux que de faire un tour du côté de l’observatoire de la biographie historique pour se distraire entre deux conférences. La salle de conférence du château de Blois n’était pas pleine, la foule n’était pas pressée pour venir écouter la vie de cet étrange personnage dont on ne sait presque rien.

Né le 14 décembre 1503 à Saint-Rémy-de-Provence dans une famille juive convertie au catholicisme, Michel de Nostredame, dit Nostradamus fait des études de médecine à Montpellier et devient docteur en 1532. On sait que de 1546 à 1547, il se trouvait à Aix et à Lyon pour soigner des malades de la peste. Il se fait connaître en éditant des prophéties sous la forme de quatrains. Sa renommée arriva ainsi à la cour de France où il est reçu par Catherine de Médicis, qui lui fait rencontrer le roi Charles IX. Il reste à la cour sa vie durant, jusqu’à sa mort qui survient en 1566. Tous les ans, Nostradamus fait des pronostics pour l’année à venir, mais il serait vain de vouloir trouver du sens à ses prophéties, comme l’ont fait de nombreux charlatans par la suite. Nostradamus y montre une vision du mal qui est dans l’homme ; on y trouve « des monstres et des merveilles, des tempêtes et des sécheresses ». Il y parle une langue énigmatique qui vise à effrayer ses lecteurs pour leur montrer la nécessité de conversion à Dieu. Effrayés par un avenir terrible, ceux-ci comprenaient que face au péril de la haine bien mieux valait vivre dans l’amour du Christ. En plus d’être médecin du corps, il se veut « médecin des âmes » selon la formule de Denis CROUZET. Dans une période difficile, de déchirement religieux entre catholiques et protestants, Nostradamus, évangéliste, choisit de se situer ni dans un camp ni dans l’autre, mais au milieu, à la manière d’Erasme. Souvent comparé à Rabelais, les deux humanistes ne sont pas si éloignés l’un de l’autre. Tous les deux ont fait leurs études de médecine à Montpellier, sont évangélistes et nourris d’Erasme. Et si pour Rabelais, c’est le rire qui est le remède contre les maux de ce temps, Nostradamus prêche le retour à Dieu présent dans chacun de nous par une foi purifiée.

J’ai demandé si Nostradamus était bien compris ainsi par les gens de son époque, mais la réponse est difficile à donner, on n’a pas de témoignage et on en sait pas grand-chose. Denis CROUZET est l’auteur d’un livre sur Nostradamus.

Thomas DRUCY

mardi 29 novembre 2011

Le Musée de la Grande Guerre du Pays de Meaux , six ans de travaux.

Samedi , 14 heure dans le petit amphithéâtre de l’ENIVL s’ouvre le débat sur « les coulisses d’un musée d’histoire, un mois avant son ouverture : muséographie et chantier des collections. » C’est une séance en petit comité, nous sommes trois au début , un peu plus d’une dizaine à la fin pour deux intervenants : Le directeur du musée, MICHEL ROUGER et la directrice des collections, JOHANNE BERLEMONT .

Ils sont venus présenter le Musée de la grande Guerre du Pays de Meaux aujourd’hui ouvert (inauguré le 11 novembre 2011 ) mais qui était à un mois de son ouverture au moment de la conférence. Il n’y a pas eu de réel débat mais plutôt un historique du projet qui a vu le jour en 2005 , ils ont donc retracé pour nous les six années de développement du musée .Ils ont pu nous faire part de leurs choix et partis pris muséographiques. (la muséographie est l’ensemble des sciences et techniques nécessaire à la présentation et conservation des œuvres dans un musée ). Ils ont justifié un certain nombre de leurs décisions d’orientation notamment dans l’optique de créer un musée accessible, à portée éducative et surtout le désir de créer une « expérience à vivre » .

Ils nous ont résumé les différentes étapes de la création du musée né du rachat de la collection privée de Jean Pierre Verney en 2005 par l’agglomération du Pays de Meaux :

Sa collection était exceptionnelle car diversifiée et très vaste. Il avait amassé depuis les années 1960 plus de 20000 objets et 30000 documents couvrant des aspects divers de la première guerre mondiale. Il possédait par exemple des casques de soldats détournés en instruments de musiques (image qui suit) , ou encore des matraques de tranchées dans les tranchées de façon artisanale.

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C’est en 2006 que le conseil scientifique a décidé de l’orientation du musée : il doit retracer la première guerre mondiale de 1914 à 1918 en montrant les évolutions de techniques et de mentalités entre les deux périodes et la construction de la mémoire après 1918 . En 2007 il obtiennent l’appellation musée de France, label indispensable au musée car cela lui confère un gage de sérieux. Suivent ensuite : l’inventaire informatisé de la collection ( 13000 objets numérotés, étiquetés et classés) , le chantier des collections lancé en 2008 (dépoussiérage, conditionnement et si besoin restauration des objets exposés ). Enfin un long travail de présentation , installation des collections avant l'ouverture.

Enfin ils sont revenus sur leurs efforts particuliers pour plonger le visiteur dans une ambiance particulière qui doit l’amener à « vivre » la visite.Par exemple il y a la présence d’une vitrine où le visiteur traverse une rangée de soldats qui sont à sa hauteur il se retrouve donc comme « au cœur » de l’action et l’ajout de bruitages de guerre accentue cette immersion.

Les mannequins utilisés portent des costumes d’époque complets, ils sont très réalistes, en mouvement . Ils ont aussi décidé de sacrifier quelques objets pour la manipulation ,on pourra par exemple soulever un fusil , un barda se rendre compte du poids que le soldat devait porter. Enfin la présence d’un auditorium doit leur permettre d’introduire la culture dans la musée avec par exemple des spectacles de danse contemporaine dans l’optique de mélanger les publics et animer la vie du musée.

Pour conclure le directeur du musée nous déclare que la muséographie évolue et que ce musée à la pointe sera probablement démodé dans quinze ans ans s’ils ne font rien évoluer.

Au vu de la précision et de la technicité des questions posées par le public il paraît évident que la plupart des personne qui ont assisté à ce débat connaissaient très bien le milieu muséographique. Ainsi c’est à ce moment que le débat à réellement eu lieu. Le directeur du musée et la directrice des collections ont été interrogés sur les limites de leur travail , la frontière à ne pas franchir dans cet effort d’expérience à vivre pour que ce ne soit pas « disneyland » . Ils ont rappelés avoir travaillé avec une vrai rigueur scientifique et historique en s’étend de plus entourés de spécialistes.

Le site internet du musée : http://www.museedelagrandeguerre.eu/

Pour plus de détail sur les étapes du développement du musée voir leur dossier de presse très complet et bien illustré:

http://www.museedelagrandeguerre.eu/sites/default/files/pdf/DP_4-10_-_40_PAGES_BD.pdf

Le musée a été inauguré le 11 novembre date symbolique de l’armistice de la guerre 14-18 . Le musée tablait sur 80 000 à 100 000 visiteurs par an , ils en ont accueilli 11000 à l’occasion de ce week end d’ouverture .

crédit photographique © musée de la grande guerre - pays de meaux / d. pazery (images présentée en power point aux rendez vous de l’histoire , issues ici du dossier presse )

Cicchelero Léa

samedi 12 novembre 2011

Noirs de France (avec Lilian THURAM)



Un film documentaire de Pascal BLANCHARD et Juan GELAS présenté en avant-première au cinéma Les Lobis. Ce film a pour objet notamment de retracer l'histoire des populations afro-antillaises , réunionnaises, guyanaises en France depuis la fin du XIXème Siècle.
Ce film documentaire fait le tour de la situation des "Noirs de France " mais aussi d'Europe car le documentaire fait également de temps en temps mention de leur situation en Angleterre et aux Etats-Unis.
D'abord déportés pour le travail dans les plantations américaines , ils le sont ensuite car les colons se mettent à s'intéresser à leurs cultures. Pour quelle raison donc? Le film y répond. On voit bien au fil du film que la déportation ou la reproduction de tout un village Ashanti (groupe ethnique du Ghana) relève de l'envie d'abord de montrer aux populations de métropole ce qui se trouve sur les terres colonisées. Et par là de légitimer leur présence en colonies pour apporter la civilisation à ces peuples. C'est le début même du racisme : "Idéologie fondée sur la croyance qu'il existe une hiérarchie entre les groupes humains , les <>; comportement inspiré par cette idéologie." .
Ce film dénonce donc, également, le racisme en faisant apparaître et en mettant en avant cette population qu'on voit valeureuse en apportant leur aide à la métropole pour les guerres. C'est dans cette optique qu'intervient également Lilian THURAM ancien international de football , créateur de la fondation Lilian Thuram éducation contre le racisme et auteur de Mes étoiles noires. Il intervient comme tant d'autres pour apporter des témoignages ou des anecdotes, aidant à la fois à comprendre le point de vue des gens à cette époque et en même temps de les infirmer. On voit ainsi dans le film que bien sûr il y a eu intégration des noirs en France mais on voit aussi qu'ils ont su garder et mettre en valeur leurs cultures.
C'est donc un film très intéressant et très édifiant à suivre sur la Chaîne Arte dès Janvier 2012.

Jalil S.

Les Combattants de l'ombre .












C'est d'abord un livre de Bernard George qui raconte pour la première fois l'histoire de la résistance dans sa dimension européenne. C'est aussi une série documentaire qu'ARTE continuera à passer sur les écrans au mois Novembre.
Une exposition servant de mise-en-bouche était offerte par la chaîne Franco-Allemande. Cette exposition faisait surtout office d'avant-première , on y retrouve des témoignages les uns aussi fascinants que les autres de résistants et des images tous aussi impressionnants.
Cette exposition et ,surtout, cette série sont intéressantes en ceci qu'elles ne font pas que montrer qu'il y a eu de la résistances. Ces deux éléments vont encore plus au fond au point de s’intéresser aux actions en elles-mêmes.
Entre autres , on peut trouver le témoignage de ce jeune résistant belge Marcel FRANKSON qui mettait du carborundum dans l'huile de moteur des camions allemands en stationnement. Il ne s'agit pas là d'un acte aussi extravaguant que défier face à face les nazis mais c'est un acte qu'on pourrait considérer moindre , mais qui a sa valeur dans l'enrayement de la machine Nazi. Bien d'autres témoignages plus improbables et aussi intéressants figurent dans ce documentaire. Il en est d'ailleurs un qui résume ce qu'on pouvait entendre par Résistance : " Nous avons fait que nous avions pu faire à l'époque. Nous avons...collé des affiches, distribué des tractes contre fascisme. Dans ces tractes, on appelait les citoyens à résister selon leurs possibilités. Nous avions donné des conseils. Par exemple, de mettre des planches cloutées sur les routes où passent les camions allemands pour crever leurs roues. Sur éventuellement comment incendier un camion ou un autre véhicule de l'armée allemande." Juraj HRZENJAK.
Voilà ce qu'était la résistance des civils sans réelle force , commettant de petits actes qui tous réunis avaient autant de valeur voire plus que l'offensive des alliés. Car ce sont des actions plus individuelles que groupées et ce qui en fait la valeur est naturellement le courage dont ont fait preuve les protagonistes.

Jalil S.

jeudi 3 novembre 2011

Interview-Intervention d'après projection de "Plus Jamais Peur"

Interview-Intervention audio de Mourad Ben Cheikh (réalisateur), Sophie Bessis (historienne) et Radhia nasraoui (fille de Nadia Nasraoui, avocate tunisienne et militante des droits de l'Homme) au cinéma Les Lobis.


Guillaume S. , Jalil S. , Nathanaël C., Alexandre D.

Interview Jean-Louis Debré



Interview effectuée à la suite du débat "La Ve république : une crise permanente"

Maxime Choisy et Charles Brocherie

Exposition : Rêves d'Orient- Explorations, Expéditions, Missions du XVIe AU XIXe siècle

A l'occasion des rendez-vous de l'histoire, la bibliothèque l'Abbé Grégoire de Blois devient une galerie d'exposition.

Du rez-de-chaussé au troisième étage, les visiteurs peuvent découvrir des textes anciens, des illustrations et même des menus de paquebot, contant l'orient et ses légendes.

Chaque ouvrage s'inscrit dans une époque, dans une région. Ainsi, le visiteur est invité à découvrir des oeuvres écrites dans des langues orientales mais aussi des oeuvres traduites ou écrites originellement en français. Tous les genres se retrouvent ici, manuscrits, cartes, contes, textes historiques... Toutes les régions orientales sont représentées : Chine, Japon, Inde, péninsule Indochinoise, ….

Cette exposition offre un voyage littéraire original, un voyage hors du temps. La bibliothèque de l'Abbé Grégoire offre aux regards des visiteurs ses fonds anciens pour notre plus grand plaisir.


Morgane Guénard & Emmanuelle Dupuis


Petite visite en images


mercredi 2 novembre 2011

Noirs de France


Série de 3 documentaires co-ecrite par Pascal Blanchard et Juan Gelas et réalisée par Juan Gelas.

Titre complet: Noirs de France. De 1889 à nos jours : une Histoire de France, Épisode 1 : Le temps des pionniers.

L’épisode 1 etant présenté en avant-première, la critique portera donc uniquement sur cet épisode.

Épisode 1 : Le temps des pionniers (1889-1939).

C’est un récit qui va traverser deux conflits mondiaux, le temps des luttes anti-coloniales, des exhibitions humaines, et celui des premières présences migrantes venues des Antilles, d’Afrique, mais aussi de l’océan Indien, de Nouvelle-Calédonie et de l’influence d’Afro-Américains depuis l’entre-deux-guerres. À la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, les premiers « Noirs » sont les pionniers d’une histoire qui va se poursuivre dans le XXe siècle.

Lors de la Grande Guerre (1914-1918), des milliers de soldats noirs venus des Antilles, du Pacifique, mais aussi d’Amérique, de la Réunion ou de Madagascar sont morts pour défendre la France. Entre 1920 et 1940, plusieurs milliers de Noirs, Antillais, Africains, Afro-Américains vivent déjà en France, notamment à Paris. L’engagement politique est fort, il conduira à la Négritude. La vie artistique est féconde et bouleverse les codes notamment musicaux. La France devient, y compris pour les Afro-Américains, une seconde patrie pour les Noirs du monde. En 50 ans, la France des « indigènes » va se transformer de manière radicale et, au moment du second conflit mondial, la question de la citoyenneté noire est en marche et c’est en métropole que ce combat a été mené par les élites noires. Les images d’archives, inédites pour la plupart, en montrent les traces.


Plus de 400 heures d’archives visionnées, 850 références identifiées et classées, pour donner à voir une histoire en images jusqu'alors peu connue ou même inconnue. Ces films documentaires se croisent également avec les interviews d’une quarantaine de témoins-références qu’ils soient artistes, sportifs hommes et femmes politiques,et tous ont un point commun, ils sont partie prenante de cette histoire.

Outre les archives proposées, la richesse de ce film repose sur la diversité de ses intervenants. Des spécialistes reconnus apportent leur regard sur ces 150 ans d’histoire, mais aussi des symboles de l’évolution de la question noire en France comme des sportifs ou hommes politiques.


Qu'ils soient des plus connus ou inconnus, chaque noir de France raconte a sa manière l’évolution de la question des noirs de France avec un avis parfois très tranche mais aussi parfois plus pragmatique.

Ce docu-film est un immense travail d’archives, outre les interviews , la volonté des auteurs de cette série est de dresser un panorama complet de cette « histoire en images » pour comprendre, pour enfin lever ces non dits que beaucoup de « blancs de France » ont voulu étouffer.

Un devoir de mémoire titanesque donc, mais ô combien utile à notre époque.

Guillaume S.

Coup de projecteur sur: Sophie Bessis


Sophie Bessis est chercheure associée à l’IRIS, spécialiste de la coopération Nord/Sud, de la géopolitique du Tiers-monde et des questions africaines.
Elle a occupé le poste de rédactrice en chef dans plusieurs magazines et revues spécialisées (Ferida, Afrique agriculture, Jeune Afrique, Vivre Autrement, Le Courrier de l'Unesco…) avant de devenir consultante auprès d'organisations internationales (Unicef, Unesco) au Tchad, au Bénin, en Guinée, en Tunisie ou en Centrafrique. Elle fut membre du Haut Conseil pour la Coopération internationale (HCCI) entre 2000 et 2001.
Sophie Bessis est agrégée d'histoire. Elle a écrit une dizaine d'ouvrages traitant des questions de développement, du Maghreb et des problématiques alimentaires dans les pays en développement.
Son dernier ouvrage s'intitule Dedans, Dehors, éd. Elyzad, Tunis, 2010.

Elle fut présente sur le festival a plusieurs reprises notamment lors de la soirée d'ouverture pour éclairer le film « Plus jamais peur » de Mourad Ben Cheikh et lors de l’émission de radio CulturesMonde par Florian Delorme.
Son regard de spécialiste du monde arabe et notamment de la Tunisie a permis d'analyser avec justesse et pertinence la difficile question des printemps arabes.
J'ai d'autant plus apprécié sa présence sur le festival que je l’appréciais déjà lors de ses interventions télévisuelles dans l’émission « C dans l'air » sur France 5.
Merci à elle d’être aussi disponible.
Guillaume.S.

Plus Jamais Peur


"Plus Jamais Peur"

Un film-documentaire de Mourad Ben Cheikh, 1h15, 2011.

Synopsis :
Le 17 décembre 2010, un jeune vendeur ambulant s’immole a Sidi Bouzid, suite a la confiscation de son matériel. Un mouvement de contestation général en découle contre le régime du président Ben Ali, la révolution tunisienne commence.
Plus jamais peur est une chronique des différents épisodes de la révolution tunisienne à travers trois figures emblématiques du mouvement : une cybermilitante, Lina Ben Mhenni, qui a défié le régime de Ben Ali en relatant sur son blog les moments clés de la contestation ; l'avocate Radhia Nasraoui, défenseuse des droits de l'homme, qui a payé cher son engagement, tout comme son époux souvent emprisonné ; et le journaliste indépendant Karem Chérif, qui a vécu les moments clés de cette révolution avec sa famille et le comité de son quartier.
Outre leur engagement et leur espoir d'une Tunisie plus libre, le dénominateur commun de ces personnages toujours susceptibles d'être arrêtés, cambriolés, c'est la peur. Cette peur, c'est aussi celle que connaissaient tous les Tunisiens et qui les a fait se taire pendant près d'un quart de siècle face à la dictature de Ben Ali. Peur d'être tabassé, envoyé en prison ou torturé...
Ainsi, l'un des slogans de cette révolution, entre "Dégage Ben Ali" et "Le pouvoir au peuple", était : "Plus jamais peur !". Au cours du documentaire, on comprend que cette peur a peu à peu changé de camp : au fur et à mesure que l'élan révolutionnaire prenait de l'ampleur, c'est le régime de Ben Ali qui se met à trembler devant ceux qui lui obéissaient encore quelques mois plus tôt.
Entre les manifestations de rue, les sit-in, les grèves de la faim et les répressions violentes, entre les grenades lacrymogènes, l'hymne national chanté comme un cri de guerre et les policiers qui montrent leur sympathie pour les révolutionnaires, "Plus jamais peur" rassemble les images fortes d'un peuple qui se libère après vingt-trois ans de régime dictatorial.
S'il ne fallait en retenir qu'une, ce serait peut-être celle de ce jeune diplômé qui s'est cousu la bouche pour montrer que la dictature de Ben Ali le réduit au silence, le musèle.
Tourné sur le vif, le documentaire restitue le sentiment d'urgence des révolutionnaires avec une caméra qui les suit au plus près, presque toujours portée à la main, et qui donne aux spectateurs le sentiment d'être au cœur de cette révolte historique.
A travers les personnages de la cybermilitante et de l'avocate, ce documentaire a aussi le mérite de souligner le rôle crucial des femmes dans cette révolution. Le réalisateur insiste également sur l'importance d'Internet et notamment de Facebook dans la propagation de cette révolte, soulignant ainsi le rôle qu'ont tenu les jeunes générations, instruites, ancrées dans la modernité et connectées au mondes.

Mourad Ben Cheikh signe là un témoignage saisissant sur la révolution de jasmin, un témoignage qui se veut sûrement devoir de mémoire pour les générations futures comme l'atteste le slogan « déjà demain » à la fin du film...

Guillaume S.

Remise du prix Augustin Thierry à Fabrice d'ALMEIDA



Nathanaël COLINDRE

Interview de Francis Chevrier






Nous tenons à remercier Francis Chevrier pour son accueil chaleureux.

Interview réalisée par Katy Perisse et Anaïs Prieto.

mardi 1 novembre 2011

Syrie et Mésopotamie antiques: ce que nous leur devons.

« Merci à vous tous d’être venu si nombreux ! Je n’ose pas dire trop nombreux, bien que ceux qui n’ont pas pu entrer soit aussi nombreux que ceux qui l’ont pu » Maurice Sartre, professeur émérite de l’université de Tours et membre de l’institut universitaire de France, n’exagère pas en ce dimanche 16 Octobre. La conférence Syrie et Mésopotamie antiques: ce que nous leur devons a tellement de succès qu’une retransmission sera prévu dans le hall pour les déçus de la file d’attente. Le débat s’inscrit dans l’actualité de l’éducation nationale : pourquoi avoir remis au programme des secondaires, après des années d’absence, le choix pour les enseignants de faire découvrir à leurs élèves l’Orient ancien, celle des Égyptiens, Assyriens, Babyloniens et Phéniciens du IIIème Millénaire avant Jésus Christ ? Et pourquoi les peuples antiques de Syrie et d’Irak font moins rêver que ne le fait Égypte ? Ce sont les questions auxquelles vont tenter de répondre Brigitte Lion, professeure à l’université de Tours, et Francis Joannès, professeur à l’université de Paris I Panthéon Sorbonne dans cette conférence où Maurice Sartre se place un peu comme maître de cérémonie, distribuant les questions à tour de rôle aux deux intervenants et les commentant avec humour.

Mais tout d’abord, devons-nous un héritage, la Mésopotamie nous a-t-elle transmis un ou plusieurs savoirs ? Qu’en est-il par exemple de l’écriture, dont on dit qu’elle y est née il y a plus de 5 000 ans ? Pour Brigitte Lion, c’est simple elle vient de Mésopotamie, bien que le rôle de Égypte et du Levant ne soit pas à taire. Mais pour nos écritures d’Europe et du Proche-Orient, comme l’alphabet arabe, c’est bien ce premier foyer d’invention qui en est la cause, par la découverte à Ougarit d’un alphabet cunéiforme dont à découler la plupart des autres graphies. L’écriture a alors un rôle de mémoire, de conservation, au but économique surtout comme l’atteste le nombre de sources (tablettes d’argile) retrouvées sur le sujet. L’empire mésopotamien se définit par sa comptabilité enregistrée selon Francis Joannès.

L’écriture a également permis de démontrer l’importance du roi dans l’harmonie de la vie sociale, comme l’atteste le code d'Hammourabi (1750-1760 avant J-C), que F.Joannès présente comme un recueil de jurisprudence, dont l’esprit fondamental est de montrer que le pouvoir du roi est précisément de corriger les défauts qui peuvent intervenir dans la vie sociale, et cela à tous les niveaux puisque les articles vont de l’affaire familiale à la fixation du salaire d’un ouvrier. Le code d'Hammourabi réglemente aussi les affaires de coups et blessures par des décrets s’assimilant aux fameuses « lois du Talion », devenant ainsi le marqueur d’un régime social régulé, policé, où la vendetta n’est plus permise. C’est aussi un idéal de justice, puisque la stèle a été frappée « pour que le fort n’opprime pas le faible ».

Le roi a également un rôle économique, comme va l’expliquer B.Lion. Entre 1800 et 1600 avant J-C, la Mésopotamie est marquée par une crise économique endémique qui aboutit à une nouvelle peine, celle de la mise en esclavage pour dettes, qui bouleverse, désunit la société en introduisant des écarts de fortune et de situation et, parce qu’il enlève des contribuables au roi, oblige celui-ci à mettre en place un nouveau système : des édits royaux sont émis pour annuler les dettes en cas de situations critiques qui demandent l’effort de tous les contribuables, les peines et l’esclavage de l’endetté sont aussi annulées. Cependant, ce n’est pas permanent, cela s’applique seulement lors de l’émission de l’édit, de manière rétroactive sur les dettes, qui peuvent donc être ré-appliquées le lendemain si il n’y a pas de nouvel édit (contrairement aux abolitions définitives de Solon – Grèce, vers 600 avant J-C).

Les conférenciers tiennent également à souligner qu’il existait en Mésopotamie une liberté au sein de la population, des organisations politiques hors du pouvoir royal, comme les assemblées, bien loin du cliché de l’Orient sous l’esclavage d’un roi tout puissant. Roi qui d’ailleurs n’est pas divinisé, mais légitimé par son ascendance royale et le soutien que lui apportent des dieux, en contrepartie d’une certaine conduite morale et d’un rôle de justice. Voilà pour l’aspect socio-politique.

Quant au domaine scientifique, la logique binaire et géométrique des mésopotamiens, dans le cas de la divination et de l’agronomie par exemple, a abouti à une utilisation algébrique et à une véritable connaissance mathématique s’appliquant sur des problèmes concrets. F.Joannès va même jusqu’à leur attribuer les prémices de l’algorithme ! Du moins on ne peut désormais plus nier une véritable science héritée des Mésopotamiens. Des transmissions de ce savoir ne peuvent être que suggérées, tout comme les affiliations entre mythes, de celui de Gilgamesh aux récits d’Homère, ou le déluge, épisode commun avec la Bible.

M.Sartre rappel cependant qu’il faut relativiser l’apport de la Mésopotamie sur notre civilisation, beaucoup des composantes de ces civilisations sont radicalement différentes des nôtres, et nous ne comprenons pas encore entièrement cette société, cette vision du monde.

Mais qu’en est-il du but initial de cette conférence, c’est-à-dire expliquer le retour de ces civilisations au programme scolaire ? L’invité d’honneur, l'iranologue Pierre Briand se dit frustré par l’oubli de l’Iran au rendez-vous de l’histoire, et de l’Empire Achéménide en générale au programme de secondaire. Il juge également l’intitulé du débat trop « européo centré » et politiquement correct, dans un but de « soulager » sa conscience face aux anciennes idées coloniales, lorsque les choses étaient inversées et que c’était aux populations afro-asiatiques de nous être « redevables ».

L’intérêt de cette conférence, autre que didactique, et d’avoir rappelé une règle fondamentale pour la connaissance de chaque civilisation : celle de se méfier de la récupération d’héritages culturels, de l’instrumentalisation des objets historiques à des fins politiques et idéologiques comme cela se fait beaucoup trop, notamment citons le Cylindre de Cyrus, utilisé par le régime des Mollahs pour restituer un passé glorieux.


Katy Perisse.


Entretien avec Brigitte Lion.


- Est-ce votre première participation aux rendez-vous de l'Histoire ?

Non, je suis venue dès la première édition, en 1998, avec Cécile Michel, car nous pensions qu’une telle initiative était appelée à se développer. Nous avons présenté une conférence sur les écritures cunéiformes et l’exposition que nous avons organisée par la suite, qui a été exposée aux 14ème RVH, est, finalement, un développement ultérieur de ces travaux en direction de nos collègues non spécialistes du Proche-Orient et du grand public. C’est là aussi que nous avons eu l’idée d’écrire le nom des gens en cunéiforme, ou de le leur faire écrire, sur des tablettes d’argile. Depuis, nous le faisons systématiquement à toutes les manifestations visant un large public, voire en cours, pas (seulement) pour amuser les auditeurs, mais pour leur montrer très concrètement comment fonctionne le syllabaire utilisé pour noter l’akkadien et les sensibiliser aux gestes des scribes antiques. Enfin, le projet de Francis Joannès pour un Dictionnaire de la Civilisation Mésopotamienne était déjà lancé, mais l’ouvrage n’avait pas encore trouvé d’éditeur ; nous avons donc profité de la présence de multiples éditeurs pour prendre contact avec une dizaine d’entre eux, et nous en avons trouvé un ; le livre est sorti en 2001.

Cécile Michel et moi sommes revenues l’année suivante, le thème des deuxièmes RVH était « les nourritures terrestres ». Nous avons présenté, toujours à deux voix, une conférence sur le banquet du roi assyrien Assurnasirpal II, au IXe s. av. J.-C. Là aussi, il y a eu une suite, notamment le numéro 280 de la revue Dossiers d'Archéologie, Banquets et fêtes au Proche-Orient ancien (février 2003).

En 2004, la SOPHAU (Société des Professeurs d’Histoire Ancienne des Universités) a souhaité envoyer des représentants à Blois ; j’y suis allée à ce titre, avec d’autres collègues. Ces 7èmes Rendez-Vous étaient consacrés à l’histoire des femmes et j’ai fait une communication sur les femmes scribes en Mésopotamie.

Enfin je suis passée à Blois il y a deux ans, aux 12èmes RVH, sur « le corps », juste pour écouter parler les autres.

- Avez-vous assisté à des conférences ? Si oui, lesquelles ?

J’ai suivi le débat de mes collègues de Tours (Catherine Grandjean et François-Olivier Touati) et d’ailleurs (Marc Bompaire, Cécile Bresc) sur « l’Or de L’Orient », celui organisé par la revue Le Monde de la Bible sur « la découverte de l’Orient ancien » (Estelle Villeneuve, Bertrand Lafont), ainsi qu’un atelier destiné aux collègues de l’enseignement secondaire puisque l’Orient est au programme de 6ème. J’ai pu aussi écouter l’interview de Taslima Nasreen. Après un concert franco-chinois, un passage au cinéma et plusieurs expos, je suis rentrée épuisée et très frustrée de n’avoir pas pu entendre et voir tout le reste.

Un regret spécial: j’ai raté Jean-Marie Moine qui chantait des chansons sur l’Orient colonial au buffet de la gare pendant que j’animais un atelier. S’il pouvait en faire une deuxième édition à Tours aux Tanneurs

- Quel est selon vous le rôle des Rendez-vous de Blois dans la transmission de l'Histoire au grand public ?

Le « grand public » est très divers et a des attentes multiples. Le point commun des gens qui viennent à Blois, c’est évidemment leur intérêt, et souvent leur passion, pour l’histoire.

La présence des éditeurs à Blois offre un grand choix de livres, dans tous les domaines ayant rapport à l’histoire, des manuels aux romans historiques en passant par la BD, et donne à chacun l’occasion de faire son marché. Les gens viennent écouter les conférences des auteurs dont ils ont lu les livres, ou qui vont leur donner envie lire ces livres, il y a parfois foule aux stands des éditeurs pour les dédicaces !

Les différents débats permettent de faire des points historiques rapides sur une question que le public peut ainsi soit découvrir, soit approfondir, en allant à l’essentiel et en repartant avec quelques titres bibliographiques pour aller plus loin. Les questions posées par les auditeurs témoignent de leur curiosité et aussi, dans de nombreux cas, d’une très bonne connaissance du sujet abordé et de lectures approfondies.

Je ne sais pas si on peut classer les étudiants dans le « grand public » ? A vous de répondre. L’un des intérêts, pour eux, me semble la possibilité d’entendre parler d’autres personnes que leurs professeurs, ou de rencontrer des gens qui sont pour eux des noms sur une couverture de livre.

En 2004 j’ai rencontré à Blois les Clionautes : là, on sort du grand public puisqu’il s’agit d’une association d’enseignants d’histoire-géographie du secondaire, souvent jeunes (et donc ayant quitté depuis peu les bancs de l’université), qui souhaitent garder un contact étroit avec la recherche même si leur métier est très prenant. Ils partagent plein d’informations par internet, font des comptes rendus d’ouvrages scientifiques et mettent même en ligne des comptes rendus des débats et conférences qu’ils ont suivis aux RVH pour leurs collègues qui n’ont pas pu y venir.

La passion réunit toujours : dans les queues qui se forment pour suivre telle ou telle conférence, les gens qui ne se connaissent absolument pas se mettent à parler d’histoire, à commenter ce qu’ils ont entendu…

L’essentiel, c’est que le public perçoive que l’histoire n’est pas un discours figé que l’on reproduit, mais une discipline qui se construit et se transforme sans cesse. Quand on parle de « recherche » en histoire, cela reste souvent très abstrait pour le grand public. En revanche quand les gens se rendent compte, au cours d’un débat, que ce qu’ils entendent ne correspond plus à ce qu’ils ont appris en classe, qu’il y a des travaux en cours sur tel ou tel sujet, pas nécessairement parce qu’on a découvert de nouvelles archives, mais simplement parce qu’on porte un autre regard sur des sources déjà bien connues, ils comprennent beaucoup mieux ce que signifie « faire de la recherche ». Et j’espère qu’ils reviennent l’année suivante.

- Actuellement, le Proche-Orient, et plus particulièrement l'Irak, est le théâtre de conflits. Quels sont les conséquences de cette guerre sur les fouilles effectuées en Syrie et en Irak ?

En Irak, tout le monde espère que le pire appartient au passé. Les archéologues irakiens ont repris les fouilles, par exemple sur le site d’Ur, qui n’a pas souffert des pillages. Dans le nord, au Kurdistan, où la situation est à peu près stable, il y a depuis quelques années il y a des missions d’une dizaine de pays. En ce moment s’y tient un colloque auquel participent de nombreux collègues de tous les pays. Le drame, ce sont les pillages des sites archéologiques, surtout ceux du sud. On a vu arriver ces dernières années, dans différents pays, dans des collections privées, des milliers de tablettes dont le contexte archéologique est définitivement perdu et détruit. Gardons-nous d’accuser les Irakiens : la corruption se joue toujours à plusieurs et, sans acheteurs (non irakiens, en général), ces pillages n’existeraient pas ; d’ailleurs, la même situation pourrait exister n’importe où, l’appât du gain est sans frontières. Mais les Irakiens perdent là à la fois leur patrimoine archéologique et le potentiel touristique sur lequel ils pourraient compter, après ces années difficiles.

En Syrie, la situation était jusqu’à l’année dernière très favorable aux archéologues, quel que soit le jugement que l’on porte sur le régime en place : l’Iran étant assez peu ouvert aux chercheurs étrangers et l’Irak en guerre, la Syrie et la Turquie voyaient affluer des demandes de permis de fouilles de tous les pays. Les missions étaient très nombreuses, par exemple les archéologues français fouillaient tous les ans à Mari et à Ougarit, deux sites majeurs découverts dans les années 1930, à l’époque du mandat. Les relations avec les collègues syriens étaient très bonnes. Mais en ce moment, toutes les fouilles sont annulées, dans l’attente des évolutions politiques.

- Quant au pillage du musée de Bagdad en 2003, à quel point a-t-il lésé l'assyriologie ?

Il a d’abord lésé les Irakiens de leur patrimoine et de leur rapport à l’histoire de leur pays. À l’heure actuelle, je ne sais même pas si l’inventaire complet de ce qui a été volé a pu être fait : les bureaux du musée ont eux aussi été saccagé et les catalogues des objets ont été détruits, les conservateurs ont un énorme travail à fournir.

De nombreux objets volés sont tout de même répertoriés. Des listes d’objets disparus ont été communiquées à la police et aux services des douanes de tous les pays, qui parviennent parfois à les retrouver et à les rendre aux autorités irakiennes.

Mais les objets sont parfois très difficiles à retrouver. Des lots entiers de sceaux-cylindres ont disparu : il s’agit de petits cachets cylindriques, ornés de dessins, portant parfois aussi le nom du propriétaire, qui servaient aux gens à sceller les tablettes d’argile. Ils ont une grande valeur artistique… et marchande, surtout s’ils sont gravés sur des belles pierres (lapis lazuli, cornaline, cristal de roche). Ils ne mesurent que 2 ou 3 cm et sont donc très faciles à dissimuler. Certaines pièces disparues, comme le masque en cuivre d’un roi d’Akkad, sont tellement précieuses et célèbres qu’elles sont invendables : elles figurent dans tous les manuels d’histoire ou d’histoire de l’art !

Il y a tout de même eu quelques très bonnes surprises: le vase d’Uruk, datant du IVe millénaire et portant des reliefs qui représentent des cérémonies en l’honneur de la déesse Inanna, a été volé, puis rapporté au Musée. Certaines personnes, en voyant les pillages, ont pris chez elles des objets, puis les ont rendus quand la situation est devenue un peu plus calme.

- Dans ce contexte, quel avenir pour l'assyriologie ?

Nos collègues irakiens continuent à travailler avec acharnement. Ceux de Bagdad nous ont dit que, même pendant les bombardements, ils n’avaient presque jamais cessé de faire cours et que les étudiants étaient venus à l’université. Notre collègue de Mossoul, Ali al-Juboori, puisque tout avait été pillé dans son université, a écrit un dictionnaire akkadien-arabe, qui permettra aux générations futures d’avoir une approche directe de la langue akkadienne, sans commencer par les dictionnaires akkadien-allemand et akkadien-anglais, indispensables, mais pas très pratiques pour des débutants.

L’avenir, c’est à la jeunesse de le construire. De nombreux étudiants irakiens en archéologie et en histoire sont actuellement en formation en France et dans d’autres pays, renouant ainsi avec une tradition qui avait été interrompue sous Saddam Hussein. Ce sont eux qui, nous l’espérons, prendront les choses en main dans leur pays dans un avenir proche, et le mèneront à un bon niveau de recherche.

En Syrie, quelle que soit l’évolution politique, les contacts avec l’extérieur n’ont jamais été rompus. Les collaborations internationales avec le service des antiquités se passent bien. Dans ce cas aussi, nombreux sont les étudiants présents en France (et dans bien d’autres pays), qui vont rentrer chez eux avec un bon niveau de formation, en parlant et lisant plusieurs langues, en rapportant des livres… ce sont eux qui formeront les générations futures.

Enfin, les bouleversements technologiques de ces dernières années profitent à tout le monde ; avec une liaison internet, on dispose maintenant de nombreuses ressources en ligne : magnifiques photos de tablettes sur lesquelles on peut travailler, translittérations et traductions des textes avec possibilité de recherches automatiques, articles, livres… et parmi les livres, des dictionnaires (akkadien-anglais, sumérien-anglais) ! Tout cela est très utile pour nous, et plus encore pour des pays qui n’ont pas eu les moyens de constituer de vraies bibliothèques de recherche, qui coûtent très cher.

Merci à Brigitte Lion pour ses réponses et son amabilité.

Entretien réalisé par Katy Perisse et Anaïs Prieto.